Le gouvernement Charest ne demandera pas au maire de Laval, Gilles Vaillancourt, de se retirer de ses fonctions, le temps que l'enquête policière en cours fasse la lumière sur les allégations de tentative de corruption qui pèsent contre lui.
"L'Assemblée nationale n'est pas un tribunal populaire", a répliqué le premier ministre Jean Charest, mercredi, en Chambre, aux demandes pressantes de la chef péquiste Pauline Marois, qui l'exhortait à faire en sorte que le maire de Laval se retire temporairement de ses fonctions.
Pour appuyer son argumentation, Mme Marois a fait valoir que cette situation contrastait avec celles touchant les maires de Terrebonne et de Mascouche, qui ont tous deux quitté temporairement leur poste, dernièrement, le temps qu'aboutisse une enquête sur des allégations d'irrégularités entourant leurs liens avec des entrepreneurs en construction.
Mais M. Charest n'a pas donné suite à sa requête. Il a cependant indiqué que des deux versions contradictoires défendues la veille par son député de Vimont, Vincent Auclair, et le maire Vaillancourt, d'autre part, c'est celle de son député qu'il croyait véridique.
"Oui, je crois le député de Vimont", a dit le premier ministre.
Mardi, M. Auclair avait déclaré que M. Vaillancourt lui aurait présenté une enveloppe, dans le but de soutenir sa campagne électorale en 2002.
M. Auclair a dit qu'il avait refusé l'enveloppe, sans connaître son contenu, mais en laissant entendre clairement que tout indiquait qu'il s'agissait d'une somme d'argent.
Son témoignage faisait suite à celui de l'ex-ministre péquiste de la Sécurité publique et de la Justice, Serge Ménard, qui lui a affirmé que le maire Vaillancourt lui avait offert une enveloppe qui contenait 10 000 $ comptant pour soutenir sa campagne électorale en 1993.
M. Vaillancourt a nié ces allégations et a expédié une mise en demeure aux deux politiciens de se rétracter.
Sans lui dire de se retirer, le premier ministre a tout de même invité le maire de Laval à "s'interroger sur le fonctionnement" de sa ville.
Il n'est donc pas allé aussi loin que les députés de son caucus de Laval, qui eux demandent aussi que le maire se retire temporairement.
"Évidemment, on est inquiet" de ce qui se passe à Laval, a dit de son côté le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard.
Quant à savoir si M. Vaillancourt devrait se retirer, le ministre Lessard s'en remet au maire pour décider. "Il lui appartient maintenant de décider quelle est sa position là-dedans", a-t-il dit en point de presse.
"On a les yeux à Laval", a ajouté M. Lessard.