Le Parti libéral du Québec formera le gouvernement pour les quatre années à venir. Un nouveau budget devrait être déposé au cours des prochaines semaines. À quoi doit s'attendre le milieu des affaires ?
Les nouvelles mesures
1. Intervention pour relancer la construction
Les libéraux ont promis de lancer, dans les 100 jours suivant leur prise du pouvoir, un vaste programme de stimulation de la construction et de la rénovation. Ainsi, tous les travaux dépassant 3 000 $ se verront offrir un crédit d'impôt remboursable de 20 % (jusqu'à un maximum de 2 500 $). La mesure devrait coûter 100 millions de dollars cette année (2014-2015) et 200 M$ l'an prochain.
Le programme prévoit également une augmentation de 7,5 milliards de dollars sur cinq ans des investissements en infrastructures.
2. Majoration de l'aide forestière
Le volet forestier du programme prévoit une hausse de 397 M$ des investissements sur cinq ans. La majorité de l'enveloppe servira à faire plus de travaux sylvicoles pour améliorer la productivité et la compétitivité de la forêt du Québec. La façon dont cette aide sera allouée n'a pas encore été précisée.
3. Augmentation des efforts liés au Plan Nord
Un bureau d'approvisionnement doit être intégré à la Société du Plan Nord pour faire connaître aux entreprises du Québec les besoins en fournitures et en équipements de toutes sortes, ce qui pourra servir à créer un réseau de fournisseurs et d'équipementiers d'envergure mondiale.
Côté financier, le plan prévoit des investissements en infrastructures de 324 M$ sur cinq ans, des dépenses de 300 M$ sur quatre ans (à compter de 2015-2016) et des dépenses fiscales (crédits) de 174 M$ sur trois ans.
Les éléments détaillés des trois enveloppes ne sont pas connus. Le nouveau gouvernement dit cependant vouloir encourager l'approvisionnement en gaz naturel au nord du 49e parallèle (vers Sept-Îles afin de desservir la Côte-Nord), favoriser une entente de co-investissement entre entreprises pour obtenir un chemin de fer qui permettrait de désenclaver la fosse du Labrador. Il entend aussi participer à la réfection du quai long de Port-Cartier.
4. Une stratégie maritime
Grâce au traité de libre-échange avec l'Europe et à l'ALENA, le PLQ estime que l'importance du Québec comme plaque tournante du transport transatlantique sera accrue. Avec le gouvernement fédéral, Québec devrait accroître ses investissements portuaires.
L'objectif est aussi de développer le transport intermodal et le cabotage, de même que de dynamiser les chantiers maritimes québécois.
Le tourisme de croisière est également dans la ligne de mire libérale, grâce à des investissements dans des infrastructures d'accueil et à la mise sur pied du Bureau de l'offre touristique maritime. Ce dernier développera des offres touristiques publiques-privées ou privées.
La stratégie maritime prévoit des investissements en infrastructures de 500 M$ sur cinq ans et des dépenses budgétaires de 214 M$ sur quatre ans (à compter de 2015-2016). L'affectation des sommes reste à établir.
5. Donner de l'élan aux PME
Un ministre délégué aux PME sera nommé.
Le programme Démarrage-Québec prévoit une exemption sur les gains en capitaux pour des investissements dans des entreprises en démarrage liées aux nouvelles technologies.
On prévoit également un crédit d'impôt de 50 % sur les coûts de transport des PME qui s'attaqueront à de nouveaux marchés à l'extérieur du Québec.
Les personnes liées auront accès à une exemption de gain en capital de 750 000 $ lors de la vente d'une PME. L'exemption pour les fermes sera de 1 M$. On prévoit aussi 150 M$ pour soutenir les projets innovants.
Le coût total de ces mesures ne ressort pas clairement du cadre financier.
Les anciennes mesures seront-elles reconduites ?
Pour ce qui touche les annonces pétrolières de l'île d'Anticosti, les libéraux avaient déjà précisé en campagne électorale qu'elles seraient respectées. Pétrolia devrait donc amorcer ses travaux au cours des prochains mois.
Il n'y a pas eu de déclarations précises sur le programme des gazelles, ces 300 entreprises dont Investissement Québec devait accompagner la croissance. L'approche a été critiquée par le PLQ en campagne.
La même incertitude flotte sur la politique économique annoncée par le PQ et le programme d'électrification des transports. La politique comprenait notamment des crédits d'impôt pour stimuler la productivité. Il y a pour plus de 500 M$ de mesures dans l'électrification des transports, dont la moitié est affectée à la construction de la filière électrique.
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Le cadre libéral est-il financièrement viable ?
La question se pose sous deux aspects.
Le vérificateur général avait jugé ambitieuses les mesures de compression prévues au dernier budget. Le plan libéral ajoute des dépenses et nécessite des compressions supérieures à ce qui était prévu pour atteindre les cibles de déficit cette année et l'an prochain.
Le deuxième aspect a trait à l'augmentation des investissements en infrastructures de 7,5 G$ sur cinq ans. Cette mesure a pour effet de faire grimper la dette au-dessus des cibles du dernier budget.
Le plan prévoit l'atteinte de la cible budgétaire de dette en 2018, à condition que la croissance économique soit au rendez-vous. Le budget péquiste prévoyait des revenus autonomes en hausse de 3,9 %, 3,5 % et 3,3 % à compter de 2016. Le cadre libéral a plutôt besoin de hausses de 4,4 %, 4,3 % et 4,3 %.