PORTRAIT. Christian Godin, vice-président et chef de placement chez Montrusco Bolton, a déposé sa candidature pour un emploi qu’il ne veut pour rien au monde. Si le gestionnaire de portefeuille, bien connu du milieu financier montréalais, porte les couleurs du Parti conservateur du Québec (PCQ), c’est pour permettre aux idées du parti marginal de droite, fondé en 2009, de faire leurs bouts de chemin.
« Il n’y a pas de chance que je sois élu. Si je l’étais, je démissionnerais, admet M. Godin en entrevue avec Les Affaires. Mon objectif est de faire connaître les idées et les principes de mon parti.»
À moins d’un surprenant changement d’humeur de l’électorat, le candidat de Laporte sur la Rive-Sud de Montréal, un château fort libéral, n’aura pas à rédiger sa lettre de démission. Les conservateurs y ont recueilli 0,84% des voix en 2012, au sixième rang.
Représentant d’un parti méconnu, Christian Godin doit parfois se distancier des conservateurs fédéraux avec qui la formation dirigée par l’homme d’affaires Adrien Pouliot n’entretient aucun lien. « Nous sommes une droite en faveur des libertés individuelles. Nous ne sommes pas une droite morale, ni une droite religieuse», réagit le gestionnaire de portefeuille qui est souvent cité dans les médias au sujet de l’investissement responsable et de la gouvernance des sociétés cotées en Bourse.
Cure minceur pour l’État
C’est pour sensibiliser les électeurs à l’importance de réduire la dette et la taille de l’État que M. Godin fait campagne ses congés de la fin de semaine. Si on ajoute la part de la dette fédérale et celles des municipalités, la dette du Québec serait de 307 G$ en 2012-2013. Cela représente 85,8% du PIB, selon les données compilées par l’Institut Fraser.
« Il faut faire quelque chose. La dette du Québec risque de devenir plus grosse que le PIB, s’inquiète le candidat. Les générations futures vont devoir payer pour les dépenses du passé tout en ayant des services engorgés et des infrastructures déficientes. »
Il est urgent de réduire la taille de l’État, renchérit le candidat conservateur. «Une diminution de la fiscalité permettrait aux entreprises d’avoir plus de flexibilité et de mieux concurrencer l’Ontario. »
L’idée s’inscrit dans la lignée des défenseurs de la libre entreprise. Cette école de pensée s’oppose aux adeptes de différentes écoles économiques qui estiment que l’État a un rôle socioéconomique plus important à jouer — ou encore que la réduction de la taille de l’État doit se faire plus graduellement. D’ailleurs, la stagnation économique en Europe a amené les économistes du Fonds monétaire international (FMI) à modérer leurs appuis en faveur de l’austérité budgétaire.
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Plus près de chez nous, le Parti québécois (PQ) a décidé de reporter de deux ans l’atteinte de l’équilibre budgétaire de crainte que les diminutions des dépenses ne sabotent la reprise économique. S’il forme le prochain gouvernement, le Parti libéral du Québec (PLQ) s’est donné le même échéancier.
M. Godin reconnaît qu’une réduction de la taille de l’État aurait un impact négatif à court terme sur la croissance économique. L’effet serait cependant favorable à long terme, selon lui. « En diminuant, la taille de l’État on laisse plus de place aux dépenses des consommateurs et des entreprises pour soutenir la croissance », défend-il.
Non au vote stratégique
Malgré la marginalité des conservateurs provinciaux sur l’échiquier politique, M. Godin fait une croix sur le vote stratégique. «Tous les principaux partis prônent l’octroi de subventions aux entreprises, déplore-t-il. Nous n’avons pas à avantager certaines entreprises au détriment de d’autres. Je suis de ceux qui croient qu’il faut abolir les subventions aux entreprises et réduire les impôts des particuliers et des entreprises, notamment celles sur la masse salariale. »
Après avoir appuyé la CAQ et l’ADQ, il ne trouve plus matière à appuyer la formation de François Legault. « La CAQ est ambiguë sur le plan économique, déplore-t-il. Une semaine, ils sont plus à droite, l’autre ils sont au centre gauche. Pour moi, ils n’ont pas une trame de pensée vraiment à droite. »