L'économie promet d'être un sujet dont on débattra amplement pendant la campagne électorale, étant donné le pedigree des candidats qui se sont récemment lancés dans la course. C'est une bonne chose, car les enjeux sont nombreux. Pour en prendre la mesure, nous avons demandé à des entrepreneurs issus des quatre coins du Québec, de préciser ce dont leur région a le plus besoin sur le plan économique. Le prochain gouvernement est mieux d'avoir une équipe forte en économie, car les attentes sont élevées.
ABITIBI-TÉMISCAMINGUE
Penser comme un entrepreneur
- Alain Laplante, vice-président et chef de la direction financière de Forage Orbit Garant
«Maintenant que le Québec a une loi sur les mines, l'Abitibi-Témiscamingue respire mieux. La loi réduit l'incertitude. Les minières et les investisseurs savent maintenant à quoi s'en tenir. Mais le prochain gouvernement pourrait faire encore mieux s'il fixait des échéanciers aux processus prévus par la loi [permis, autorisations, etc.] et qu'il faudrait respecter pour avoir le droit d'opérer, croit Alain Laplante. La lenteur administrative augmente l'incertitude, les délais, les coûts. L'État québécois devrait aussi apprendre à penser comme un entrepreneur : celui-ci, pour survivre, a toujours deux choix : augmenter ses prix ou réduire ses coûts. Quand tout va bien, il peut augmenter ses prix. Mais il y a des limites à faire cela. Et quand l'économie va mal, il doit réduire ses coûts. Cela veut parfois dire de prendre des décisions difficiles. Chez nous, on est passés de 1 100 employés à 500 l'an dernier. L'État doit être capable lui aussi de prendre des décisions difficiles mais responsables, au lieu de constamment vouloir ménager la chèvre et le chou.» Suzanne Dansereau
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BAS-SAINT-LAURENT
Rapatrier les jeunes
- Stéphane April, pdg de Batitech
«La main-d'oeuvre qualifiée disponible et les frais de transport sont des enjeux importants. Nos industries ont besoin de travailleurs qualifiés pour trouver des créneaux particuliers dans leurs marchés, se développer et exporter leurs produits. Malgré la présence d'une main-d'oeuvre de qualité dans la région, il est difficile d'obtenir du personnel spécialisé, puisque nous sommes encore victimes de l'exode de nos jeunes vers les grands centres. Ils quittent la région pour étudier, et souvent, ils ne reviennent pas, créant ainsi une pénurie de travailleurs spécialisés. Il faut trouver le moyen de rapatrier nos gens en région, car ceux-ci aideront l'industrie présente, ou participeront au démarrage d'entreprises et créeront des emplois. Il faut aussi une aide financière aux entreprises pour les aider à pallier les coûts élevés liés au transport des marchandises d'exploitation et des produits finis. Comme nous sommes loin des agglomérations et des ports de mer, cela complique la distribution et l'exportation des produits. Souvent, on doit acheter du matériel dans les grands centres, le transformer et le retourner là-bas pour le vendre, ce qui devient très coûteux. Comme il n'y a plus de subvention pour aider à contrer ces frais de transport, il faudrait trouver un moyen financier pour compenser.» Pierre Théroux
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CAPITALE-NATIONALE
Morceler les contrats en TI
- Joé Bussière, président de Libéo et de Cinoche.com
En tant qu'entrepreneur en TI, Joé Bussière attend du prochain gouvernement qu'il laisse aux PME de meilleures possibilités d'accéder aux contrats de ses ministères et d'organismes. «Les contrats sont donnés en trop gros morceaux et il faudrait les découper en plusieurs petits projets. Ce serait mieux géré, on éviterait les éléphants blancs et il y aurait plus de concurrence, car peu de firmes ont la force de travail pour pouvoir gérer les gros projets», remarque celui qui a été nommé Jeune personnalité d'affaires 2013 de la Jeune Chambre de commerce de Québec dans la catégorie «Technologie et recherche». M. Bussière espère également que, dans son secteur d'activité, les délais de traitement des Crédits d'impôt pour le développement des affaires électroniques soient raccourcis. «C'est supposé aider à l'innovation et ça prend deux ans voir la couleur de l'argent ; c'est affreux !» déplore-t-il, en ajoutant qu'il faudrait aussi prévoir de l'aide à la commercialisation et à l'exportation. «On est bons pour stimuler l'innovation au Québec en général, mais pour la commercialisation, on est en retard par rapport à ce qui se fait chez nos voisins du Sud.» Valérie Lesage
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CENTRE-DU-QUÉBEC
Des fonctionnaires plus accomodants
- Richard Bourdeau, président de Sixpro et directeur général d'Aéronergie
«Il faut que les différents ministères, surtout ceux qui ont une vocation économique, aident davantage les entrepreneurs de la région. Malheureusement, des fonctionnaires ne sont pas toujours accommodants lorsqu'un entrepreneur doit se familiariser avec une nouvelle loi ou un nouveau règlement. On est plutôt dans la logique : "Toi, mon Joe, c'est la loi, débrouille-toi !" Parfois cependant, on découvre par hasard que des fonctionnaires avaient de l'information pertinente pour nous, et qu'ils auraient pu tout simplement la partager s'ils avaient été plus sensibles à notre réalité et à nos besoins. Mais non : il faut découvrir cette information par nous-mêmes ! On ne demande pas aux fonctionnaires d'être complaisants envers les entrepreneurs. Ils devraient simplement nous aider davantage et arrêter de nous considérer comme des gens qui veulent abuser du système. C'est souvent l'impression que j'ai lorsque je suis en contact avec certains ministères...» François Normand
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CHAUDIÈRE-APPALACHES
Réanimer le Nord
- Gilbert Trudeau, président de RCM Modulaire
Depuis six mois, le chiffre d'affaires de RCM Modulaire, entreprise beauceronne qui fabrique des habitations modulaires, a chuté de 75 % au Québec. Et depuis 2012, au sommet de son succès, elle a dû mettre à pied près de 200 employés. «Quand il y avait le Plan Nord, c'était superbe dans notre secteur d'activité pour le développement économique. On était très occupés. Est-ce la conjoncture mondiale ou les politiques gouvernementales, je ne sais pas, mais j'espère du prochain gouvernement qu'il réanime le développement du Nord», dit le président, Gilbert Trudeau. L'entrepreneur cherche à augmenter ses activités dans l'Ouest canadien pour compenser les pertes québécoises. Mais il voudrait aussi travailler dans sa province et y créer des emplois. Aussi, il attend du prochain gouvernement un plan d'action économique rassurant pour stimuler les investissements et la consommation. «Je ne veux pas parler de la Charte. La prospérité, les jobs : c'est ça qui est prioritaire. Il faut créer de la richesse pour payer nos programmes sociaux, c'est la base. Mais des fois, on dirait qu'on crée des programmes pour s'endetter», déplore-t-il. Valérie Lesage
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CÔTE-NORD
Accroître la capacité ferroviaire et favoriser l'arrivée du gaz naturel
- Serge Langis, propriétaire, Metal 7 et CNS
«Si les politiciens faisaient moins de politique et plus de gestion, tout le monde s'en porterait mieux. Ils préfèrent parler de burka au lieu de s'intéresser aux vraies affaires, comme notre économie qui est en train de s'écrouler, juge Serge Langis. Sur la Côte-Nord comme ailleurs, trop d'argent est gaspillé dans la bureaucratie et pas assez dans les services. À Sept-Îles, nous perdons des médecins spécialistes et des infirmières diplômées parce que le gouvernement a mis la hache dans les services au lieu de couper dans l'administration de la santé. Cela n'a pas de sens. Je déplore aussi "la distribution des promesses" faites à la pièce en campagne électorale sans vision d'ensemble. Sur la Côte-Nord, on promet des bouts de route 138 [entre Baie-Comeau et Sept-Îles], alors qu'il faudrait la refaire au complet avec des zones de voies élargies. En affaires, on planifie, on se fixe des objectifs et on se donne les moyens pour les atteindre. Le gouvernement pourrait faire pareil. Deux dossiers sont prioritaires pour la Côte-Nord : augmenter la capacité de transport ferroviaire entre Sept-Îles et Schefferville, où plusieurs projets miniers sont en attente ou en dormance, et stimuler l'arrivée du gaz naturel dans la région, qui serait plus économique non seulement pour les entreprises, surtout celles qui font de la transformation, mais aussi pour la population.» Suzanne Dansereau
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ESTRIE
Soutenir les créneaux d'excellence Accord
- Gilles Pansera, président du CA et chef de la direction de Bestar et président du Groupe SFR
«Même si le secteur manufacturier a connu une baisse au cours des dernières années, il reste un facteur important de notre économie. En Estrie, l'emploi manufacturier se situe au-dessus de la moyenne provinciale, soit 18 % comparativement à 12 % dans l'ensemble du Québec. Pour soutenir cette activité, le prochain gouvernement devrait poursuivre les efforts déployés au cours des 10 dernières années autour de nos créneaux d'excellence Accord Estrie, soit les bio-industries environnementales, la biotech santé, les élastomères, la transformation du bois d'apparence et composites, les technologies de l'information et le transport terrestre. Pour permettre à ces activités de performer, il faudra intensifier l'action autour des éléments suivants : améliorer la productivité ; stimuler l'innovation ; favoriser l'arrimage entre les centres universitaires, collégiaux et les PME ; simplifier l'accessibilité au capital de risque local et à l'aide provenant des gouvernements ; favoriser la formation et l'adaptation de la main-d'oeuvre aux nouvelles technologies ; recruter de la main-d'oeuvre externe pour compenser la décroissance de la population active.» Pierre Théroux
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GASPÉSIE-ÎLES-DE-LA-MADELEINE
Prioriser les infrastructures de transport
- Marjolaine Castonguay, pdg de Pesca Environnement
«Le gouvernement doit investir ou favoriser les investissements dans les infrastructures de transport en Gaspésie, et ce, aussi bien pour les personnes que pour les marchandises. Pour faire des affaires de manière efficace, il faut de meilleures routes, de meilleurs ports, sans parler d'un réseau ferroviaire à point. Par exemple, de plus grands ports pourraient inciter des entreprises locales à utiliser ce type de moyen de transport pour expédier leurs marchandises à leurs clients à l'extérieur de la région. Les aéroports en Gaspésie sont aussi des infrastructures stratégiques, notamment pour le déplacement des personnes, qu'il ne faut pas négliger. Par ailleurs, de bonnes infrastructures de télécommunications sont également très importantes pour les entreprises d'ici afin de transférer des données. Par exemple, Pesca est une firme de consultants. Nous devons donc transférer régulièrement des données à nos clients au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick, sans parler des vidéoconférences que nous avons avec eux. Il nous faut donc le meilleur réseau Internet possible. L'état des infrastructures en Gaspésie n'a jamais nui à notre développement. Par contre, nous pourrions avoir une croissance plus forte si elles étaient de meilleure qualité.» François Normand
LANAUDIÈRE
Plus de concertation entre les municipalités
- Claudine Harnois, vice-présidente, ressources humaines et communications, de Harnois Groupe pétrolier
«Si le futur gouvernement voulait faire quelque chose pour dynamiser l'économie de la région, il favoriserait une plus grande concertation entre les municipalités, croit Claudine Harnois. Il y a encore trois municipalités ici : Joliette, Saint-Charles-Borromée et Notre-Dame-des-Prairies. Si les trois se mettaient ensemble pour développer une stratégie commune afin d'attirer des entreprises, ce serait bien plus efficace. Je ne dis pas que le gouvernement devrait forcer la fusion - je ne sais pas s'il a le pouvoir de le faire -, mais il devrait certainement susciter les discussions entre ces municipalités. Une meilleure concertation ne serait pas bonne seulement pour les affaires, mais pour la culture et les loisirs aussi. Il faudrait aussi que le gouvernement investisse davantage en santé. C'est difficile pour les entreprises de la région de recruter à l'extérieur quand [les candidats] ne savent pas s'ils pourront trouver un médecin de famille. Enfin, il faudrait un centre de congrès dans la région de Joliette.» Dominique Froment
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LAURENTIDES
Attirer des usines et préserver le territoire
- Christian Verronneau, pdg de Multinautic International
«La région des Laurentides, on le sait, comporte de nombreux atouts dont profitent les villégiateurs. Malheureusement, son économie surtout touristique procure des emplois saisonniers et aux revenus souvent modestes, déplore Christian Verronneau. L'implantation dans la région d'entreprises manufacturières, ou appartenant à des secteurs comme le génie et les technologies, aiderait la région, surtout pendant les mois où l'activité touristique est à son plus bas (au printemps et à l'automne). Autre préoccupation : l'impérieuse nécessité de planifier et d'encadrer plus efficacement le développement de la région afin de préserver nos paysages et ce qui nous reste de territoires encore inexploités. Nos montagnes et nos collines, nos pistes de vélo de montagne et de ski de fond, sont des trésors qu'il nous faut préserver comme la prunelle de nos yeux. Quitte, s'il le faut, à ce que les gouvernements aient le courage de s'approprier certaines parcelles de territoire. Central Park ne serait pas le joyau d'aujourd'hui à Manhattan si des élus n'avaient pas décidé un jour de prendre les moyens d'en faire le parc qu'il est devenu. La même chose doit être faite ici, dans les Laurentides.» Martin Jolicoeur
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LAVAL
Investir dans les transports
- Marc-André Bovet, pdg de BONE Structure
Marc-André Bovet, qui siège au conseil d'administration de la Chambre de commerce de Laval, est un Montréalais qui a choisi d'établir son entreprise à Laval. Selon lui, l'image de marque de la communauté métropolitaine de Montréal, dont Laval fait partie, devrait être moussée à l'international. «Il faut être cohérent dans notre discours et que les débats de paroisse, on les ait entre nous. Il faudrait qu'on soit davantage reconnu pour notre capacité d'innover à l'international.» Marc André Bovet estime également qu'il faudrait que le gouvernement investisse dans les transports, un enjeu qui, selon lui, concerne autant Montréal que Laval. «Les grandes artères de transport ont conduit les entreprises à s'installer à Laval ; mais maintenant, il nous faut un système de transport plus fluide. Il faut que le gouvernement planifie à long terme plutôt que de régler les problèmes au cas par cas.» Julien Brault
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MAURICIE
Miser sur l'économie du savoir
- Alain Lemieux, pdg d'Epsilia
La fermeture de l'usine de Rio Tinto Alcan à Shawinigan, celle de la centrale nucléaire Gentilly dans la région voisine et les mises à pied dans le secteur des pâtes et papiers ont fait de l'emploi un enjeu incontournable en Mauricie. Tous ne s'entendent toutefois pas sur le moyen d'y parvenir. Selon Alain Lemieux, l'ère des emplois abondants et bien rémunérés dans les ressources naturelles est bel et bien terminée. Par conséquent, il considère que le gouvernement devrait miser sur l'économie du savoir pour créer des emplois en Mauricie. «En Mauricie, les gens veulent se positionner dans l'économie du savoir, car ils savent que la forêt et les rivières ne suffisent plus à garantir des emplois bien rémunérés.» Pour ce faire, l'entrepreneur invite le gouvernement à soutenir les entrepreneurs plutôt que de créer des emplois dans des secteurs qui ne survivraient pas sans subvention. Julien Brault
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MONTÉRÉGIE
Investir dans les transports en commun
- Stéphane Élie, président de Symbiose Centre Contact Client
«Le gouvernement devrait investir dans de meilleures infrastructures de transport en commun. Cela aiderait les employés des entreprises de la Montérégie à se rendre plus facilement à leur travail, surtout pour ceux qui n'ont pas de voiture. J'ai pris la décision d'installer mon entreprise à Longueuil, car la concurrence y est beaucoup moins vive qu'à Montréal entre les entreprises relativement à la main-d'oeuvre. C'est donc plus facile de fidéliser nos employés, même si on doit quand même accorder certains avantages. Par contre, le déplacement de nos employés résidant sur la Rive-Sud (80 % du personnel) est problématique, surtout ceux qui habitent dans des villes périphériques à Longueuil, comme Boucherville, Saint-Hubert ou Saint-Basile-le-Grand. C'est un désavantage pour les entreprises de la Montérégie. Autre désavantage touchant nos PME et celles des autres régions du Québec : la fiscalité. Cette dernière devrait être progressive pour les PME. Ainsi, quand une entreprise réalise de faibles bénéfices, ses profits devraient être imposés à un taux plus faible que les PME qui enregistrent de plus grandes marges bénéficiaires. Cela permettrait à de petites entreprises en démarrage de respirer un peu plus dans leurs premières années d'existence.» François Normand
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MONTRÉAL
Traiter la métropole comme telle
- Elliot Lifson, vice-président du CA de Vêtements Peerless
«Montréal est une métropole et doit être traitée comme telle par le gouvernement du Québec, c'est-à-dire lui accorder tous les fonds et les pouvoirs qui lui reviennent et qui lui permettraient de mieux rayonner, de croître, au lieu de stagner, et de jouer pleinement son rôle de locomotive pour l'ensemble de l'économie du Québec. Les technologies de l'information demeurent importantes pour Montréal. D'autres secteurs de pointe comme l'aéronautique et la recherche médicale également. Mais nul ne devrait sous-estimer l'importance qu'occupe toujours le secteur manufacturier traditionnel dans l'économie montréalaise. Qui se doute, par exemple, que l'industrie du vêtement à elle seule fait vivre 40 000 personnes dans la région de Montréal ? D'où l'importance d'accorder à Montréal et à l'ensemble des industries qui la font vibrer tout le soutien nécessaire (formation, innovation, modernisation des outils de production, etc.) afin de leur permettre de continuer de se démarquer pour des années à venir. Voilà ce qu'il faudrait faire pour ces entreprises, pour Montréal et pour le Québec dans son ensemble.» Martin Jolicoeur
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NORD-DU-QUÉBEC
Des leviers fiscaux pour attirer la main-d'oeuvre
- Frédéric Verreault, porte-parole de Chantiers Chibougamau
«Le défi d'attraction et de rétention de travailleurs dans le Nord québécois est de plus en plus grand. Dans les secteurs "non miniers", que ce soit dans la forêt ou les entreprises de services, on a du mal à concurrencer les mines sur le plan des salaires. Pourtant, nos entreprises favorisent l'établissement et l'occupation dynamique du territoire à très long terme. Des leviers fiscaux sont déjà en place pour encourager les ménages à s'établir dans le Nord québécois. Il faut les bonifier afin de traduire la réalité contemporaine du coût de la vie dans le Nord, les perspectives d'emploi et les coûts d'exploitation des entreprises qui s'y trouvent. Dans l'industrie forestière, qui est mon secteur, le gouvernement devrait revoir son approche par rapport à l'attribution et à la tarification du bois. Au lieu de se contenter de maximiser la redevance qu'il reçoit pour chaque mètre cube de bois, il pourrait aussi miser sur l'optimisation du bois et sa transformation. Ainsi, on aborderait le bois comme on aborde l'électricité au Québec : c'est-à-dire comme d'un outil pour attirer les investissements et la création de valeur ici.» Suzanne Dansereau
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OUTAOUAIS
Une nouvelle mouture de FIER
- Martin Lacasse, propriétaire de deux Rona l'Entrepôt et d'une cour à bois Rona Rénovateur, et président de l'Association des marchands Rona du Canada
«Le gouvernement actuel ne fait qu'annoncer de nouveaux programmes sociaux ; ce n'est pas de cette façon qu'on crée de la richesse, croit Martin Lacasse. On crée de la richesse en stimulant la création et la croissance des entreprises, pas en mettant plus d'argent dans les infrastructures. Les CLD [centres locaux de développement] n'ont pas d'argent pour les entrepreneurs. Il n'y a pas d'argent pour les investisseurs de type anges financiers. On avait les FIER [Fonds d'intervention économique régional], mais ils sont tous en train de désinvestir. Il faudrait une nouvelle mouture de FIER. Il manque une structure de type PPP [partenariat public-privé] dans laquelle on pourrait investir de l'argent pour lancer des entreprises. Pour donner le premier coup de pouce aux entrepreneurs. Il y a trop de structures ; l'argent ne se rend pas jusqu'en bas.» Dominique Froment
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SAGUENAY-LAC-SAINT-JEAN
Relancer les projets miniers
- Luc Boivin, directeur général, de Fromagerie Boivin
«Depuis la crise de 2008, alors que la plupart des régions du monde en arrachaient, nous, au Saguenay, on n'a rien senti. Parce que le gouvernement a beaucoup investi dans les infrastructures, explique Luc Boivin. Cela fait que beaucoup de gens étaient à l'ouvrage. De plus, on avait le crédit d'impôt pour la main-d'oeuvre dans les régions ressources [qui n'existe plus]. Mais depuis un an et demi, alors qu'on parle un peu partout de relance économique, au Saguenay, ça a commencé à décliner. Le taux de chômage augmente. Les gouvernements annoncent plein de projets, mais sur le terrain, il ne se passe rien. Les entrepreneurs que je connais qui vont bien font des affaires à l'extérieur du Québec. Il faut relancer les projets miniers. Il faut que les projets Arianne et Niobec se concrétisent comme le gouvernement l'a promis. De même que celui du lac Bloom. Sinon, ça ne regarde pas bien du tout pour la région au cours des prochains mois. Il faut aussi que le gouvernement se dote d'une solide politique manufacturière. Il faut remettre les gens au travail.» Dominique Froment