Les entreprises du Québec profitent de 4 G$ de crédits d’impôt chaque année. Deux milliards sont intouchables parce qu’ils viennent du fédéral. Mais pour les deux milliards que Québec contrôle, s’il n’en tient qu’à la Coalition avenir Québec (CAQ), tout est sur la table.
«Le Québec est la province qui accorde le plus de crédits d’impôt aux entreprises, et de loin. Pourtant, nous ne récoltons pas plus de 12% des investissements privés d’entreprises au Canada pour 23% de la population. Quelque chose ne fonctionne pas», a lancé François Legault, chef de la CAQ, lors d’un discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
À lire, le blogue de François Pouliot: La Silicon Valley de François Legault
Si la CAQ est élue, plus question de subventionner des emplois à 12 ou 15$ de l’heure. « Le revenu moyen des Québécois est de 15% inférieur au reste du Canada. On en a assez de ces emplois (à 12 ou 15$) au Québec ; ce dont nous avons besoin, ce sont des emplois à 20 et 25$ de l’heure.»
Quand on lui a demandé s’il aurait versé les 90M$ offerts à Electrolux, de L’Assomption, par le Tennessee pour garder l’usine au Québec, il a répondu «oui», précisant qu’il aurait d’abord calculé si les salaires payés par Electrolux justifiaient une telle subvention.
«Vous prenez l’écart entre le salaire moyen d’environ 15$ de l’heure et les salaires de 25$ payés par Electrolux, vous calculez combien d’impôts et de taxes cet écart de 10$ va rapporter au gouvernement et vous obtenez l’aide maximale que vous pouvez octroyer à une entreprise», explique M. Legault.
Avec un gouvernement caquiste, le secteur manufacturier et celui des technologies de l’information sortiraient gagnants du réaménagement des crédits d’impôt. Et l’enveloppe allouée aux crédits d’impôt des entreprises gérée par le ministère des Finances serait réduite au profit d’Investissement Québec.
La R-D (800 M$ par année en crédits d’impôt) ne serait pas épargnée par la refonte de la CAQ : «Elle doit servir davantage à l’amélioration de la productivité des entreprises», croit M. Legault.
«Actuellement, les seules dépenses R-D admissibles sont les salaires. On croit qu’il faudrait aussi inclure les achats d’équipement et les brevets. Et il serait plus avantageux d’attribuer des subventions aux projets de R-D sur la base des retombées plutôt que seulement sur la base des coûts engendrés.»
Le «Plan Sud» de la CAQ
Dans son discours, François Legault a abondamment parlé de son Projet Saint-Laurent, le «Plan Sud» de la CAQ. Il est encore impossible de savoir combien coûterait le programme moteur de la prochaine campagne électorale de la CAQ mais M. Legault promet de dévoiler les chiffres dans un livre à paraître en octobre.
Estimant qu’il est gênant pour le Québec de recevoir pour 7,5 G$ de péréquation - «Oui au déficit zéro, mais oui aussi à la péréquation zéro !»
M. Legault subdivise ainsi son Projet Saint-Laurent :
La vallée de l’innovation
Il existe une dizaine de parcs technologiques au Québec et M. Legault voudrait en créer une dizaine d’autres, dont un dans l’Est de Montréal sur les terrains à décontaminer des anciennes raffineries (8 millions de mètres carrés). «C’est dans la vallée du Saint-Laurent – à Québec, à Trois-Rivières et à Montréal – que notre société a pris naissance et je pense que c’est ici qu’on pourra prendre le virage du 21e siècle. Notre premier objectif est de créer à Montréal une zone d’innovation d’envergure internationale et d’attirer plus d’investissements privés.»
Le potentiel maritime
L’autre grand chantier du Projet Saint-Laurent consiste à développer son potentiel maritime. «Alors que le transport maritime représente 90% du transport mondial de marchandise, au Québec nous continuons de surutiliser le transport routier, plus coûteux et plus polluant», explique M. Legault.
Le tourisme Le chef de la CAQ promet aussi, s’il est élu, de faire du Québec, grâce surtout au fleuve, une des destinations touristiques les plus courues dans le monde d’ici 2020.
Les hydrocarbures
Enfin, M. Legault pense que le Québec n’a pas les moyens de ne pas développer ses réserves d’hydrocarbures dans le golfe Saint-Laurent, surtout à Anticosti.