Orphelin depuis trois mois, Investissement Québec, le bras financier du gouvernement du Québec, devrait connaître son nouveau patron avant la fin de la présente session parlementaire.
«On aura réglé cela avant Noël, c'est sûr», nous a confié la semaine dernière Jacques Daoust, ministre québécois de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations.
L'ancien pdg de la société d'État, Mario Albert, a été congédié en août, soit un peu plus d'un an après son entrée en fonction, par le gouvernement de Philippe Couillard. Ce départ suivait celui, tout aussi précipité, de son président du conseil d'administration, Jean-Claude Scraire, lui aussi nommé par Pauline Marois, avant sa déconfiture du printemps 2014.
Le 18 novembre, le conseil d'administration d'Investissement Québec, maintenant présidé par Louis Roquet (ex-dirigeant de la SAQ, de Desjardins Capital de risque et de la Ville de Montréal) a recommandé au conseil des ministres une courte liste de candidats retenus pour occuper cette fonction centrale de l'appareil de l'État. Après réflexion, le Conseil des ministres doit normalement faire son choix, puis procéder par la suite, par décret, à la nomination attendue.
En entrevue avec Les Affaires, M. Roquet a refusé d'avancer quelque nom de candidats que ce soit et a démenti illico toute possibilité de reprendre cette fonction qu'il a déjà occupée de 1998 à 2002. «Jamais, a-t-il répondu. Ma femme me divorcerait. [...] Il est temps que quelqu'un d'autre apporte un nouveau souffle.»
Pas le temps d'apprendre
Cela dit, bien que la liste présentée au gouvernement compte plus d'un nom, selon nos informations, l'ancien haut fonctionnaire précise que les professionnels capables d'occuper une telle fonction sont rares.
Selon lui, Investissement Québec est l'une des boîtes parmi les plus «complexes que vous puissiez imaginer dans l'univers financier». De fait, elle a la particularité de travailler autant avec la PME qu'avec la grande entreprise, a pour mandat d'aider les entreprises d'ici autant que celles qu'on aimerait attirer de l'étranger, et profite pour ce faire d'un coffre à outils aussi diversifiés que le prêt, la garantie de prêt et la prise de participation. «Cherchez, dit-il. Des institutions pareilles, il n'en existe pas d'autres.»
Yves Lafrance, vice-président principal aux financements mandataires, à qui a été confié l'intérim après le départ forcé de Mario Albert, pourrait être pressenti, reconnaît le président du conseil, ajoutant toutefois que d'autres dirigeants du milieu de la finance pourraient l'être aussi. «Il [le candidat] pourrait avoir fait autre chose, mais il est clair qu'[il doit provenir] de l'industrie financière.»
Le défi de recrutement est d'autant plus grand, poursuit-il, que le contexte actuel demande que le nouveau président puisse rapidement prendre les rênes de l'organisme. «À cause de la situation économique et de la volonté du gouvernement que ça bouge vite, on ne peut pas aller chercher quelqu'un qui prendra un an pour apprendre son métier. C'était possible dans mon temps. Plus maintenant.»
L'actuel ministre Jacques Daoust a été pdg d'Investissement Québec de 2006 à 2013. Un long mandat qui a pris fin avec l'arrivée de Pauline Marois au pouvoir et qui lui aura permis de bien connaître l'organigramme de la société d'État, ayant lui-même nommé chacun de ses douze vice-présidents. «Comme politicien, on peut s'exprimer avec des mots, a-t-il dit. Mais notre bras financier, lui, peut poser les gestes qu'on attend de lui.»