Le ministre des Finances, Jim Flaherty, présentera le 6 juin un budget fort semblable à celui qu'il avait déposé il y a trois mois, mais les ajustements mineurs qui y seront ajoutés ne passeront pas inaperçus, comme l'abolition du financement public des partis politiques.
Le budget fédéral du 22 mars dernier avait été immédiatement rejeté par l'opposition, alors majoritaire aux Communes, plongeant ainsi le pays en élections.
Parmi les quelques changements apportés à son dernier énoncé économique, le ministre Flaherty mettra de l'avant des engagements pris par les troupes conservatrices de Stephen Harper pendant la campagne électorale. Et parmi elles: l'abolition des subventions aux partis politiques, un programme qui coûterait chaque année quelque 27 millions $ selon le parti conservateur.
Comme il le promet depuis des années, le Parti conservateur veut mettre fin à ces versements, qui se chiffrent à $2 par vote récolté à un suffrage universel.
Le budget annoncera _ comme le promettait le Parti conservateur dans son programme électoral _que le gouvernement fédéral les éliminera progressivement, sur une période de quatre ans et donc d'ici la prochaine élection.
Cette promesse de longue date des conservateurs a, sans surprise, été mal accueillie par leurs opposants politiques.
Le chef néo-démocrate, Jack Layton, a qualifié la décision d'"antidémocratique". Si un parti ne réussit pas à amasser de l'argent, ses idées ne pourront pas être entendues aussi fortement, a-t-il dénoncé, en plaidant qu'il tenterait de convaincre M. Flaherty de changer d'idée avec le poids de l'opinion publique derrière lui.
Le chef libéral intérimaire, Bob Rae, a lui aussi promis qu'il lutterait avec les autres partis politiques pour s'opposer à la décision des conservateurs, plaidant que ce genre de financement public était "partagé avec beaucoup de systèmes démocratiques à travers le monde".
La dernière fois que les troupes de M. Harper ont tenté de mettre fin à cette subvention annuelle, l'opposition s'était unie pour tenter de renverser son gouvernement minoritaire, le forçant à proroger les travaux parlementaires.
Mais désormais majoritaire, le gouvernement de M. Harper ne risque plus rien en allant de l'avant avec l'idée, même si elle déplaît à ses rivaux politiques dont le financement dépend davantage de ces subventions publiques.
Le nouveau budget fédéral prévoira en outre la compensation de 2,2 milliards $ réclamée par Québec pour l'harmonisation de sa taxe de vente avec la taxe fédérale, qu'Ottawa avait annoncé être prêt à verser pendant la campagne électorale.
Par ailleurs, M. Flaherty a réitéré qu'Ottawa pourrait éliminer son déficit dès 2014-2015, un an plus tôt qu'initialement prévu.
Le ministre a indiqué, en point de presse au Parlement mercredi, espérer que cette nouvelle et dernière phase du Plan d'action économique du fédéral _ le plan de relance adopté par Ottawa en réaction à la crise économique mondiale _ soit adoptée avant la fin de la session parlementaire de juin.
"Il devrait y avoir suffisamment de débat en Chambre, évidemment", a-t-il concédé, en se réjouissant en revanche que son budget va être assuré d'être adopté pour la première fois depuis qu'il a accédé au ministère des Finances, en 2006.
"Il faut diriger le pays et vous ne pouvez pas diriger le pays sans budget", a-t-il cependant argué.
Selon l'horaire parlementaire actuel, les députés reprendront le boulot le 2 juin et devraient quitter le Parlement le 23 juin pour les vacances estivales.
Le budget fédéral déposé fin mars proposait notamment d'améliorer le supplément de revenu garanti pour les aînés les plus pauvres, ainsi que des crédits d'impôts pour les aidants naturels familiaux, pour les programmes artistiques pour enfants, et pour les pompiers volontaires.
L'énoncé économique promettait aussi d'éponger les dettes fédérales pour les médecins et les infirmières qui iraient travailler en milieux ruraux.
Et toutes ces mesures seront présentes dans le nouveau budget, a promis M. Flaherty.