Dans les années 90, des gourous prévoyaient que le télétravail viderait les immeubles de bureaux dans les centres-villes. Aujourd’hui, plusieurs spécialistes se demandent si ce mode de travail a un avenir !
Le New York Times annonçait en effet hier que Marissa Mayer, la chef de la direction de Yahoo, avait sonné la fin du télétravail.
>>Lire le blogue de Diane Bérard Controverse: la pdg de Yahoo! interdit le télétravail
Ce changement de politique de Yahoo a déclenché une tempête de critiques de la part des défenseurs de la flexibilité en milieu de travail, qui disent que c'est une approche rétrograde, en particulier pour ceux qui s'occupent de jeunes enfants ou de parents âgés. D’autant plus qu'ils espéraient que Mme Mayer, qui a pris la tête de Yahoo à 37 ans pendant la grossesse de son premier enfant, rendrait le monde des affaires plus accueillant pour les parents qui travaillent.
La note de Mme Mayer a surpris les employés de Yahoo, qui devront donc retourner au bureau. Cette nouvelle mesure a pour but de renforcer la culture de collaboration.
«Mme Mayer, écrit le Times, met le doigt sur l'un des problèmes les plus importants au pays en milieu de travail: si la capacité de travailler à domicile peut se traduire par une plus grande productivité, elle réduit aussi la capacité d’innover des entreprises en affectant la culture de collaboration.
«Partout au pays, des entreprises comme Aetna, Booz Allen Hamilton et Zappos.com sont confrontées à ce compromis parce qu’elles sont en concurrence pour attirer et retenir les meilleurs employés.»
Bank of America, par exemple, qui avait un programme de télétravail très apprécié, a décidé l'année dernière d'exiger le retour au bureau de certains employés.
Des études montrent que les personnes qui travaillent à domicile sont nettement plus productives mais moins novatrices, a déclaré au Times John Sullivan, professeur de gestion à l'Université de San Francisco, qui dirige un cabinet conseil en ressources humaines. «Si vous voulez l'innovation, vous avez besoin d'interaction. Si vous voulez de la productivité, alors vous voulez que les gens travaillent à domicile.»
Selon le Bureau of Labor Statistics, 24 % des Américains déclarent travailler à la maison au moins quelques heures par semaine. Et 63 % des employeurs ont déclaré l'année dernière qu'il permettait aux employés de travailler à distance, contre 34 % en 2005, selon une étude réalisée par le Families and Work Institute.
Google et Facebook, qui misent fortement sur la collaboration, ne permettent à leurs employés de travailler à distance que sur une base de cas par cas.
Après tout, si les sociétés de la Silicon Valley offrent autant d’avantages comme les repas gratuits, des navettes, des gymnases, des salons de crème glacée et des services de nettoyage à sec, ce n’est peut-être pas seulement pour faciliter la vie des leurs salariés, mais aussi pour les garder sur le campus et favoriser le contact avec les autres employés.