La campagne fédérale est à nos portes. Si vous aviez un souhait à formuler en vue de celle-ci, quel serait-il ?
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L'été dernier, quelques jours après la présentation de son premier budget, mon collègue Stéphane Rolland et moi avions une première fois posé la question au ministre des Finances, Carlos Leitao.
À l'époque, celui-ci avait répondu que son souhait était qu'à partir du moment où il atteindrait l'équilibre budgétaire (normalement cette année), le fédéral tenterait de stimuler l'économie canadienne avec ses surplus. Et ce, de deux façons : en abaissant le fardeau fiscal des Canadiens et en investissant davantage dans les infrastructures.
M. Leitao entrait au gouvernement. On lui a reposé la question, lors d'un entretien éditorial, il y a quelques jours.
Il a hésité un peu, en disant que, si la situation était inversée, il ne souhaiterait pas que son vis-à-vis fédéral intervienne dans la campagne. Mais il a quand même formulé deux souhaits, déjà signifiés publiquement, a-t-il dit.
Le premier n'est pas surprenant : que le fédéral investisse davantage en infrastructure, particulièrement en transport en commun. C'est cohérent par rapport au souhait exprimé en juillet dernier.
Le second est plus inattendu : que, dans ses transferts en santé, Ottawa prenne en considération la réalité démographique des provinces. On n'inférerait pas que le ministre des Finances a tourné casaque et qu'il ne veut plus de baisses d'impôt par rapport à juillet. Il a en fait aussi dit qu'au lieu d'une augmentation du plafond du CELI (ce qui est spéculé pour le prochain budget fédéral), il aurait préféré des baisses d'impôt.
On peut cependant avancer qu'une nouvelle préoccupation s'est hissée à la direction économique du gouvernement. M. Leitao n'a pas caché que le gouvernement du Québec cherchait ainsi à obtenir plus d'argent d'Ottawa en santé.
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Les paiements de transfert en santé sont actuellement indexés au rythme de 6 % par année. Toutefois, à compter de 2017-2018, l'indexation sera ramenée à la croissance nominale du PIB canadien (avec une garantie minimale de 3 %). Est-ce parce que le ministre doute que la croissance budgétaire prévue pour la santé dans le cadre financier ne suffise à maintenir la qualité des soins ?
Il peut y avoir de cela. Notons cependant que la discussion en cours entre les provinces sur le sujet remonte à juin 2014, soit avant le dépôt du dernier budget. Le doute pourrait davantage être de type «gestionnaire prudent» que «gestionnaire initié».
Des chances que le souhait du ministre soit exaucé ?
Difficile à dire. Il y a d'un côté le Québec et les Provinces maritimes, dont la démographie est vieillissante. De l'autre, les provinces de l'Ouest où elle est plus jeune. Et au centre, l'Ontario, qui semble un peu pencher vers la position du Québec et de l'Est, mais apparemment n'est pas encore prêt à se commettre.
Il serait étonnant que l'Ouest accepte une pareille proposition, sauf si on lui garantit que le montant d'argent déjà promis ne sera pas diminué. Au départ, le souhait demande donc une augmentation des transferts de la part d'Ottawa. Ce à quoi le gouvernement conservateur opposera presque assurément une fin de non-recevoir. Il avait justement décidé de plafonner ceux-ci en fonction du PIB pour éviter que la santé ne devienne une vis sans fin.
C'est cependant moins clair du côté des libéraux et du NPD.
C'est pour cette raison que le souhait de M. Leitao pourrait bien prochainement amener à l'avant-plan une intéressante discussion. Une population plus vieillissante dans une province pèsera davantage sur ses coûts. Recevoir la même somme par individu sans la moduler selon l'âge instaure une forme d'inégalité et d'injustice dans le financement.
La fédération est-elle capable de s'entendre pour le reconnaître ? Jusqu'où doit aller la solidarité ?
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