Stephen Harper veut voir une entente de libre-échange signée entre le Canada et l'Union européenne avant que les Européens n'avancent dans une négociation semblable avec les Américains.
Le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, en visite à Ottawa, a semblé donner raison à son homologue canadien.
Au cours d'un point de presse, jeudi matin, les deux hommes ont assuré que les négociations entre le Canada et l'Union européenne ont fait des "progrès considérables". Mais il n'y a toujours pas d'entente signée, l'échéance de décembre dernier n'ayant pas été respectée.
Il y a un mois, le président américain Barack Obama annonçait, dans son Discours sur l'état de l'union, le lancement de négociations d'un traité de libre-échange avec l'Union européenne.
"Pour nous, c'est un avantage d'avoir un tel accord avant les États-Unis", a déclaré M. Harper.
"Et je pense que pour les Européens, c'est aussi important d'avoir une réussite en Amérique du Nord avant de vraiment commencer une discussion qui sera, à mon avis, difficile avec les États-Unis", a-t-il ajouté.
Pour sa part, M. Ayrault a dit espérer un accord exemplaire avec le Canada, particulièrement sur la question du respect de la diversité culturelle.
Dans pareil cas, cet accord "ne sera pas sans influence sur le contenu des négociations qui sont engagées entre l'Union Européenne et les États-Unis", a-t-il estimé.
"Nous souhaitons être nous, en avant-garde, exemplaires, pour qu'ensuite, ce que nous aurons fait de meilleur puisse avoir des conséquences positives pour d'autres négociationsà des précurseurs en quelque sorte", a-t-il dit, en parlant des négociations canado-européennes.
De l'aveu du premier ministre français, les "points les plus sensibles" de ces négociations qui sont menées par la Commission européenne portent sur les "échanges équilibrés en matière agricole".
"Vous avez un souci concernant la viande bovine et porcine et nous avons un souci concernant la volaille. On peut rapprocher nos points de vue. C'est ce qu'on appelle un juste échange", a plaidé M. Ayrault.
Il a souligné les questions auxquelles tient particulièrement la France, soit la propriété intellectuelle et la diversité culturelle. Et c'est sur ce dernier point qu'il croit qu'un accord avec le Canada fixerait la barre pour les Américains.
Tout de même, les deux hommes ont été incapables de donner une nouvelle date d'échéance pour la signature de l'éventuelle entente.
"Rien n'est réglé tant que tout n'est pas réglé, a souligné M. Harper. Évidemment, les choses les plus difficiles sont toujours les choses à la fin."