Triotech a décroché un contrat de près de 10 millions de dollars américains, afin de créer la prochaine grande attraction du parc Knott's Berry Farm, en Californie. Pour la société québécoise spécialisée dans les attractions interactives multimédias, il s'agit du plus important contrat de son histoire. Pour l'industrie des parcs d'attractions, c'est un tremblement de terre dont l'épicentre se trouve à Montréal.L'attraction, baptisée Voyage to the Iron Reef (Périple jusqu'au Récif de fer), sera presque entièrement conçue dans la métropole. Tout, sauf les wagons qui serviront à transporter les participants, construits par l'allemande Art Engineering. «On s'occupe de la conception, de la fabrication des pointeurs, des projecteurs, des serveurs, mais pas de la construction des véhicules. Ce n'est pas un choix stratégique pour nous», explique le président et chef de la direction Ernest Yale, à Les Affaires.
Le manège doit accueillir ses premiers visiteurs dès le printemps prochain. «Nous avons proposé un thème "rétrofuturiste"», lance M. Yale. Dotés de leurs pistolets frigorifiques, les participants devront combattre les créatures maléfiques, menées par la reine Kraken (monstre légendaire) ; celles-ci se nourrissent du métal des montagnes russes qui se trouvent dans le parc. «Un thème assez audacieux pour se différencier des Disney et autres Universal Studios, souligne-t-il : tout le monde fait des superhéros !»
Un succès torontois et des prix prestigieux
C'est Cedar Fair Entertainment Company, la même entreprise qui détient Canada's Wonderland en banlieue de Toronto, qui leur a confié ce contrat pour leur parc californien. Et pour cause. C'est Triotech qui a conçu et installé Wonder Mountain's Guardian en mai dernier dans le parc ontarien. Un succès qui lui a permis de décrocher ce nouveau contrat. «Ils nous ont testés là-bas. Avec la fiabilité et la popularité de ce projet, ils ont vraiment été rassurés», affirme-t-il.
Une réussite confirmée par deux prix obtenus par l'entreprise lors du salon commercial de l'International Association of Amusement Parks and Attractions (IAAPA), qui s'est tenu à Orlando, en Floride, du 17 au 21 novembre. Non seulement l'entreprise a-t-elle reçu le prix de la meilleure nouvelle attraction dans un grand parc thématique, mais elle a également remporté l'Impact Award du meilleur produit, toutes catégories confondues.
«L'association observe les technologies qui vont changer le visage de l'industrie, et nous offrons un tout nouveau modèle d'entreprise, assure le président de Triotech. Contrairement aux grands parcs comme Disney, qui peuvent compter sur une grande clientèle touristique, les parcs régionaux comme La Ronde doivent se renouveler sans cesse pour plaire à leur clientèle d'habitués.»
Ce que propose l'entreprise, c'est d'utiliser une même attraction pour plusieurs usages. À l'Halloween, leur manège Wonder Mountain's Guardian a été converti en maison hantée, et pour la visiter, les visiteurs devaient acheter un billet séparé. Les investissements requis, pour changer les projections par exemple, ne représentent alors qu'une fraction du prix d'une nouvelle attraction. De quoi faire saliver toute une industrie.
Déjà présente dans une quarantaine de pays, Triotech récolte les fruits de ses innovations. «Nous avons un taux de croissance de 30 % par année. L'année prochaine, nos revenus devraient se chiffrer à 40 M$», confie Ernest Yale. Afin de soutenir cet essor, la montréalaise doit maintenant se pencher sur un autre défi d'envergure : recruter massivement. C'est pourquoi l'entrepreneur lance cet appel : «Nous avons besoin de main-d'oeuvre qualifiée dans tous les corps de métiers !»
30: Les revenus de Triotech croissent de 30 % par année. L’entreprise montréalaise estime que ses revenus atteindront 40 millions de dollars l’an prochain.