BUDGET QUÉBEC 2012. Dans les années qui viennent, Québec misera comme jamais sur la création de richesse, grâce au développement soutenu des ressources naturelles, pour accroître ses revenus et financer les services publics.
Le budget 2012-2013, déposé mardi par le ministre des Finances, Raymond Bachand, indique à quel point Québec compte s'appuyer sur les richesses du sous-sol pour boucler son budget.
Ainsi, grâce aux milliards de redevances à percevoir et aux retombées économiques anticipées, le gouvernement fait le pari qu'il pourra maintenir le niveau élevé de services publics et de programmes sociaux offert aux Québécois, particulièrement aux personnes âgées, qui sont les grandes gagnantes de ce budget.
Pour le reste, le gouvernement Charest affiche une image de continuité quant à sa gestion des finances publiques. Avec un taux de croissance économique de 1,5 pour cent prévu en 2012, le déficit zéro est toujours attendu pour l'an prochain, dans le budget 2013-2014.
En 2012-2013, le déficit ne devrait pas dépasser 1,5 milliard $, selon les estimations, alors qu'il était plus du double, à 3,3 milliards $, en 2011-2012.
Aucune nouvelle hausse ou baisse de taxes, de tarifs ou d'impôts ne figure au budget 2012-2013.
Pendant ce temps, la croissance des dépenses gouvernementales, autour de 2 pour cent en 2012-2013, comme l'année précédente, semble sous contrôle.
Quant aux étudiants, rien n'est inscrit pour eux au budget, en termes de révision des hausses controversées de droits de scolarité. "La décision est prise. Elle est irrévocable", a dit le ministre Bachand à ce propos, en conférence de presse.
Dans la colonne des revenus anticipés, le Plan Nord devient la pièce maîtresse dans laquelle Québec met toutes ses billes pour remplir ses coffres, grâce notamment à la création de Ressources Québec, une filiale d'Investissement Québec chargée de multiplier les prises de participation publique dans les projets miniers à hauteur de 1,2 milliard $. Québec prévoit que les redevances minières vont ajouter 4 milliards $ au trésor public au cours de la prochaine décennie.
Des retombées fiscales additionnelles de 6,1 milliards $ sont attendues des minières d'ici 2016.
Québec met aussi en place un régime de redevances pour les hydrocarbures, qui sera progressif.
Du côté de la forêt, on prévoit que les revenus de redevances passeront à 282 millions $ en 2016-2017, comparativement à 111 millions $ en 2011-2012. Québec injectera 500 millions $ par an pour financer divers travaux sylvicoles, d'ici cinq ans.
Tous ces milliards seront précieux pour financer les programmes sociaux, dont ceux destinés aux personnes âgées, qui seront de plus en plus nombreuses. L'objectif: faire en sorte qu'elles restent chez elles le plus longtemps possible. Le nombre de personnes âgées en perte d'autonomie qui auront droit à plus de services pour demeurer à domicile plus longtemps augmentera de 50 000, passant à 228 400, en 2016. Au total, Québec prévoit débloquer 2,7 milliards $ en soutien aux aînés d'ici 2017, incluant de 5600 nouvelles places pour divers types d'hébergement.
"C'est le budget dont le Québec a besoin", selon le ministre Bachand, pour assurer son développement économique et faire face à ses responsabilités. Il a nié que l'échéance électorale ait été prise en compte dans la rédaction du document, une brique de 1000 pages.
La lutte aux changements climatiques demeure une priorité. Un plan d'action, incluant la mise en place d'un marché du carbone, se traduira par des investissements de l'ordre de 2,7 milliards $, principalement dans le transport en commun, de 2013 à 2020.
Le Québec est toujours la province canadienne la plus endettée, se dirigeant vers un record de plus de 200 milliards $ en 2015. Dans l'année qui vient, Québec prévoit verser 1,2 milliard $ au Fonds des générations pour rembourser la dette.
Tel qu'annoncé l'an dernier, un régime volontaire d'épargne-retraite voit le jour. Quelque 2 millions de Québécois, qui ne bénéficient pas d'un régime privé compensatoire de retraite, pourront s'en prévaloir à compter de janvier 2013. Les employeurs devront offrir un tel régime et les employés y seront automatiquement inscrits, mais ils pourront choisir de s'en retirer.