Le président de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, se présente en commission parlementaire, mardi matin, pour défendre sa position devant les députés quant au respect de l'esprit de la loi anti-briseurs de grève, relativement au lock-out décrété il y a deux ans au Journal de Montréal.
La commission parlementaire de deux jours a pour but d'examiner la nécessité de moderniser le Code du travail, quant aux dispositions relatives aux travailleurs de remplacement lors d'un conflit de travail, qu'on surnomme scabs ou briseurs de grève.
La loi anti-briseurs de grève a été adoptée en 1977, donc bien avant les bouleversements engendrés par les nouvelles technologies. A l'heure actuelle, selon la loi, pour être considéré comme un briseur de grève une personne doit effectuer son travail sur les lieux mêmes de l'entreprise en conflit.
Or, des voix de plus en plus nombreuses se font entendre pour dire que la loi est obsolète et devrait élargir la définition d'établissement, compte tenu qu'un journal, grâce à l'informatique, peut désormais être en grande partie produit n'importe où à l'extérieur des murs de l'entreprise.
Les principaux acteurs du monde patronal et des milieux syndicaux défileront mardi et mercredi pour faire valoir leur point de vue.
Le président du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal, Raynald Leblanc, a lancé le débat en disant que si le lock-out servait à provoquer la mise à jour de la loi anti-briseurs de grève, il "aura été utile".
Dans son état actuel, en raison des progrès technologiques, "la loi ne fonctionne pas", a estimé M. Leblanc.
Il a soutenu que la direction de Quebecor avait "planifié de longue date" le projet de décréter un lock-out pour ses 253 travailleurs du journal, et ce, uniquement pour mener à bien "un plan d'affaires".
En après-midi, d'autres voix syndicales seront entendues. Ce sera au tour de la CSN, la FTQ, la CSQ et la Fédération nationale des communications.
Avant les témoignages des intervenants, le député de Mercier, Amir Khadir, de Québec solidaire, a tenté d'obtenir un passe-droit de la commission (dont il n'est pas membre) pour émettre des commentaires sur le sujet, mais sa demande a été refusée à l'unanimité. Il a justifié sa demande par le fait que Le Journal de Montréal est situé dans sa circonscription.
En plus de M. Péladeau, de Quebecor, qui devait témoigner mardi matin, le monde patronal sera quant à lui représenté par le Conseil du patronat et la Fédération des chambres de commerce du Québec.
Les représentants du monde patronal viendront faire valoir que si le législateur modernise le Code du travail il devra s'assurer de maintenir l'équilibre des forces en présence, en assouplissant certaines dispositions, dont celles ayant trait à l'obligation des employés de cotiser à leur syndicat.
Au terme des travaux, les députés de la Commission de l'économie et du travail, issus des différentes formations politiques, décideront s'ils veulent formuler des recommandations au gouvernement.
La ministre du Travail, Lise Thériault, ne participe pas aux travaux de la commission.