Les entreprises agroalimentaires consommatrices de sucre n'ont aucun contrôle sur le cours de cet ingrédient clé, dont la valeur a explosé en Bourse depuis un an. Cependant, ces entreprises ne sont pas passives pour autant. Voici comment elles limitent l'impact de cette hausse des prix.
Fixer le prix du sucre par contrat
Une entreprise peut geler la valeur du sucre pendant quelques semaines, voire quelques mois, en négociant avec son fournisseur, comme le raffineur Sucre Lantic.
Cette opération ne coûte rien. En contrepartie, le fabricant d'aliments s'engage à acheter le sucre du producteur au même prix pendant toute la durée du contrat, par exemple 15 $ US la livre pendant trois mois, peu importe la variation des cours.
C'est ce que fait La Petite Bretonne, une entreprise de Blainville qui produit des microcroissants. Sa stratégie de couverture varie toutefois en fonction de la volatilité des prix, explique le directeur de l'exploitation, Charles Bergeron-Vachon.
" Si les cours sont trop élevés durant un certain temps et que nous anticipons une baisse, nous négocierons seulement des contrats de deux à quatre semaines ", dit-il.
À l'inverse, lorsque La Petite Bretonne s'attend à une hausse progressive, elle négocie des contrats sur trois mois.
Augmenter ses volumes
En regroupant leurs achats de sucre, les fabricants d'aliments peuvent diminuer leurs coûts d'approvisionnement. Au Québec, une trentaine d'entreprises - dont plusieurs boulangeries - le font déjà au sein du Groupe Prestige.
" Nous avons un meilleur pouvoir d'achat auprès des producteurs de sucre ", dit Denis Landry, le directeur-général de l'organisation, qui achète pour ses membres des biens, des denrées et des matières premières.
Le géant américain alimentaire Kraft Foods joue aussi cette carte à fond depuis qu'il a mis la main sur le confiseur britannique Cadbury, en janvier 2010. " Nous achetons de bien plus grandes quantités de sucre, ce qui nous permet de réduire nos prix ", explique John Simley, porte-parole de la multinationale aux États-Unis. L'usine de Montréal profite de cette stratégie.
Hausser sa productivité
Pour atténuer l'impact de la hausse du prix du sucre sur leur santé financière, les fabricants peuvent améliorer leur productivité, en achetant de l'équipement plus efficace ou en revoyant leurs procédés.
" L'idée, c'est de travailler mieux dans toute la chaîne de production ", dit Josée Fiset, vice-présidente, marketing et stratégie, de Première Moisson, à Vaudreuil-Dorion, en banlieue de Montréal.
L'enjeu est important pour la chaînes de boulangeries québécoise : elle utilise exclusivement du sucre de canne biologique, de 20 à 22 % plus cher que le sucre classique.