Le divorce est consommé entre le Fonds de solidarité FTQ et Tony Accurso. L'entreprise de l'homme d'affaires controversé, Simard-Beaudry Construction, vient de vendre les Galeries Laval, un Réno Dépôt attenant et 15 petits lots environnants au Fonds pour un total de 85 millions de dollars.
« C’est une entente finale et globale qui vient mettre un terme à un processus de désinvestissement entamé il y a trois ans à la demande de M. Accurso », dit Josée Lagacé, porte-parole du Fonds. Avec le fruit de la vente, Simard-Beaudry a pu rembourser le prêt de 36 millions qu’il devait toujours au Fonds.
Au rôle d’évaluation foncière de la Ville de Laval, le centre commercial ne vaut que 28,5 millions. Mais l’adresse n’inclut pas les terrains adjacents également acquis par le Fonds. Dans son communiqué, l’institution financière justifie le prix d’acquisition des Galeries. Elle y a inclus les commentaires de l’évaluateur Éric Israël, de Cushman & Wakefield, qui mentionne que « c'est la valeur commerciale de l'édifice et [des] terrains qu'il faut prendre en compte ».
Le prix de 85 millions inclut le remboursement d’un prêt de 21,5 millions au Mouvement Desjardins, cautionné par le Fonds. Il comprend aussi le remboursement d’un prêt de cinq millions à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Les deux institutions financières ont rappelé leurs prêts à l’entrepreneur controversé en décembre. Deux de ses entreprises, Simard-Beaudry et Construction Louisbourg, venaient de plaider coupables à des accusations de fraude fiscale. La Régie du bâtiment a ensuite ouvert une enquête.
Ces événements ont poussé le Fonds à accélérer son divorce de Tony Accurso. « Le Fonds avait consenti une caution de 21,5 millions à Desjardins, qui réclamait son prêt. En ajoutant les cinq millions de la Caisse de dépôt et le 36 millions de prêts que M. Accurso nous remboursait via Simard-Beaudry… Cette position-là, à risque, nous a incités à négocier avec M. Accurso pour accélérer un peu les choses, dit Josée Lagacé. Dans ce contexte-là, c’est nous qui lui avons demandé d’acheter son centre d’achats. »
Parmi les terrains adjacents aux Galeries Laval acquis par le Fonds figure un lot de 33 000 pieds carrés que Tony Accurso avait acheté fin mars pour 2,3 millions. Son avocat, Louis Demers, avait alors déclaré à Les Affaires que l’homme d’affaires comptait y construire un immeuble de bureaux. Mais une source bien placée dans le milieu de l’immobilier commercial prédisait déjà que l’entrepreneur comptait plutôt revendre le terrain au Fonds avec les Galeries Laval. M. Demers, n'a pas rappelé Les Affaires.
« C’est clair qu’on les voulait, ces lots-là », dit Josée Lagacé, questionnée au sujet des terrains environnants. Le dernier terrain qu’a acquis Tony Accurso donne sur le boulevard Saint-Martin, plus achalandé que le boulevard Le Corbusier, où sont situées les Galeries Laval. « On souhaitait avoir le maximum de potentiel de développement. » Les autres lots non développés qu’acquiert le Fonds sont situés à l’est du centre commercial, le long du boulevard de l’Avenir.
Josée Lagacé précise que « les portes restent ouvertes » quant au type de développement à faire sur les terrains. Mais elle précise qu’il y a « plusieurs projets sur la table ». « Il y a des négociations avec des bannières de renom, que je ne nommerai pas, dit-elle. Il y a des projets de développement, de rénovations… »
Les locataires actuels des Galeries Laval incluent notamment Zellers, dont l’américaine Target négocie l’achat des baux de 220 magasins à travers le Canada.
Les Galeries Laval sont situées près de la station de métro Montmorency, du cégep du même nom et du futur campus de l’Université de Montréal.