Les Américains ne seraient pas en train de se désendetter, mais plutôt dans une phase de transfert de leurs dettes vers les institutions financières à qui ils abandonnent avec joie leurs maisons et leurs hypothèques.
Selon le Wall Street Journal (WSJ), les Américains sont de plus en plus nombreux à préférer faire défaut sur leurs prêts hypothécaires, laisser leur maison à leur banque et louer un petit appartement plus économique.
Selon le WSJ, le taux de propriété immobilière aux États-Unis est tombé à 67,6% durant le dernier mois de septembre, en chute par rapport au sommer de 69,2% atteint en 2004. Experian et Oliver Wyman, deux firmes américaines spécialisées dans l'analyse du marché immobilier, auraient répertorié près d'un million de ces "défauts stratégiques" en 2009.
L'effet de désendettement observé aux États-Unis ne serait donc pas le résultat du paiement des dettes des Américains, mais plutôt celui de la réduction du fardeau d'endettement des épargnants qui laissent tomber leurs hypothèques.
La Financière Banque Nationale soutenait pour sa part cette semaine que, depuis deux ans, les radiations des créanciers seraient "même supérieures à la baisse cumulée de l'endettement des ménages (...) Jusqu'à maintenant, les ménages américains ne seraient donc pas en train de se serrer la ceinture, mais plutôt de transférer la facture aux institutions financières".
Le WSJ s'inquiète de voir le fardeau d'endettement passer un jour des institutions financières aux contribuables à travers les différents programmes de financement publics. Les propriétaires en défaut ne se débarrasseraient donc pas vraiment du risque en laissant leurs maisons aux banques.
Leurs dettes impayées pourraient revenir les hanter puisqu'ils infligeraient des coûts supplémentaires aux gouvernements. Ces derniers sont responsables de garder en vie plusieurs des institutions financières qui pourraient payer cher l'arrivée d'une nouvelle vague d'hypothèques impayées.
Cette situation pourrait toutefois être bénéfique pour l'économie puisque les consommateurs, libérés de leurs dettes, peuvent recommencer à dépenser puisque leurs finances deviennent beaucoup moins serrées. En effet, 4,8 millions de ménages avaient cessé de payer leurs hypothèques durant les trois derniers mois, selon LPS Applied Analytics.
Selon les experts de LPS, ça représenterait près de 5 G$ en liquidités supplémentaires dans une économie américaine qui a beaucoup de mal à redémarrer.