Écologistes et spécialistes des technologies vertes accueillent avec enthousiasme la nouvelle Politique économique du gouvernement Marois.
«Je suis largement satisfait, dit Steven Guilbault, cofondateur d’Équiterre. Toute la stratégie sur l’électrification, c’est très intéressant et très articulé. Je pense que sincèrement, c’est ce que j’ai vu de mieux à date en termes de vision du développement de l’électrification. Il y a du transport en commun, il y a du transport individuel, il y a de la R&D…»
Il aime aussi la stratégie d’utilisation des surplus d’électricité de Québec. «Aujourd’hui, on décide de s’en servir pour favoriser l’électrification, pour tenter d’attirer des entreprises très énergivores qui pollueraient beaucoup plus ailleurs qu’ici, dit-il. Les centres de données par exemple. Ils fonctionnent au charbon ou au gaz naturel aux États-Unis.»
À la grappe de technologies propres Écotech Québec, le pdg Denis Leclerc aime les éléments de la Politique économique qui favorisent l’innovation verte dans les entreprises. «Tous les programmes qui vont permettre aux entreprises d’améliorer leur compétitivité tout en réduisant leur bilan carbone et leur bilan environnemental, ça c’est une très bonne nouvelle, parce que nos entreprises vont être plus compétitives et les innovations du Québec vont être mises à profit pour aider les PME manufacturières.»
Surplus énergétiques dispendieux
Surplus énergétiques dispendieux
Pour le consultant Philippe Dunsky, le plan économique est intéressant, mais il signale un grave problème : les ratés de la politique énergétique québécoise.
«De vouloir utiliser les surplus pour stimuler l’économie est une bonne chose, mais malheureusement, on n’a pas le choix. On est pris avec des surplus – et c’est une très mauvaise chose : ils nous coûtent très chers», dit le spécialiste en énergie, qui conseille entreprises et gouvernements depuis près de vingt ans sur ces questions. «Ces surplus valent 5 G$. Combien les vendra-t-on? Sûrement pas au coût original, de 10 ¢ le kWh.»
Malgré son enthousiasme général, Steven Guilbeault déplore de son côté le peu d’engagements dans le transport en commun. «De ce côté, c’est assez faible, à part le projet de trolleybus sur Saint-Michel» à Montréal, dit-il.
Il sourcille aussi en constatant que le gouvernement continue de vouloir améliorer l’accès du pétrole albertain au Québec et trouver des sources d’or noir dans le Golfe du Saint-Laurent, tout en disant vouloir diminuer sa dépendance aux hydrocarbures.
Avec Jean-François Parent