Bombardé de questions et de critiques vendredi au parlement d'Ottawa à propos de l'annulation éventuelle de l'achat de chasseurs furtifs américains F-35, évoquée dans un quotidien, le gouvernement canadien a choisi de rester sourd, répétant une douzaine de fois la même formule évasive.
Le quotidien conservateur National Post a affirmé vendredi matin qu'Ottawa allait revenir sur son intention d'acheter 65 exemplaires de F-35, en raison de leur coût plus élevé que prévu, ce qu'a aussitôt démenti le porte-parole du Premier ministre, affirmant qu'aucune décision n'était arrêtée.
"Nous sommes déterminés à mener à terme notre plan en sept points dans une démarche exhaustive et transparente pour remplacer la flotte vieillissante des C-18 du Canada. Le gouvernement fera le point publiquement avant la fin des travaux parlementaires" vendredi prochain, a répété à treize reprises Jacques Gourde, le secrétaire parlementaire du ministre des Travaux Publics, à la Chambre des communes.
Il a opposé cette réponse invariable tant aux accusations d'incompétence adressées au gouvernement, qu'aux demandes de démission adressées au ministre de la Défense Peter MacKay et aux attaques contre les conservateurs au pouvoir.
Le plan en question, annoncé en avril dernier, prévoit le réexamen de l'offre américaine et évoque en termes généraux l'étude d'autres "options".
Selon le National Post, le Premier ministre Stephen Harper va renoncer à cette acquisition en raison d'un audit de KPMG, qui doit être publié la semaine prochaine et qui évalue le coût total du programme à plus de 30 milliards de dollars. Certains médias canadiens évoquent même un coût atteignant 40 milliards.
En février dernier déjà, M. Harper avait ouvert la porte à une réduction du nombre de F-35, indiquant qu'il voulait s'en tenir au budget prévu, alors que le prix unitaire de l'appareil augmentait.
Ottawa avait prévu initialement de dépenser 8,5 milliards de dollars pour acheter --sans appel d'offres-- 65 appareils entre 2016 et 2022, 16 milliards en prenant en compte les contrats d'entretien.
Le développement du chasseur furtif américain avait été ralenti par de nombreux problèmes techniques et plusieurs pays clients ont fini par annuler, réduire ou repousser leurs commandes.
En avril dernier, le Vérificateur général du Canada avait reproché au ministère de la Défense de ne pas avoir "établi les coûts complets sur l'ensemble du cycle de vie" de l'avion fabriqué par Lockheed-Martin, coûts qui selon son audit de l'époque pourraient atteindre 25 milliards de dollars.
Le Canada est l'un des neuf pays membres d'un consortium fabriquant l'avion, dirigé par les Etats-Unis et comprenant aussi la Grande-Bretagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Turquie, l'Australie, la Norvège, et le Danemark.
Israël et Singapour participent au programme et le Japon a annoncé qu'il achèterait 42 avions.
Le retrait hypothétique du Canada porterait un coup important au programme, dont le coût est cependant supporté en priorité par les Etats-Unis qui doivent acquérir plus de 2400 appareils.
Le Pentagone n'a pas commenté vendredi les informations en provenance du Canada et son porte-parole George Little a indiqué que le secrétaire à la Défense Leon Panetta n'en avait pas parlé avec son homologue canadien Peter MacKay.