Les entreprises québécoises doivent se préoccuper davantage de leur responsabilité sociale. Non seulement pour protéger leur image auprès de la clientèle, mais aussi pour saisir les occasions d'affaires qu'une plus grande conscientisation peut leur offrir.
Voilà le message qu'a lancé Alain Giguère, président de CROP, lors d'une présentation devant les membres du Cercle canadien de Montréal lundi. Il a fait connaître les résultats d’une étude indiquant que le Canada est un des pays où la population accorde le plus d’importance à la responsabilité sociale des entreprises.
Cela « doit faire partie du code génétique de vos marques », a-t-il dit aux gens d'affaires.
« Auparavant, offrir un bon produit était suffisant, mais ce n’est plus le cas aujourd'hui », a-t-il expliqué aux membres du Cercle canadien. Il a cité le cas des Industries Lassonde, producteur des jus Oasis, qui a été malmenée sur les médias sociaux pour avoir poursuivi une entreprise qui utilisait le mot Oasis dans sa raison sociale.
Selon cette étude de CROP, 53 % des Québécois en 2011 ont récompensé une entreprise en achetant son produit ou en parlant en bien d’elle pour une question de responsabilité sociale. À l’inverse, ils ont été 56 % à punir une entreprise pour ce qu’ils jugeaient comme un mauvais comportement corporatif.
En comparant les données recueillies par CROP avec celles d’autres sondages internationaux, M. Giguère a constaté que le Canada se trouvait au sommet d’une liste de pays où la responsabilité sociale des entreprises occupe une place importante au sein de la population.
Les résultats ne sont pas officiellement comparables pour des différences méthodologiques, mais le Canada devance largement dans ce classement des pays tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon et la France.
La pérennité des entreprises en jeu
« Si elles ne s’inscrivent pas dans ce mouvement, c’est la pérennité de certaines entreprises qui est en jeu », a souligné Pauline d’Ambroise, vice-présidente soutien à la coopération et secrétaire générale du Mouvement Desjardins lors d’un panel de discussion. À son avis, il est possible de mobiliser davantage ses employés en alignant sa stratégie sur le développement durable et en impliquant ses troupes.
« Nous sommes pris pour gérer le développement durable dans les entreprises, il va falloir s’en préoccuper sérieusement », a lancé pour sa part Hubert Bolduc, vice-président communications et affaires publiques de Cascades.
M. Giguère ne s’attend pas à ce qu’une entreprise d’ici disparaître parce qu'elle a négligé sa responsabilité sociale. N’importe quel dirigeant finirait par céder à la pression populaire pour éviter de laisser couler son entreprise, explique-t-il, comme cela a été le cas chez Lassonde.
Sauf que seulement 23 % des répondants ont indiqué qu’ils ne se préoccupent pas de l’éthique d’une entreprise, ce qui fait que plus de trois personnes sur quatre au Québec y sont sensibles.
Au total, 22 % des répondants ont indiqué être prêts à lancer un mouvement contre une entreprise, a ajouté M. Giguère. Parmi les autres, 31 % suivraient le mouvement, et 24 % « finiraient par embarquer », de dire le président de CROP.