Épargné par la crise économique et les taux de chômage record qui sévissent en Europe, le Canada, et plus particulièrement le Québec, constitue ces temps-ci une terre d'accueil très prisée des sociétés françaises.
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En 2014, on estime que près de 550 sociétés mères françaises sont établies au Canada, dont la grande majorité - environ 400 - au Québec. «En sol québécois, ces sociétés génèrent quelque 30 000 emplois, dont 20 000 directs», indique Fabrice Blazquez, chef des services économiques de l'ambassade de France à Montréal.
Si l'on se fie à la dizaine de missions commerciales collectives et individuelles qu'organise chaque année la Chambre de commerce française au Canada (CCFC), le nombre d'entreprises françaises installées au Canada n'a pas fini de croître. «Plus de 80 entreprises françaises profitent annuellement de ces missions commerciales au pays pour venir analyser le marché», souligne Véronique Loiseau, directrice générale à Montréal de la CCFC.
Qui sont ces entreprises ? Principalement des sociétés du secteur des TIC, de l'aéronautique, des services, ainsi que des sciences de la vie et de l'agroalimentaire, fait savoir la directrice générale.
Le taux d'occupation du centre d'affaires de la CCFC fournit un autre bon indice de l'engouement des sociétés françaises pour le Canada. «Nos neuf espaces qui servent d'incubateurs affichent complet cette année. On songe même sérieusement à déménager afin de doubler la superficie de notre centre d'affaires», souligne Véronique Loiseau. Dire qu'il y a 10 ans, ces bureaux peinaient à trouver un seul occupant...
La CCFC, fondée en 1886, est l'une des plus anciennes chambres de commerce internationales françaises. «Il s'agit de la doyenne des chambres hors du continent européen», insiste Véronique Loiseau. Loin d'être un cercle réservé aux sociétés françaises, l'organisme est constitué à 75 % de membres issus d'entreprises canadiennes, principalement des firmes d'avocats, de fiscalistes et de comptables qui aident les PME françaises à s'installer au pays. La Chambre est également présente à Toronto et à Dieppe, au Nouveau-Brunswick. Elle compte au total 1 500 membres, dont 1 300 dans le Grand Montréal.
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L'impact du programme VIE
Autre signe qui illustre la forte attraction du Canada auprès des entreprises de l'Hexagone : le succès que remporte le programme Volontariat International en Entreprise (VIE). Mis en place par le gouvernement français en 2001 pour favoriser l'exportation des entreprises sur la scène internationale, le programme VIE compte actuellement 312 représentants au Canada, dont plus de 240 à Montréal. Ces professionnels travaillent pour 172 entreprises qui souhaitent établir une filiale au pays. «Le nombre de représentants VIE au Canada a bondi de 42 % en un an», fait savoir Kévin Courtin, coordonnateur du programme au Québec.
Le Canada est d'ailleurs la 6e nation la plus attrayante au sein de cette initiative qui regroupe plus de 8 330 participants dans le monde. L'Allemagne et les États-Unis demeurent les vedettes, avec plus de 900 représentants chacun.
Les entreprises françaises qui veulent développer des filiales au Canada reçoivent, pour chaque offre, de 150 à 200 CV de candidats prêts à traverser l'Atlantique, selon Kévin Courtin. «Le Québec demeure le port d'entrée naturel des entreprises françaises en Amérique du Nord, qui aiment pouvoir mener les discussions d'affaires en français.»
Autre motivation pour s'installer au Québec : réduire les désavantages du décalage horaire avec leurs clients nord-américains. C'est le cas de Bassetti, une jeune entreprise spécialisée en logiciels de gestion de données techniques et scientifiques (Teexma), qui souhaite profiter du programme VIE pour établir une agence à Montréal. «En France, on compte déjà parmi nos clients Safran, Airbus, Thales Alenia Space, des sociétés françaises également présentes à Montréal et ses environs», explique Rémi Guidolin, responsable du développement de Bassetti Canada depuis avril dernier. Toujours en attente d'un premier contrat en sol québécois, l'entreprise fondée à Grenoble il y a six ans est aussi présente en Allemagne et en Chine. Bassetti, qui génère un chiffre d'affaires annuel de 4 millions d'euros (5,6 millions de dollars), enregistre des hausses de revenus de 30 % par année.
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Jeunes professionnels ciblés
Tout en favorisant le développement des entreprises françaises sur la scène internationale, ce programme encourage l'embauche de professionnels âgés de moins de 28 ans et nés dans un pays de l'Union européenne. Ces candidats bénéficient d'une période variant de 6 à 24 mois pour prendre pied dans la zone ciblée. Plus des deux tiers (66 %) des entreprises qui ont recours à ce programme sont des PME, souligne Kévin Courtin.
Actiplay, une société de jeu de marketing en ligne, bénéficie elle aussi du programme VIE. Caroline Dumortier est à Montréal depuis mars dernier pour développer une filiale au pays. L'entreprise française a déjà exécuté un contrat en septembre, et quatre autres figurent au calendrier de janvier 2015. La société, qui génère plus de 17,5 M€ (25 M$) est d'ailleurs sur le mode de l'embauche et cherche à recruter deux informaticiens. «Sous peu, nous aurons également besoin d'un spécialiste en marketing commercial», soulève Caroline Dumortier.
Enfin, l'attractivité fiscale du Québec n'est pas pour déplaire aux entreprises françaises qui souhaitent conquérir l'Amérique du Nord, particulièrement les sociétés du secteur des TIC. Le gouvernement québécois a en effet mis en place un certain nombre de programmes fiscaux pour les entreprises de ce secteur, notamment des crédits d'impôt. «En choisissant le Canada, concède Kévin Courtin, les entreprises des TIC françaises ont accès à une main-d'oeuvre qualifiée, moins chère qu'au pays de l'oncle Sam.»
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