Les deux nouveaux propriétaires du Delta Centre-Ville, cet hôtel de 33 étages appelé à devenir une résidence pour étudiants à Montréal, minimisent l’impact de l’enregistrement de leur coentreprise dans un paradis fiscal.
La société privée européenne, Beaumont Partners, a rejeté par courriel notre demande d’entretien sur le sujet. Pour sa part, son partenaire américain, Campus Crest Communities, une société publique inscrite à la Bourse de New York, a surtout cherché à minimiser la portée de cette stratégie fiscale que l'OCDE tente de combattre.
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LesAffaires.com révélait, il y a quelques semaines, que Beaumont Partners, de Genève, et l’américaine Campus Crest Communities ont acheté pour 60 M$US l’hôtel Delta Centre-ville de Montréal par le biais d’une coentreprise, récemment créée, portant le nom de DCV Holdings LP.
Or, selon les renseignements recueillis par LesAffaires.com, DCV Holdings LP a été enregistrée à l’Ile Jersey, une petite île anglo-normande de la Manche, largement considérée comme un paradis fiscal.
Les autorités de l’île résistent aux pressions de l’Union européenne, qui lui demande depuis des années d’échanger automatiquement les informations fiscales sur ses ressortissants y ayant ouvert des comptes bancaires. L’île de moins de 100 000 habitants, située près des côtes fançaises, abriterait pour près de 180 milliard (G) de livres sterling en dépôts, soit plus de 280 G$, selon un rapport récent de l’organisation britannique Tax Justice.
En entrevue avec LesAffaires.com, Ted W. Rollins, le co-fondateur, co-président et chef de la direction de Campus Crest Communities, se montre évasif lorsque questionné sur les raisons pour laquelle la DCV Holdings, qui possède maintenant le Delta Centre-Ville, a été enregistrée sur l’île de la Manche, plutôt qu’au Canada, aux États-Unis ou sur le continent européen.
«J’aimerais vous donner une réponse exacte. Mais comme nous sommes un société publique et que nous ne sommes les seuls impliqués, il a fallu regarder différents aspects pour accommoder les différents investisseurs impliqués.»
Peu importe la raison, la décision de la compagnie d’enregistrer DCV Holdings au milieu de La Manche serait «purement administrative», assure M. Rowlins, et ne risque pas de nuire aux projets de conversion de l’hôtel Delta de Montréal, en résidence pour étudiants.
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«Notre localisation à l’île Jersey n’a rien à voir avec notre société, notre nouvelle propriété (le Delta Centre-Ville) ou le projet que nous lui réservons. Partout où nous allons, nous tentons toujours de trouver un équilibre entre les aspects économiques, environnementaux et sociaux de notre contribution.»
De même manière, poursuit-il, le fait que la coentreprise propriétaire de l’hôtel soit située sur un territoire considéré par un refuge pour l'évasion fiscale ne risque pas d’avoir d’impact négatif «sur la réputation du projet de résidences ou sur celle de la coentreprise au sein de la communauté montréalaise».
«C’est simplement une question de structure administrative sur laquelle nous nous sommes entendues. Rien de plus.»
Sur Wall Street, le 26 juillet 2013, l'action de Campus Crest a clôturé à 11,86 $US, une hausse de 0,05 $US ou de 0,42% par rapport au cours de fermeture de la veille. Depuis le début de 2013, l'action a perdu 0,40 $US ou 3,26%.
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