À la veille du dépôt du budget fédéral, les listes de demandes continuaient de s'empiler sur le bureau du ministre des Finances, Jim Flaherty. Québec l'enjoint de ne pas empiéter sur les programmes de la province et le Parti libéral du Canada veut que les besoins de la classe moyenne soient traités en priorité.
De son côté, le ministre Flaherty avait une demande plutôt modeste quelques heures avant le dépôt de sa proposition budgétaire. Il demandait à tous sur son compte Twitter de l'aider à choisir sa cravate pour mardi: une verte ou une bleue?
Le gouvernement de Pauline Marois a croisé le fer à plusieurs reprises avec Ottawa au cours de la dernière année. Ainsi, peu avant le dépôt du budget 2014, il a tenu à envoyer un message au fédéral.
Il demande à Ottawa d'éviter de nuire à l'économie québécoise et de ne pas créer de conflits entre les deux gouvernements.
Les Affaires couvre le budget fédéral en direct. Revenez nous voir au cours de la journée pour tout savoir sur le budget fédéral.
Québec rappelle être sans nouvelles du fédéral sur sa proposition d'entente pour les infrastructures dans le cadre du nouveau plan Chantiers Canada pour la période 2014-2015 à 2023-2024. La province souhaite recevoir l'argent d'Ottawa en un seul versement, pour gérer le fonds.
Formation de la main-d'oeuvre
En ce qui concerne la nouvelle subvention canadienne pour l'emploi _ qui doit servir à arrimer employeurs et employés potentiels _ le gouvernement Marois a déjà signifié au gouvernement Harper qu'il n'entend pas participer à l'approche fédérale et réclame plutôt un renouvellement de l'actuelle Entente sur le marché du travail.
«Cette initiative fédérale, en plus de détourner 70 M$ par année destinés au Québec, constitue une ingérence dans nos compétences et met en péril des programmes qui font consensus et qui donnent des résultats positifs», a souligné le ministre des Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier, dans un communiqué.
Québec ne veut pas qu'Ottawa se mêle de la formation de la main-d'oeuvre. Il veut donc se retirer du programme fédéral avec pleine compensation.
Fonds de travailleurs
Le gouvernement québécois veut aussi une augmentation des transferts fédéraux vers ses propres coffres.
Et afin de corriger ce qu'il considère être une erreur du budget de 2013, il demande à Ottawa de revenir sur sa décision d'éliminer le crédit d'impôt pour les fonds de travailleurs.
Le ministre québécois des Finances, Nicolas Marceau, a également réitéré sa demande au ministre Flaherty de ne pas imposer de nouvelles mesures en matière hypothécaires. Selon M. Marceau, le marché immobilier québécois est en situation d'équilibre et un resserrement des règles lui nuirait.
La cravate
Alors que l'opposition questionnait le gouvernement en Chambre lundi après-midi, le ministre Flaherty était absent.
En pleine période de questions, il a envoyé des photos des deux cravates qu'il envisageait porter pour le dépôt de son très attendu budget.
Si certains de ses abonnés Twitter ont joué le jeu, et choisi une cravate, d'autres se demandaient si le ministre n'avait rien de mieux à faire.
La classe moyenne
Pour le Parti Libéral du Canada, le budget fédéral doit être axé sur la classe moyenne, car il estime que ce groupe de Canadiens a été oublié par les conservateurs de Stephen Harper.
Selon les libéraux, le budget du ministre Flaherty doit aussi favoriser la croissance économique, car la fixation de Stephen Harper sur l'austérité n'est pas une bonne politique pour le pays, a déclaré lundi Ralph Goodale, chef adjoint du PLC.
«C'est ça (l'austérité) le but ultime de Stephen Harper. Pas les emplois et l'économie», a dénoncé M. Goodale.
«La pression sur la classe moyenne est bien réelle», a-t-il ajouté.
Les libéraux estiment que la priorité présentement est de venir en aide à la classe moyenne. Ils proposent ainsi quatre mesures principales: l'élimination des tarifs douaniers sur l'importation des biens de consommation, la réduction des primes d'assurance-emploi, l'investissement dans l'éducation postsecondaire et l'injection immédiate de nouveaux fonds dans l'infrastructure pour apporter de l'aide aux municipalités.
Selon M. Goodale, les parents s'inquiètent de ne pouvoir offrir une éducation de qualité à leurs enfants après l'école secondaire.
«La croissance économique demeure stagnante. Nous avons besoin d'investissements, notamment dans l'infrastructure, l'éducation postsecondaire et la formation, là où nous savons que cela ouvrira des perspectives», a fait valoir à ce sujet le député libéral John McCallum.
Les libéraux promettent par ailleurs de ne pas investir dans des publicités pour des programmes qui n'existent pas, comme l'ont fait les conservateurs pour la subvention canadienne à l'emploi, après le budget fédéral de 2013.
Et si le ministre des Finances insiste pour continuer à couper dans le gras de l'appareil étatique, le Parti libéral lui suggère de réduire le nombre de ministres et bureaux ministériels régionaux, qui ont augmenté sous les conservateurs.
Les libéraux écorchent au passage la gestion économique des conservateurs, qu'ils qualifient de «médiocre».
Depuis que les troupes de Stephen Harper sont au pouvoir, le taux de chômage a augmenté, la dette fédérale s'est accrue, le taux de croissance est faible et la Bourse stagne, disent-ils.