Le cours du sucre est monté à son plus haut niveau depuis 30 ans à New York. Sur le marché NYBoT-ICE, le prix de la livre de sucre brut pour livraison en mars - le contrat de référence du moment - est grimpé mardi jusqu'à 30,64 cents américains. Il a bondi de plus de 130% ces six derniers mois.
Comment expliquer une telle inflation de la valeur de ce produit de base pour toute l’industrie agroalimentaire? Par l’inquiétude grandissante des investisseurs quant à un net rétrécissement de l'offre mondiale et à de sombres perspectives pour les exportations de l’Inde, le deuxième plus grand producteur de sucre du monde.
Ainsi, l’Inde se trouve dans une situation paradoxale : elle est l’un des plus importants exportateurs de sucre du monde, mais elle est aussi devenue depuis peu le plus grand importateur. En effet, victime d’intempéries dévastatrices pour sa production de sucre, elle a dû piocher dans ses réserves pour respecter ses contrats d’exportation, mais aussi acheter du sucre à l’étranger pour ses propres besoins. Du coup, ses réserves de sucre sont maintenant de l’ordre de 4 millions de tonnes, alors que les autorités indiennes estiment qu’un bon niveau devrait être de 10 millions de tonnes, selon Rabobank International.
«L’Inde va être forcée de réduire le volume de ses exportations. Reste à savoir quand elle le fera, et surtout quelle va être la baisse», dit Jimmy Tintle, analyste, de Transworld Futures, à Tampa (Floride), en soulignant que les Indiens allaient vraisemblablement chercher le moyen de profiter au maximum de la hausse continue des prix.
Chute des surplus
Idem, le Brésil, le plus grand producteur de sucre du monde, connaît une baisse de régime. L’État de Sao Paulo, où se concentrent les deux tiers de la production du pays, a produit en date de la mi-octobre 30% moins de sucre que l’année précédente à la même époque, selon l’Unica, l’association brésilienne de cette industrie.
Simultanément, la demande mondiale reste robuste et les réserves des pays consommateurs sont à leur plus bas niveau depuis 20 ans. «La demande s'accroît même du côté des grands pays importateurs traditionnels - Chine, Pakistan, Union européenne, Indonésie et Russie -, qui souffrent de récoltes nationales moins généreuses que d’habitude à cause d'une météo médiocre», indique Kona Haque, économiste, de la banque Macquarie.
L'Organisation internationale du sucre (Iso) tablait encore en août sur un excédent de 3,22 millions de tonnes de l'offre mondiale en 2010-2011, après deux années de déficits records. Maintenant, elle n’anticipe plus qu’un surplus de 2 millions de tonnes.
Avec Bloomberg.