Si vous croyez que le boom de la copropriété au Québec est dû à l’afflux d’investisseurs étrangers voulant spéculer sur des unités, détrompez-vous. Selon une nouvelle étude de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, cette croyance relève du mythe.
«L’étude démontre qu’en 2010, la proportion d’investisseurs sur le marché était limitée à environ 10 %», dit l’analyste de marché Francis Cortellino. Il a présenté les travaux de la Société (SCHL) à ce sujet lors de la conférence annuelle montréalaise de l'organisme sur les perspectives du marché de l'habitation, le 20 novembre.
Certains secteurs comptaient tout de même un peu plus de copropriétaires investisseurs, comme l’Île-des-Sœurs et Ville-Marie (centre-ville). Au cœur de la métropole, les «investisseurs», qui n’habitaient par leur unité de façon permanente, comptaient effectivement pour 17 % des copropriétaires.
La SCHL a aussi examiné les données du registre foncier pour connaître la proportion d’acheteurs de l’extérieur du Québec parmi ces «investisseurs». Dans la grande région de Montréal, ils étaient peu nombreux : leur adresse était à l’extérieur de la province dans seulement 5 % des cas. Mais dans Ville-Marie, la proportion d’investisseurs non québécois atteignait 24 %.
«Donc, on ne peut pas dire que le marché de la copropriété est rempli d’investisseurs étrangers», dit Francis Cortellino.
L’analyste signale toutefois un biais dans son étude. Dans les cas où l’adresse qu’a fournie l’acheteur est au Québec, rien ne prouve qu’il ne s’agit pas de celle de son représentant local : un avocat, un courtier ou un membre de sa famille. Difficile de dire si cette «tare» modifie les données à la hausse ou à la baisse, puisque dans certains cas, des Québécois résidant ici peuvent aussi avoir donné l’adresse d’une résidence à l’étranger pour leur correspondance.
Les condos plus transigés
Les condos plus transigés
Si les «investisseurs» sont peu nombreux sur le marché montréalais du condo, l’étude de la SCHL démontre que les unités changent plus souvent de mains. «L’an dernier, environ 15 % de tous les condos du Grand Montréal ont été transigés, alors que le chiffre est seulement de 5 % pour les maisons unifamiliales.»
Francis Cortellino explique ce phénomène par le fait que les copropriétés sont l’acquisition privilégiée des premiers acheteurs. «Souvent, ces jeunes ménages commencent à une personne, mais elle se trouve un conjoint, et ils font des enfants…» Rapidement, le nouveau couple doit donc déménager dans une maison unifamiliale, où il restera plus longtemps. «Le condo est un produit plus transitoire.»
Cela dit, le phénomène des reventes très rapides, entre 6 à 12 mois après l’acquisition, est «relativement marginal», dit Francis Cortellino. Elles concernent environ 3 % des transactions de copropriétés, soit à peine plus que pour les unifamiliales.