Le milieu des affaires se montre ambivalent face au budget Bachand. Il est heureux de certaines mesures, mais déçu par d'autres.
Celles touchant la retraite sont un bon exemple de cette ambigüité. La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) salue « le courage de mettre de l'avant des mesures de redressement de la Régie des rentes du Québec que les budgets précédents avaient ignorées malgré l'ampleur des déficits actuariels annoncés ». Elle déplore toutefois l'ajout de frais imposés à la masse salariale.
Le Conseil du patronat du Québec ne s'oppose pas aux hausses de cotisations au Régime des rentes du Québec pour les employeurs. Le gouvernement devrait cependant revoir certains bénéfices du régime pour mieux en contrôler l'augmentation des coûts, selon l'organisme.
De son côté, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, porte-parole des PME, s'insurge contre le fait que les employeurs seront tenus d'offrir un régime de pension agréé collectif à leurs employés, soit le nouveau Régime volontaire d'épargne-retraite (RVER).
Contrôle des dépenses difficiles
De plus, la FCCQ félicite le gouvernement d'avoir haussé les droits de scolarité à l'université pour rehausser le financement de ces institutions. L'organisme se montre toutefois sceptique face au contrôle des dépenses gouvernementales, notamment en santé et en éducation.
Le Conference Board du Canada estime aussi que le gouvernement du Québec a fait les bons choix stratégiques, mais se montre prudent quant au déficit anticipé de 3,8 G$ pour cette année, qui est plus élevé que celui prévu dans le budget de 2010. « Le gouvernement devra surveiller de très près ses dépenses en 2011-2012 », mentionne l'organisme.
Le Conseil du patronat du Québec s'inquiète également de la hausse des dépenses du gouvernement, « augmentation dont la prévision est maintenant plus élevée que dans le dernier budget ».
Le budget semble avoir semé « beaucoup de confusion » concernant l'atteinte des réductions du taux de croissance des dépenses, ce qui pourrait lui amener plusieurs critiques, affirme quant à lui le Mouvement Desjardins.
« En ce qui a trait au déficit plus élevé de 900 M$ pour l'année 2011-2012, nous ne sommes pas inquiets outre mesure, soutient Stéfane Marion, stratège à la Banque Nationale. En effet, les prévisions de croissance économique retenues pour l'exercice budgétaire nous apparaissent extrêmement conservatrices avec une hausse prévue de seulement 3,9 % du PIB nominal par rapport à notre prévision de près de 5 %. Si notre prévision se concrétise, la hausse du déficit prévue pour 2011-2012 sera jugulée. »
Mission accomplie
Selon Stéfane Marion, les agences de crédit deviennent de plus en plus pointilleuses et les investisseurs plus sélectifs, le Québec devait, à cause de son niveau d'endettement élevé, maintenir un plan crédible pour un retour à l'équilibre budgétaire, ainsi que d'entamer la mise en place de mesures incitant à des prises de retraite plus tardives. « En ce sens, nous considérons le Budget 2011 comme mission accomplie », indique-t-il.