Souhaitant brosser un portrait du nouveau président du CA du Fonds de solidarité FTQ, Les Affaires a joint une dizaine de dirigeants ayant déjà travaillé avec lui. Tous ont salué avec enthousiasme la nomination de Robert Parizeau.
«Si vous cherchez à décrire un président de conseil idéal, c'est sans aucun doute Robert Parizeau», s'exclame Robert Tessier, qui dirigeait Gaz Métro durant la présidence de M. Parizeau, de 1997 à 2007. L'actuel président du CA de la Caisse de dépôt souligne la capacité de cet administrateur à l'«éthique irréprochable» de conjuguer les intérêts des différentes parties prenantes avec doigté et efficacité. «Robert est capable de tenir la barre, même quand il y a de grands vents», dit M. Tessier, qui appréciait à la fois l'appui constant et la marge de manoeuvre offerts par M. Parizeau.
Gérard Geoffrion, qui a côtoyé M. Parizeau au CA et dans plusieurs comités de Van Houtte avant sa privatisation en 2007, abonde dans le même sens. «Tous n'avaient pas la même perception quant à l'avenir, mais avec toute sa sagesse et son expérience, Robert Parizeau a réussi à trouver des terrains d'entente pour aller dans la meilleure direction pour le bien de l'entreprise.»
Aux yeux de M. Geoffrion, il n'est rien de moins que la «quintessence» des administrateurs. «À ce point-là, oui !» dit l'ancien vice-président exécutif du torréfacteur, maintenant chargé du développement international. M. Parizeau, explique-t-il, fait ses devoirs de façon exemplaire. «Il lit tous les documents et sait repérer, grâce à son expérience, les aspects à creuser.»
À la fois courtois et ferme
Affable et souriant, le frère de l'ancien premier ministre est un vrai gentleman. Cogner du poing sur la table, très peu pour lui. Pourtant, le flamboyant Marcel Dutil n'hésite pas à le qualifier de... direct ! «C'est un homme intègre pour qui les choses doivent être claires.» Sa connaissance du Québec et sa grande expérience seront utiles au Fonds, ajoute le fondateur de Canam. «Il détectera ce qui sonne faux. Il en a vu d'autres !»
Jean La Couture, qui connaît Robert Parizeau depuis plusieurs années, notamment à l'Institut des administrateurs de sociétés (IAS), croit lui aussi qu'il saura établir les limites nécessaires. «C'est un homme de principes, qui a une intégrité incontestable et beaucoup de rigueur», dit le consultant et administrateur de sociétés.
Claude Béland constate cette rigueur au conseil de la Fondation Lionel-Groulx, auquel les deux hommes siègent depuis une dizaine d'années. «Robert ne prend pas de décisions s'il ne comprend pas. Ça fait longtemps qu'il a saisi que son rôle en tant qu'administrateur est de protéger de façon intègre l'entreprise, et non la direction.»
Toujours poli, il creuse jusqu'à ce qu'il obtienne des réponses satisfaisantes. L'ancien président du Mouvement Desjardins se rappelle d'ailleurs en riant certaines sessions de travail avec des vérificateurs : «Ils avaient besoin d'être prêts, parce qu'il en avait des questions, Robert !»
Un rassembleur engagé
En plus d'avoir un «sens extraordinaire de la gestion de dossiers complexes», Robert Parizeau est un grand rassembleur, estime Nathalie Francisci, qui copréside l'IAS avec lui. «Il écoute énormément et est très sensible à l'opinion et à la sensibilité des autres.» Discret, il sait amener les parties à cheminer, mais sans jamais perdre de vue son objectif, dit-elle.
Louise Champoux-Paillé a pu constater cette habileté lors des négociations qui ont mené à un rapprochement entre le Collège des administrateurs de sociétés et l'IAS. «Tout de suite, il a amené la discussion sur la complémentarité de nos organisations et mis en avant la force qu'aurait une masse critique d'administrateurs poussant pour une saine gouvernance.»
Administrateur émérite Korn/Ferry Les Affaires en 2004, Robert Parizeau milite depuis longtemps pour une meilleure gouvernance. Au CA de l'IGOPP depuis sa création en 2005, il aime débattre avec d'autres administrateurs chevronnés, dont Guylaine Saucier et Yvan Allaire.
Mme Saucier connaît M. Parizeau depuis plusieurs années, ayant siégé au conseil de Sodarcan, l'entreprise familiale qu'il a vendue à Aon pour 42 millions de dollars en 1997. «C'est quelqu'un de profondément convaincu des principes de saine gouvernance, mais capable d'adapter les structures aux besoins de chaque entreprise.»
Comme la plupart des gens interrogés, Mme Saucier était un peu surprise que l'homme de 77 ans accepte un mandat de cette ampleur. Comme les autres, elle attribue cet engagement à un désir de rendre à la société. «C'est une belle occasion pour ça, tout en restant un défi professionnel.»
Selon Yvan Allaire, M. Parizeau «se pressera lentement». Il se familiarisera avec l'organisation, puis procédera assez rapidement à ce qui urge. «Ce n'est pas un homme téméraire. Il prend le temps de bien faire les choses», dit-il.
Le mandat à la présidence de M. Parizeau débutera officiellement en mai et se terminera en septembre 2015.