Le développement des magasins-entrepôts et des power centres touche de plein fouet les centres commerciaux, ce qui n'est pas une bonne nouvelle car ceux-ci sont aussi des milieux de vie pour les populations des alentours.
Selon François Des Rosiers, professeur à l'Université Laval, les centres commerciaux d'au moins 500 000 pi2 et d'une centaine de boutiques perdent une partie de leur clientèle dès que cinq magasins entrepôts se regroupent dans une même zone pour former un power centre, près d'une autoroute. S'ils ont le choix, les consommateurs préfèrent les magasins-entrepôts pour l'achat de meubles, d'articles de quincaillerie ou de sport.
" Le déplacement des clientèles des grands centres d'achats vers les power centres est une tendance partout en Amérique du Nord ", résume M. Des Rosiers qui, au départ, voulait savoir où magasinaient les habitants de la région de Québec. Les rues commerciales tiendront le coup si elles misent sur les loisirs, l'alimentation et la restauration, selon ses recherches.
Le drame est que les grands centres commerciaux ne sont pas que des lieux de consommation, explique ce spécialiste des marchés immobiliers. Ils constituent l'armature de " centres-villes secondaires ", avec des immeubles de bureaux et des habitations collectives. " Les Galeries d'Anjou, à Montréal, le Centre Laval et les Galeries de La Capitale, à Québec, ne sont plus isolés en plein champ. Ils sont devenus de véritables pôles de développement, dit-il. À Québec, les Galeries de la Capitale sont l'un des noyaux de développement les plus actifs. Le quartier Lebourgneuf doit beaucoup au centre commercial. " Du coup, affaiblir les centres commerciaux revient à affaiblir d'importants pôles de développement, dit-il.
Des pistes de riposte
Les grands centres commerciaux ont des atouts dans leur jeu. Si leurs promoteurs disposent de réserves de terrain, ils peuvent, à l'instar des Galeries de la Capitale, inviter les magasins entrepôts à venir s'établir dans les environs immédiats. " Une stratégie très intelligente pour leur survie ", juge l'universitaire.
Les gestionnaires des grands centres commerciaux peuvent aussi s'allier aux autorités municipales afin de renforcer les transports en commun pour attirer les masses. Cette stratégie n'est pas à la portée des power centres, souvent situés à proximité d'autoroutes et accessibles surtout en automobile.