La première ministre Pauline Marois rencontrera jeudi son homologue albertaine pour discuter d'un projet d'oléoduc dont les risques pour l'environnement ont suscité des craintes à Québec récemment.
Mme Marois a déclaré lors d'un point de presse qu'elle demandera des informations supplémentaires à la première ministre Alison Redford, peu après son arrivée à Halifax, en fin d'après-midi.
« La première chose que je veux pouvoir faire, c'est comprendre exactement ce que souhaiterait l'Alberta dans ce cas là plus particulier, poser un certain nombre de questions, a-t-elle dit. Évidemment, mon collègue l'a dit, ça peut avoir des impacts sur notre environnement et donc on est en droit de soulever certaines questions. »
La semaine dernière, le ministre de l'Environnement, Daniel Breton, a annoncé que le Québec souhaite évaluer les risques liés à l'inversion du flux d'un pipeline qui transporterait du pétrole albertain jusqu'à Montréal.
Ottawa a cependant fait savoir cette semaine que ce projet de la société Enbridge relève de sa juridiction, ce qui laissera le dernier mot aux autorités fédérales.
Dans la capitale néo-écossaise, Mme Marois participera à sa première réunion du Conseil de la fédération, un forum institué en 2003 à l'initiative de l'ex-premier ministre Jean Charest et dont elle a déjà souhaité l'abolition.
Tous les premiers ministres des provinces et territoires sont attendus jeudi et vendredi à Halifax pour discuter d'enjeux économiques. Il y aura toutefois un grand absent autour de la table: le premier ministre Stephen Harper, qui a refusé l'invitation de ses vis-à-vis. « C'est étonnant et décevant », a résumé Mme Marois, rappelant que M. Harper est toujours très prompt à répéter que sa priorité est l'économie.
« Il me semble qu'il aurait dû accepter l'invitation des premiers ministres des provinces », a ajouté Mme Marois.
Les chefs des provinces tenteront lors de la réunion d'élaborer un plan économique commun dans une période marquée par une croissance morose et une hausse de l'endettement.
À Québec, avant son départ pour Halifax, Mme Marois a exprimé son intérêt à maintenir de bonnes relations avec les autres provinces parce que « même dans un état indépendant, le Québec aura le reste du Canada comme partenaire principal ».
Reconnaissant qu'elle ne pourra pas aller aussi loin qu'elle le souhaiterait parce qu'elle dirige un gouvernement minoritaire, la première ministre insistera néanmoins sur le changement de garde qui s'est opéré à Québec depuis la défaite des libéraux.
« J'ai toujours eu un ton cordial avec les gens avec lesquels je travaille, a-t-elle dit. La différence fondamentale c'est que je vais rappeler à mes collègues que nous sommes un gouvernement souverainiste qui va défendre les intérêts du Québec bec et ongles. Que nous allons tracer notre chemin en ce sens-là. »
Le porte-parole libéral en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes, le député Pierre Moreau, a exprimé des craintes concernant la participation de Mme Marois à cette rencontre.
« Le danger qui nous guette, c'est précisément d'avoir l'assurance qu'ils vont y aller avec de bonnes intentions, a-t-il dit. C'est-à-dire les intentions de faire valoir les revendications du Québec dans tous les domaines et toutes les questions qui seront abordées par le Conseil de la fédération et non pas qu'on va essayer de faire de la polémique ou encore de la propagande souverainiste. »
M. Moreau, qui est aussi candidat à la succession de M. Charest pour la direction du Parti libéral du Québec, n'est cependant pas allé jusqu'à affirmer que la première ministre pourrait délibérément nuire aux travaux.
« Je pense que Mme Marois aura l'honnêteté de ne pas tenter de saboter les travaux, mal lui en prendrait, très sincèrement », a-t-il dit lors d'une entrevue.
M. Moreau a affirmé que Mme Marois devrait avec ses homologues s'atteler à la tâche afin de renouveler des ententes avec Ottawa pour le financement de projets d'infrastructures.
Si certains participants à la conférence estiment que l'absence du premier ministre Stephen Harper, qui a décliné l'invitation à participer, pourrait nuire aux discussions en matière économique, M. Moreau n'est pas de cet avis.
« Ça n'empêche pas les provinces de faire front commun dans leurs revendications », a-t-il dit.
Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Darrell Dexter, a de son côté affirmé qu'il est difficile pour les provinces de faire des plans sans savoir ce que M. Harper envisage pour le pays dans son ensemble.
Son homologue ontarien Dalton McGuinty a fait valoir que le moment aurait été propice pour tenir un sommet avec le premier ministre Harper dans le but d'élaborer un plan pour stimuler la productivité.
Il espère toujours que les premiers ministres présents puissent réaliser des progrès.