Les Canadiens qui perdent leur emploi ne pourront pas faire la fine bouche lorsqu'il sera le temps d'en trouver un nouveau: ils seront désormais forcés d'accepter des postes moins payants.
Dans certains cas, il seront contraints de se résigner à des emplois dont le salaire ne correspond qu'à 70 pour cent du montant qu'ils touchaient dans leur ancien poste.
Le gouvernement conservateur a précisé jeudi les changements qu'il a l'intention d'apporter à l'assurance-emploi, une initiative annoncée dans le budget fédéral en mars mais dont aucun détail n'avait encore été révélé.
Plus d'éclaircissements ont été fournis sur la définition d'un emploi "convenable" qu'un chômeur sera obligé d'accepter, à défaut de quoi il se verra couper sa prestation d'assurance-emploi.
"Ces changements ne visent pas à forcer les gens à accepter un travail loin de chez-eux ou à assumer un poste qui ne leur convient pas", a voulu rassurer la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, en dévoilant son plan.
Dans les faits, le gouvernement sépare les chômeurs en trois catégories: les travailleurs de longue date, les prestataires occasionnels et les prestataires fréquents qui ont l'habitude d'avoir recours à l'assurance-emploi, comme les travailleurs saisonniers.
Dans le cas des prestataires fréquents, ils devront accepter tout emploi dit "similaire" qui correspond à 80 pour cent de leur salaire horaire précédent. Après six semaines de recherche d'emploi, ils devront se contenter d'un emploi à 70 pour cent de leur ancien salaire.
Le nouveau système sera plus généreux pour les chômeurs occasionnels et les travailleurs de longue date, mais ils devront malgré tout eux aussi accepter des baisses de salaire variant de 10 à 30 pour cent.
Pour être également considéré convenable, le lieu du nouvel emploi devra se trouver à moins d'une heure de voyagement de la maison du travailleur, sauf pour certaines régions.
Selon des hauts-fonctionnaires invités à expliquer la réglementation, moins d'un pour cent des prestataires actuels se verront couper leur chèque d'assurance-emploi selon les nouvelles règles. Ils ont assuré que les modifications, qui devraient entrer en vigueur au début de 2013, n'auront pas un effet à la baisse sur le salaire.
"Le gouvernement devrait faciliter, pas "forcer" les gens à trouver un emploi", a immédiatement déploré l'opposition officielle par la voix de sa porte-parole en matière de finances, Peggy Nash.
Pour la députée néo-démocrate, le gouvernement de Stephen Harper se sert des gens qui ont perdu leur emploi comme de boucs émissaires, en envoyant le message qu'ils sont paresseux et qu'ils ne veulent pas travailler.
Ces changements concentrent également trop de pouvoir entre les mains de la ministre, a soutenu Mme Nash.
C'est que jusqu'à présent, la définition d'emploi convenable était écrite dans la Loi sur l'assurance-emploi. La loi qualifiait notamment d'emploi non convenable les postes aux salaires plus bas et aux conditions moins avantageuses.
Dans sa loi C-38 de mise en oeuvre du budget, le gouvernement conservateur biffe toutes ces sections, pour les remplacer par une réglementation, qui elle, ne fait pas l'objet d'un vote aux Communes. Selon Mme Nash, la ministre pourra changer cette réglementation comme bon lui semble.