À Candiac, au sud de Montréal, le groupe Catania vient de vendre un vaste terrain à des investisseurs chinois pour 9,6 millions de dollars, a appris Les Affaires. Les acheteurs veulent profiter du boom immobilier que connaît la région avec l’arrivée de la nouvelle autoroute 30.
Le zonage du terrain de 1,5 million de pieds carrés, soit l’équivalent d’une vingtaine de terrains de soccer, permet le développement résidentiel. Il est très bien situé : à deux pas du croisement entre la 15 et la future 30 et à un jet de pierre de la gare de train de banlieue de Candiac. Les futurs résidants du quartier en devenir pourront s’y rendre à pied.
PLUS : Catania reste en charge
Selon le Registre des entreprises du Québec, Li Bin Sun, le premier actionnaire de l’entreprise à numéros ayant acquis le terrain, est domicilié dans le Shanxi, une province du nord-est de la Chine, tout comme le troisième actionnaire, Baoen Zhang. Le deuxième, Chao Fan, a une adresse à Brossard.
Jointe au téléphone, la secrétaire de l’entreprise, Min Ying Wu, résidente du Québec, précise que les investisseurs qu’elle représente ont fait «quelques transactions» au Québec. Elle a cependant refusé de donner d’autres informations.
Catania a renvoyé nos appels à une firme de relations publiques à l’externe. Après avoir pris note des informations demandées, le responsable n’a pas rappelé Les Affaires. Selon l’acte de vente, le promoteur de Brossard reste responsable de la mise en valeur du site et se réservera une commission sur tous les terrains revendus, une fois le lot subdivisé.
Les investisseurs chinois ont payé le terrain 6,37 $ le pied carré. «C’est dans les prix du marché», dit Gilles Ouellet, consultant en immobilier sur la Rive-sud de Montréal.
L’arrivée de ces nouveaux joueurs dans l’immobilier résidentiel au Québec ne surprend pas Gilles Ouellet. «Les Chinois ont énormément d’argent. Ils cherchent des possibilités d’investissement, dit-il. Catania a des contacts internationaux…»
Pour les Asiatiques, Montréal est une aubaine, estime le consultant. «Ils regardent les possibilités et se disent : les Québécois sont fous! Ils vendent des terrains six dollars le pied carré… C’est à peu près 10 fois moins cher qu’à Vancouver ou à Paris!»
Promoteur controversé
Catania a fait les manchettes à plusieurs reprises ces deux dernières années. Dernièrement, l’émission Enquête a publié des images de la Gendarmerie royale du Canada montrant le fondateur de l’entreprise, Francesco Catania, en compagnie de Nicolo Rizzuto. Sur l’image, le présumé parrain de la mafia montréalaise, assassiné le 10 novembre, enfonce des liasses d’argent dans ses chaussettes.
C’est aussi ce promoteur qui est au cœur du scandale du Faubourg Contrecœur, à Montréal. Pour ce projet immobilier, la Ville de Montréal a vendu un terrain à Catania pour 1,6 million de dollars, alors qu’il avait une valeur de 31 millions au rôle d’évaluation municipale.
En outre, le président du Groupe Catania, Paolo Catania, a comparu en cour en septembre pour répondre d’accusations de menaces, harcèlement et tentative d’extorsion. Le plaignant, Elio Pagliarulo, a cependant décidé de ne pas témoigner.
Il avait pourtant dit au procureur que des hommes de main l’avaient brutalement tabassé en août 2009 en mentionnant une dette de près de 1,4 million de dollars qu’il a envers Paolo Catania.
Questionnée sur le lourd passé de son partenaire, Min Ying Wu, la secrétaire de la compagnie à numéros qui a racheté le terrain de Catania, a d’abord dit que les investisseurs qu’elle représente «n’avaient rien à voir avec l’entreprise».
Puis, elle a admis qu’en fait, le promoteur de Brossard était chargé de la mise en valeur du lot et qu’il allait en tirer de généreuses commissions. «Mais ce n’est qu’un lien d’affaires!» s’est-elle exclamée, avant de raccrocher.