À peine venait-il d'obtenir des Canadiens le gouvernement majoritaire dont il rêvait, Stephen Harper avait déjà la tête au travail plutôt qu'à la fête.
Dans son court et fade discours devant ses militants à Calgary, il a promis de mettre immédiatement en oeuvre son budget qui avait été défait en mars, afin de stimuler la croissance et créer des emplois.
Maintenant le cap, le chef conservateur a répété son mantra de campagne électorale: toutes ses promesses seront réalisées "sans augmenter les taxes et les impôts".
"Quelle soirée!" s'est-il spontanément exclamé sur scène.
Manifestement heureux sans être arrogant dans son discours de victoire, le chef conservateur s'est engagé à aider les familles et à adopter la dizaine de projets de loi en matière de justice criminelle qu'il avait déjà déposés au Parlement.
"Nous pouvons enfin nous concentrer sur le long terme", a-t-il souligné en référence à sa majorité nouvellement acquise. "Les Canadiens peuvent enfin tourner la page sur l'incertitude".
Car Stephen Harper a gagné son pari de gouvernement majoritaire, sans l'aide du Québec et malgré la menace posée par le Nouveau Parti démocratique (NPD).
Après deux mandats minoritaires, le chef conservateur pourra diriger le pays sans interruption pour les quatre prochaines années, tandis que le NPD formera l'opposition officielle.
"Notre gouvernement va défendre les intérêts de toutes les régions, de tous les Canadiens, y compris de toute la nation québécoise", a-t-il cru bon de préciser, vu sa maigre récolte de sièges au Québec.
Il a d'ailleurs beaucoup été question d'unité et des valeurs canadiennes dans le discours, Stephen Harper se réjouissant peut-être du fait que le Bloc québécois - qu'il a qualifié de "parti séparatiste qui veut briser le pays" tout au long de sa campagne - a pratiquement été rayé de la carte.
"Mes amis, il y a cinq ans nous avons commencé à bâtir un Canada plus libre, plus fort, plus uni et nous allons poursuivre notre travail", a-t-il rappelé.
"Les Québécois et Québécoises ont décidé d'envoyer des fédéralistes à la Chambre des communes et nous allons travailler ensemble pour le mieux-être de notre grand pays", a-t-il ajouté.
Malgré sa déconfiture au Québec, Stephen Harper peut compter sur au moins 24 sièges de plus qu'au moment de la dissolution du Parlement, selon les résultats préliminaires.
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À sa liste de victoires lundi, le chef des conservateurs pourra aussi ajouter la perte du siège du chef libéral Michael Ignatieff, délogé par l'un de ses candidats conservateurs.
Dès l'annonce d'une majorité conservatrice par un réseau de télévision national sur les écrans géants de l'immense salle où étaient réunis plus de 1000 militants conservateurs à Calgary, ceux-ci se sont mis à crier de joie, sautant dans les airs et agitant leurs pancartes aux couleurs du parti.
Des cris de joie ont continué à fuser à tout moment, bien après la confirmation de la majorité. Les partisans ont poursuivi la soirée en se donnant des tapes dans le dos, en se serrant la main et en portant des toasts aux multiples victoires de Stephen Harper.
Au Québec, le Parti conservateur n'a fait élire que six députés, dont le ministre Christian Paradis dans Mégantic_L'Érable et le ministre d'État au développement économique du Québec, Denis Lebel, dans Roberval_Lac-St-Jean.
Mais Stephen Harper pourrait avoir de la difficulté à trouver d'autres députés québécois pour remplir son cabinet et donner aux Québecois le pouvoir au sein du gouvernement qu'il leur a promis en campagne électorale.
Son ministre des Affaires étrangères bien en vue, Lawrence Cannon, a été défait, tout comme son ministre des Anciens combattants Jean-Pierre Blackburn et la ministre Josée Verner. Leurs circonscriptions sont toutes tombées aux mains des néo-démocrates.
Maxime Bernier a été réélu par les Beaucerons, en plus de Steven Blaney
dans Lévis-Bellechasse, Bernard Généreux dans
Montmagny_L'Islet-Kamouraska_Rivière-du-Loup et Jacques Gourde dans Lotbinière.
Avant les élections, les conservateurs détenaient 11 sièges sur 75 au Québec. Incapables d'arrêter la vague orange, ils y encaissent des pertes qui montrent que les positions du Parti conservateur sont loin d'avoir séduit les Québécois.
En fait, la majorité conservatrice a été possible en bonne partie grâce à l'Ontario, une province riche en sièges où les conservateurs espéraient une percée tout au long de la campagne. Ils y ont raflé 73 circonscriptions, dont plusieurs dans la couronne de banlieues entourant de la ville de Toronto où ils avaient déployé d'énormes efforts. Il y ont délogé plusieurs libéraux, notamment à Brampton et à Ajax-Pickering.
Alors que plusieurs prédisaient qu'il ne pouvait séduire l'électorat dans la ville même de Toronto, Stephen Harper a prouvé qu'ils avaient tort, remportant huit sièges dans la métropole ontarienne.
Le Parti conservateur a arraché des sièges aux libéraux dans les provinces de l'Atlantique, mais la population de Terre-Neuve-et-Labrador, de la Nouvelle-Écosse et de l'Île-du Prince-Édouard envoient tout de même la majorité de leurs députés aux Communes sous la bannière rouge du Parti libéral.
Le Nouveau-Brunswick sera par contre presque entièrement peint en bleu conservateur, seulement deux des dix sièges leur ayant échappé.
Dans l'Ouest, Stephen Harper a maintenu sa popularité. Presque tout le Manitoba et la Saskatchewan lui ont donné leur allégeance. La Colombie-Britannique a elle aussi envoyé une majorité de députés conservateurs à Ottawa.
En Alberta, le chef conservateur n'a cependant pas réussi à obtenir le seul siège qui lui manquait.
Stephen Harper avait plaidé tout au long de la campagne qu'un gouvernement majoritaire lui était nécessaire pour poursuivre la relance économique du pays, sans voir ses projets constamment contrecarrés par l'opposition.
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