Des acteurs de l’industrie immobilière et bancaire craignent qu’une base de données de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) ait contribué à gonfler les prix des habitations, selon des documents confidentiels obtenus par le Globe and Mail.
Le quotidien torontois a obtenu des déclarations dans lesquelles banques, évaluateurs et assureurs évoquent leurs inquiétudes au sujet de la base de données Emili.
Le système permet d’évaluer la valeur d’une propriété en comparant au prix obtenu dans le voisinage, sans envoyer un évaluateur. Créée en 1996, la base de données permettait aux banques d’évaluer à faibles coûts la valeur d’une habitation.
Les intervenants craignent cependant que la marge d’erreur d’Emili soit trop élevée puisqu’elle prend en considération la valeur des propriétés du voisinage plutôt que celle de l’habitation en tant que telle.
En conséquence, les acheteurs risquent de payer trop cher pour une propriété et les banques risquent de voir un actif en garantie qui a une valeur inférieure au prix payé.
« Les prêts assurés par la SCHL sont souvent autorisés sans qu’on prenne en compte la valeur réelle de la propriété sur le marché », écrit l’un des répondants, dont le nom est confidentiel. «Cela représente un risque sérieux d’influencer les données sur le marché immobilier.»
«Ça amène un acheteur à payer trop cher pour une propriété», donne en exemple Rick Sieb, un évaluateur de Vancouver. « Si la maison vaut 300 000 $ et qu’un agent le convainc de payer 330 000 $, il dépasse la valeur de 10%. Emili dira que l’offre est correcte en fonction du profil du quartier. »
« Le prêteur prête toujours l’argent, l’acheteur achète toujours la demeure, ajoute M. Sieb. La seule personne contrariée dans cette transaction est l’acheteur qui a payé trop cher. »
Dans un courriel, la SCHL a défendu le système Emili, qui « prend en compte plusieurs données».