Pauline Marois ne sera pas le leader qui fera du Québec un pays souverain, estime le député de Nicolet-Yamaska, Jean-Martin Aussant, qui a choisi mardi de quitter le caucus péquiste comme trois de ses collègues la veille.
Dans un jugement très dur à son endroit, il va jusqu'à réclamer la démission de la chef péquiste, qui devrait selon lui laisser sa place à un autre leader, davantage susceptible de faire la souveraineté.
"Je pense que Mme Marois devrait penser à la cause souverainiste d'abord", a-t-il dit, en point de presse.
"Je ne pense pas que Mme Marois puisse convaincre les fédéralistes de joindre l'option du Oui dans un référendum", a-t-il ajouté, en estimant que pour faire un pays il fallait davantage "qu'une bonne gestionnaire".
Sa défection aggrave la crise qui secoue le Parti québécois depuis quelques jours et risque d'ébranler le leadership de la chef, en poste depuis 2007.
M. Aussant siégera donc désormais comme indépendant, à la suite des députés Louise Beaudoin (Rosemont), Lisette Lapointe (Crémazie) et Pierre Curzi (Borduas), des piliers de l'opposition péquiste qui avaient annoncé leur décision la veille.
Comme ses collègues démissionnaires, M. Aussant s'en est pris lui aussi au leadership de la chef et de son entourage, contestant leur façon de faire de la politique.
Avec émotion, il a rendu publique sa décision, au moment même où se tenait un caucus stratégique du parti sur sa position relative au projet de loi privé sur le projet d'entente autour de l'amphithéâtre de Québec.
La chef péquiste Pauline Marois a provoqué la colère de plusieurs députés en imposant à son caucus de voter pour cette loi qui doit empêcher les poursuites contre une entente de gestion de l'édifice, négociée avec Quebecor sans appel d'offres par le maire de Québec, Régis Labeaume.
M. Aussant dit vouloir retrouver sa liberté de parole et prône une autre façon de faire de la politique.
Il a dit que le projet de loi privé 204 n'avait donc rien à voir avec son départ du caucus.
Mais d'autres députés ne cachent plus leur rejet de ce projet de loi controversé.
À l'entrée de la réunion du caucus, le député péquiste Bernard Drainville a déclaré qu'il était mal à l'aise avec un projet de loi spécial sur l'amphithéâtre de Québec.
Pour Bernard Drainville, il ne fait aucun doute que le parti doit changer pour survivre.
"Si on veut sauver le Parti québécois, il va falloir changer le Parti québécois, a-t-il dit. Parce que ça reste un grand parti, le Parti québécois. J'ai fait le choix de travailler de l'intérieur pour le changer."
M. Drainville a néanmoins constaté que le message des péquistes ne passe pas, bien qu'il reflète selon lui les valeurs québécoises.
"On propose de très belles choses mais les Québécois on dirait qu'on n'arrive pas à les toucher, a-t-il admis. On n'arrive pas à leur parler."
M. Drainville a refusé de critiquer le leadership de Mme Marois. Mais selon lui son équipe de députés doit être mise de l'avant.
"Il va falloir mettre l'équipe de l'avant et il va falloir que les Québécois comprennent que c'est l'équipe Marois", a-t-il dit.
Avant la réunion des péquistes, le député de Bertrand, Claude Cousineau, opposé au projet de loi 204, a affirmé qu'il réclamerait un droit au vote libre.
"J'aimerais avoir un vote libre ou qu'on nous donne la possibilité de ne pas voter pour ce projet de loi, c'est tout, a-t-il dit. On va voir, je vais voir, on analysera tout ça."
Le député de Labelle, Sylvain Pagé, réclame lui aussi un vote libre, n'excluant pas la possibilité de démissionner.
"Toutes les portes sont ouvertes, on va voir, on aura des échanges et des discussions ce matin (mardi). Et je pense que les choses vont se faire très correctement. Je ne souhaite pas démissionner."
Au terme du caucus, M. Pagé a affirmé qu'il était demeuré sur ses attentes.
"Je suis confortable avec l'ouverture qui est faite mais je pense qu'il faut aller un petit peu plus loin", a-t-il dit.
M. Cousineau n'a pas voulu faire de commentaires, affirmant que le caucus doit encore se poursuivre en début d'après-midi.
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