Le numéro du printemps 2009 du magazine Cellier consacré au cépage syrah a servi de sésame aux vins Vice Versa de Patrice Breton à la SAQ. La Société des alcools du Québec a profité de l'occasion pour présenter le Syrah Vice Versa 2005 à sa clientèle. " Nous avons vendu les 25 caisses. À la suite de ce succès, nous en avons commandé d'autres ", dit Linda Bouchard, agente d'information à la SAQ.
L'été suivant, Cellier offrait une thématique californienne et ce fut le prétexte pour introduire le Petit Vice 2006, un Syrah Cabernet, encore un succès. Enfin, au printemps dernier, Cellier publiait un numéro spécial sur les producteurs québécois à l'étranger et, cette fois, Patrice Breton a produit un vin exclusif à la SAQ, l'A Priori.
Pour Patrice Breton, cette incursion à la SAQ en vaut la chandelle, même s'il estime que les marges bénéficiaires ne sont pas assez élevées. " La SAQ, c'est le deuxième plus important acheteur de vins du monde. " Car, tout passionné de vins qu'il est, Patrice Breton reste un entrepreneur et veille sur ses affaires.
Il fait son entrée dans le secteur viticole en 2001, peu après l'éclatement de la bulle techno. Alors âgé de 33 ans, il est millionnaire, hyperactif et très fatigué. Il décide de quitter la direction de Technologies Interactives Mediagrif, qu'il a fondée cinq ans plus tôt, et se lance alors dans l'exploitation d'un vignoble dans la célèbre vallée de Napa, en Californie.
" Pendant cinq ans, j'avais tout donné et je voulais faire autre chose ", dit l'homme de 43 ans, père de deux adolescents, qui partage son temps entre la Californie et sa maison de Longueuil. Celle-ci abrite les bureaux de ses autres entreprises : Investissements Clarazek, une firme de gestion d'actifs, et Wine Price Exchange, un agrégateur Web qui établit la valeur marchande de collections de bouteilles de vin et qui compte 13 000 clients.
Un entrepreneur en série
M. Breton se définit comme un entrepreneur en série. " Mon désir de faire de l'argent m'a amené à devenir entrepreneur ", lance-t-il.
Quelle que soit l'affaire qu'il lance, M. Breton suit toujours le même modus operandi : il imagine un produit, puis s'entoure de gens compétents qui le mettent au point.À la suite de son retrait de Mediagrif, il s'est lancé dans l'immobilier, a construit des maisons de luxe sur la Rive-Sud de Montréal et a fondé Investissements Clarazek.
Mais c'est le vin qui l'allume depuis l'âge de 18 ans. " Mon plaisir n'est pas tant dans l'expertise que dans le côté hédoniste du vin. Ce n'est pas cérébral, c'est une jouissance, une passion. "
Et lorsqu'il est passionné, M. Breton doit aller jusqu'au bout. " Je suis comme ça. Le vin, j'y rêvais. "
Un vin de spécialité
En 2003, il fonde Vice Versa Wines. " Le nom Vice Versa représente l'équilibre, le cycle de la vie ", dit-il.
Son vignoble est réparti sur plusieurs terres qu'il loue, une pratique courante en Californie, où les prix sont très élevés. " C'est impossible d'acheter quelque chose de cette qualité. On loue les terres pour des périodes de trois ans et on y fait ce qu'on veut. "
Le portefolio de Vice Versa compte une demi-douzaine de cuvées et la production vinicole est artisanale. La production est modeste : une dizaine de caisses pour son grand cru, le Vice Versa, et moins de 200 bouteilles pour ses deux cabernet sauvignon, le Vice et le Versa, par exemple.
Petite production ou pas, Vice Versa Wines est rentable depuis le premier jour, résume Patrice Breton, qui dit suivre son plan sur 12 ans, même si la récession l'a quelque peu freiné. Ses clients sont établis dans l'Ouest canadien, aux États-Unis et même en Corée du Sud. " Je fais mes dents de cette façon ", indique-t-il. Jusqu'à la prochaine étape.