Le gouvernement du Québec déposera aujourd'hui un budget qui atteindra les cibles budgétaires fixées par l'administration précédente, mais le suspense demeure quant à la façon dont on les atteindra.
En entrevue avec Les Affaires il y a quelques jours, la première ministre Pauline Marois a indiqué que les cibles seraient atteintes.
La cible au 31 mars 2013 est pour un déficit de 589 M$. Cette cible grimpe à 1,5 G$ en vertu de la Loi sur l'équilibre budgétaire, car on doit tenir compte d'un versement de 911 M$ prévu au Fonds des générations (qui est emprunté).
Pour le 31 mars de l'an prochain (2014), la cible est pour un surplus de 1,041 G$, qui doit être versé directement au même fonds.
Québec voulait initialement annoncer l'abolition du Fonds des générations.
La mesure devrait permettre d'épargner 250 M$ par année en intérêts, selon des estimations soumises il y a quelques mois par le PQ. La Presse rapporte cependant que le gouvernement aurait renoncé à l'abolition, tout en accélérant les repaiements de dette.
L'abolition pourrait en partie aider le gouvernement à atteindre les cibles budgétaires à court terme, mais pose des interrogations sur l'à-propos de la stratégie à long terme. La province se privera du rendement qu'elle aurait pu obtenir sur les sommes placées, rendement qui, historiquement, est plus élevé que les coûts d'emprunt.
Comment atteindra-t-on les cibles?
L'arrivée d'un éventuel surplus sur l'horizon 2014 n'est qu'illusoire pour les finances de la province. Si Québec veut se maintenir dans l'estime des agences de notation, il doit en effet aussi atteindre la cible d'une dette brute/PIB de 55,3 % pour l'exercice en cours et de 54,6% pour l'an prochain. Cette atteinte nécessite d'importants surplus puisque Québec est aux prises avec des immobilisations annuelles de près de 6 G$ qui s'ajoutent à la dernière ligne des états financiers.
Québec a déjà l'intention de freiner le calendrier des investissements en infrastructures dans les prochaines années, histoire de faire en sorte de créer plus de concurrence sur les projets et tenter de faire baisser les coûts. La mesure devrait aussi aider à l'atteinte du ratio dette/PIB.
On ignore cependant par combien le gouvernement décidera de freiner ces investissements.
Il n'est pas très clair non plus comment Québec pourra atteindre la cible du déficit de cette année (589 M$). En septembre, le ministre des finances Nicolas Marceau a estimé à 1,6 G$ le rattrapage à effectuer pour atteindre la cible.
Il a demandé aux ministères du gouvernement de compresser leurs dépenses de 1,1 G$. Pour compenser le manque à gagner attribuable au ralentissement économique, il table sur des intérêts plus faibles sur la dette, une accélération de la lutte contre l'évasion fiscale et l'utilisation de la réserve de 300 M$.
Plusieurs estiment que la commande est trop importante et que des coupes supplémentaires ou des hausses de taxes et impôts pourraient être nécessaires pour combler le retard.
D'autant qu'en plus du rattrapage nécessaire, le Parti québécois entend mettre en œuvre un certain nombre de ses engagements (annulation de la hausse des frais de scolarité, ajouts de places en garderie, etc) et doit de même introduire certaines mesures qui n'étaient au programme de personne, mais sont commandées par l'intérêt public (création d'une agence des transports, doter l'AMF d'un bureau de vérification de la probité des entrepreneurs, etc.).
Madame Marois a laissé entendre que certaines mesures du gouvernement précédent pourraient être abandonnées. « Il y a des orientations de l'ancien gouvernement qu'on ne partage pas nécessairement », a-t-elle notamment indiqué.
Le ministre Marceau a quant à lui laissé entendre que le contribuable avait déjà fait sa part.
La réponse à ces interrogations dans quelques heures.