Après avoir connu un bon début d'année dans un contexte difficile, la Caisse de dépôt et placement du Québec a réagi aux corrections boursières des dernières semaines en se plaçant en mode défensif.
Le mois dernier, l'institution a revu à la baisse "de façon assez importante" ses prévisions économiques pour tenir compte de l'aggravation de la crise des dettes publiques en Europe et aux États-Unis.
"Nous nous attendons à une période relativement longue de croissance très faible", a déclaré vendredi le président et chef de la direction de la Caisse, Michael Sabia, au cours d'une conférence de presse téléphonique.
"Étant donné les changements dans nos prévisions, nous avons fait des ajustements pour repositionner le portefeuille de façon un peu plus défensive, a-t-il précisé. (...) Personne n'est immunisé contre une économie mondiale faible."
La Caisse a notamment réduit son exposition aux marchés boursiers. Au 30 juin, 47 pour cent de son portefeuille était investi dans des actions, contre 48 pour cent en décembre. La "légère" diminution s'est poursuivie au cours des dernières semaines.
M. Sabia n'a pas hésité à montrer du doigt "l'incapacité des gouvernements européens et américain à faire preuve de leadership" pour venir à bout du marasme actuel.
"Ils n'ont pas réussi à convaincre les marchés qu'ils peuvent prendre les décisions qui s'imposent quand il le faut, a-t-il ajouté. Ceci a créé un tout autre niveau d'anxiété dans les marchés, qui se demandent si les gouvernements seront là pour stimuler la reprise si l'économie faiblit de manière importante."
À cet effet, la Caisse prône l'adoption de nouvelles mesures de relance de l'économie si la situation devait se détériorer, quitte à remettre à plus tard le redressement des finances publiques. Après tout, a insisté Michael Sabia, la croissance est la meilleure façon de régler les problèmes d'endettement.
"Il faut vraiment pouvoir faire preuve de pragmatisme et de flexibilité plutôt que de dogmatisme", a renchéri le chef des placements de la Caisse, Roland Lescure.
Mais l'institution ne compte pas trop là-dessus. Selon ses dirigeants, les deux véritables "lueurs d'espoir" pour l'économie mondiale sont la poursuite de la croissance dans les pays émergents et la reprise des investissements des entreprises, lesquelles sont assises sur des milliards de dollars de liquidités.
Résultats
Pendant la première moitié de l'année, la Caisse de dépôt a enregistré un rendement de 3,6 pour cent, soit 0,1 point de moins que celui du "portefeuille de référence" auquel elle se compare.
L'actif net de l'institution atteignait donc 157,9 milliards $ au 30 juin, en hausse de 6,2 milliards $ par rapport au 31 décembre 2010.
Les marchés financiers se sont "graduellement détériorés" au cours de la période, de sorte que ce rendement est le reflet d'"une structure de portefeuille bien alignée avec l'environnement", s'est félicité M. Sabia.
"Je suis satisfait du rendement de la Caisse de dépôt pour le dernier semestre, a commenté le ministre des Finances, Raymond Bachand. Sa performance de premier quartile mérite d'être soulignée."
Le rendement de la Caisse a toutefois été inférieur à celui du portefeuille de référence dans le secteur des actions (rendement de trois pour cent contre 3,6 pour cent pour l'indice) et dans le groupe de l'immobilier et des infrastructures (rendement de 5,3 pour cent contre huit pour cent pour l'indice).
Les placements privés, des investissements dans des titres non cotés en Bourse, sont en bonne partie responsables de la sous-performance du portefeuille d'actions, a expliqué la Caisse.
Dans le segment du revenu fixe, la Caisse a toutefois surpassé l'indice de 0,8 point avec un rendement de 2,9 pour cent.
Au cours de la première moitié de l'année, la proportion du portefeuille d'actions de la Caisse investie dans des entreprises québécoises cotées en Bourse est passée de 16,8 à 19,5 pour cent, a par ailleurs indiqué l'institution vendredi.
Le rendement annuel de l'institution pour les deux dernières années s'élève à 14 pour cent, soit 2,7 points de plus par année que le portefeuille de référence. La Caisse calcule donc que sa valeur ajoutée s'est chiffrée à 6,6 milliards $ en deux ans.
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