Dans le cadre de la campagne électorale fédérale, Finance et Investissement donne le micro aux principaux partis politiques canadiens. L'auteur de ces lignes s'est entretenu avec le représentant du Parti conservateur, Ted Menzies, ministre d'État (finances) depuis janvier 2011 et candidat dans la circonscription de Macleod en Alberta.
Finance et Investissement : Votre parti propose-t-il une ou des mesures qui favoriseront le développement de l'industrie des services financiers au Canada?
Ted Menzies : Nous allons nous assurer que l'industrie financière demeure forte et dynamique et que la réglementation en ce sens reste.
Nous allons continuer de nous assurer que les problèmes avec le marché immobilier américain qui ont affecté les banques des États-Unis ne touchent pas le Canada. Déjà, nous avons réduit la durée maximale de prêt hypothécaire de 35 à 30 ans et nous nous sommes assurés que le montant maximal de refinancement hypothécaire est de seulement 85 %. Si les gens ont des problèmes avec leur hypothèque, ils rebondiront sur les banques.
La santé du système financier canadien vient de sa stabilité. Nous avons travaillé avec les pays du G7 et le G20 pour nous assurer que la stabilité du système financier mondial. Ainsi, avec nos partenaires du G20, nous implantons des règles qui favorisent la stabilité de nos banques. Nous voulons qu'elles aient les mêmes règles internationales que les autres banques.
FI : Êtes-vous en faveur de l'adoption d'une commission unique de valeurs mobilières au pays?
TM : Nous pensons qu'un régulateur national est la bonne chose, mais si la Cour suprême rendait un jugement contre nous, nous ne combattrions pas la Cour.
Depuis plusieurs années, des entreprises étrangères nous approchent et nous demandent pourquoi nous n'avons pas un régulateur unique à travers le pays. Ces compagnies nous ont dit : « J'aimerais démarrer une entreprise au Canada et opérer dans toutes les juridictions. » Elles ont à payer des frais d'application dans 13 juridictions. Elles ont des formulaires à remplir séparément dans chacune des juridictions. J'ai parlé à des compagnies qui m'ont dit : « Je ne suis pas venu parce qu'au Canada, vous êtes le seul pays du monde industrialisé qui n'a pas un régulateur unique. »
Cela étant, nous n'essayons pas de réduire les règles. Nous n'essayons pas d'ajouter du risque à l'investissement. Nous essayons plutôt de renforcer l'investissement. Plusieurs experts ont soutenu que si nous avions eu un régulateur national, on n'aurait jamais dû composer avec les dossiers de fraudes à la Earl Jones ou avec les déboires occasionnés par le papier commercial adossé à des actifs non bancaire. Un régulateur aurait pu lever un drapeau par rapport à ces actifs. De plus, nous n'avons pas de lois adéquates pour poursuivre les Earl Jones de ce monde parce que nous avons 13 juridictions différentes.
FI : Quelle est votre position concernant le projet de fusion des Bourses de Toronto et de Londres?
TM : Les représentants d'Industrie Canada doivent déterminer si cette transaction potentielle satisfait aux conditions requises en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Entre-temps, les provinces révisent la transaction, mais il serait inapproprié pour moi de commenter davantage.
FI : L'épargne des Canadiens est à un niveau historiquement bas. Croyez-vous que le gouvernement devrait stimuler l'épargne? Si oui, quelles mesures envisagez-vous?
TM : En raison de la juridiction partagée concernant le revenu de retraite, nous travaillons avec les provinces, dont le Québec, afin de créer un nouveau régime de retraite collectif à faible coût. Ce sera utile pour que les gens qui n'ont pas accès à un régime de retraite privé, ou les travailleurs autonomes, puissent cotiser à un régime de retraite à faible coût. Plusieurs assureurs et banques souhaitent participer à cette mesure.
De plus, pour ce qui est du compte d'épargne libre d'impôt, nous allons doubler le montant que les Canadiens peuvent épargner chaque année, en le portant à 10 000 $. Cette mesure sera prise quand le budget sera équilibré, ce qui devrait se produire durant l'année financière 2014-2015. Pour ce faire, nous ne remplacerons pas tous les fonctionnaires qui prendront leur retraite. Nous allons réduire la taille de l'état tout en le rendant plus efficace.
FI : Que comptez-vous faire pour améliorer le niveau de littératie financière des Canadiens?
TM : Nous nommerons très prochainement un commissaire national de la littératie financière qui travaillera pour l'Agence de la consommation en matière financière du Canada, pour coordonner un plan d'action.
Nous devons enseigner aux jeunes les risques et les responsabilités relatifs au crédit, aux cartes de crédit, aux hypothèques, comment gérer les dépenses journalières et planifier leur retraite. Nous travaillerons avec les provinces afin d'insérer le tout dans le système d'éducation. Par exemple, plusieurs ne comprennent pas ce qu'est l'intérêt composé et ses conséquences, et nous allons nous assurer que cela ne manquera pas à leur éducation.
Nous allons aussi nous assurer que les institutions financières fournissent de l'information claire et concise par rapport aux contrats qu'elles font signer et à ses subtilités.