Un autre hôtel du centre-ville de Montréal, l’Hôtel du Fort, fermera ses portes à la fin du mois pour être transformé en un nouveau complexe de condominiums.
GMI Hospitality, gestionnaire de l’hôtel en activité depuis 21 ans, justifie sa décision par des difficultés financières. «Le secteur de l’hôtellerie fait face à des pressions économiques et nous n’avons pas été épargnés», a expliqué, par voie de communiqué, la présidente de GMI, Lori Polacheck.
L’entreprise à capital fermé a décidé de convertir l’hôtel montréalais, situé au 1 390 rue du Fort, en un nouveau projet d’habitations en copropriété. Un autre... qui s’ajoutera à la kyrielle d’autres projets déjà promis et en cours de réalisation dans le même quadrilatère de l’ouest du centre-ville.
Par la voie de son porte-parole, GMI s’est refusé à toute précision en ce qui a trait au nombre d’unités de condominium prévues, aux montants d’investissement, de même qu’à la catégorie de construction visée.
Parle-t-on, par exemple, de condominium pour premiers acheteurs, ou encore de résidence pour millionnaires? «Impossible de vous en dire d’avantage, s’est excusé le porte-parole, Jonathan Goldbloom. Une annonce sera faite à ces propos dans le prochains mois.»
Vague de fermetures
Cette fermeture, qui entraînera la perte d’emplois pour une cinquantaine de travailleurs syndiqués de l’hôtellerie, constitue la troisième annonce de fermeture d’hôtel au centre-ville de Montréal depuis le début de l’année.
En février, la direction de l’hôtel Maritime Plaza a mis sa menace à exécution et a fermé pour de bon les portes de son établissement, alors enlisé dans un conflit de travail. Cette fermeture a provoqué la perte de 70 emplois et de 214 chambres, au coin des rue Guy et boulevard René-Lévesque Ouest.
Quelques mois plus tard, en juillet, la direction du Delta Centre-ville confirmait la fermeture de leur hôtel de 711chambres, à la suite de la vente de leur édifice de 33 étages. Les acquéreurs, Beaumont Partners et Campus Crest Communities, entendent convertir l’hôtel du Quartier international en résidence pour étudiants.
Au total, les fermetures de ces trois hôtels portent à plus d’un millier (1 049), le nombre de chambres perdues depuis le début de 2013 au centre-ville de Montréal. C’est, ni plus ni moins, que l’équivalent du nombre de chambres qu’aura perdues le centre-ville (1 066) en neuf mois, au cours des cinq années précédentes (de 2008 à 2012).
Un «cycle naturel» pour l'industrie
L’Association des hôtels du Grand Montréal reconnaît le nombre important de fermetures depuis le début de l’année, mais tente de relativiser la situation. «Malgré les apparences, dit sa pdg, Ève Paré, l’industrie hôtelière de Montréal n’est pas malade.»
À ce jour, pour les neuf premiers mois de l’année, les hôteliers ont enregistré un taux d’occupation de 68,5%. Il s’agit d’une amélioration de 1,3%, comparativement au creux de 67,1%, enregistré à pareille date l’année dernière.
Mme Paré soutient que l’industrie souffre d’une série d’éléments, dont la hausse du prix du carburant, la flambée de la valeur du huard par rapport au dollar US, et du «coût plus élevé de faire des affaires au Québec».
Mais ans l’ensemble, elle estime que la vague de fermetures que l’on connaît depuis le début de 2013 doit être perçue comme un «cycle naturel» qui permettra à terme de renouveler le parc hôtelier actuel.
Une embellie à prévoir
Spécialiste de l’industrie hôtelière, Gilles Larivière, président de Horwath HTL, note que ces fermetures ont pour dénominateur commun des édifices qui demandaient des rénovations d’importance dans un contexte où le prix moyen par chambre à Montréal demeure encore inférieur à la moyenne nationale.
Depuis le début de 2013, le tarif moyen d’une chambre à Montréal est passé de 137,59$ à 142,08$ et le revenu moyen par chambre a cru, lui, de 92,36$ à 97,28$.
«C’est mieux, mais pas encore suffisant, dit M. Horwath. On constate qu’avant d’entreprendre des travaux d’importance, les hôteliers évaluent d’autres options à leur disposition (condos ou résidences d’étudiants), souvent jugés plus profitables.»
Ce dernier estime que les fermetures annoncées permettront à l’industrie de l’hôtellerie montréalaise d’accroître son taux d’occupation moyen et sa rentabilité au cours des prochaines années. Devant une performance améliorée, de nouveaux projets pourraient voir le jour.