Lorsqu'on lui demande quelle est la proposition économique de son programme qui lui tient le plus à coeur, le candidat à la chefferie du Parti québécois, Pierre Céré, n'hésite pas : la transformation des matières premières.
À lire aussi:
Martine Ouellet plaide en faveur d'un développement économique «intelligent»
Pierre Karl Péladeau propose une révolution du capitalisme nord-américain
Bernard Drainville rêve de faire du Québec une économie verte
«Nos régions ressources affichent des taux de chômage élevés, et elles sont pourtant souvent riches en matières premières qu'on ne transforme pas», dit-il d'entrée de jeu.
Il cite une entreprise de Chibougamau qui s'est lancée dans la fabrication de poutres en bois lamellé-croisé, de même que les activités de cellulose de Tembec, pour illustrer le fait que la transformation secondaire n'est pas une lubie. «Le Québec a une économie du savoir en pleine ébullition. C'est fabuleux le savoir qu'on est en train de développer», souligne Pierre Céré.
Il va jusqu'à avancer qu'avant d'octroyer un permis d'exploitation à une société minière, «il doit être clair qu'une partie de la matière première devra être transformée en région».
Danger. Faute de compétences particulières en transformation (et d'investisseurs prêts à courir un risque tout autre), les sociétés minières ne vont-elles pas plutôt privilégier d'autres projets d'extraction ailleurs dans le monde ?
Pierre Céré ne le croit pas. «On vit dans un monde extrêmement compétitif. Une partie importante de l'exploration minière se fait au Canada. Nous sommes riches en ressources. Ce n'est pas la fin du monde de demander une participation pour la transformation. Tout ça peut d'ailleurs se négocier. On vit dans un monde d'entendement où on peut trouver des points de rencontre», réplique ce fils de mineur.
Il juge le fonctionnement du système actuel parfois illogique. Il donne l'exemple d'un sac en papier qu'il a récemment eu sous la main. «C'était indiqué : "Fabriqué aux États-Unis, assemblé au Mexique". Le bois est parti du Canada, a été transformé en pâte aux États-Unis, et le sac s'est fait au Mexique !»
Le candidat à la chefferie du PQ reconnaît cependant que sa politique demandera vraisemblablement d'importants investissements d'accompagnement de l'État. Il croit néanmoins que ces investissements seront compensés par les emplois qui seront créés.
À lire aussi:
Martine Ouellet plaide en faveur d'un développement économique «intelligent»
Pierre Karl Péladeau propose une révolution du capitalisme nord-américain
Bernard Drainville rêve de faire du Québec une économie verte
L'électrification et le pétrole
Comme plusieurs au Parti québécois, Pierre Céré fait aussi de l'électrification des transports une pierre angulaire de son programme. Il veut réduire notre dépendance au pétrole.
Sa position sur les enjeux pétroliers au Québec est cependant nuancée. Il est contre l'exploitation à Anticosti, parce que, juge-t-il, les méthodes d'extraction du pétrole de schiste mettent à risque la nappe phréatique. Il n'a pas d'objection de principe à l'extraction pétrolière en Gaspésie, parce qu'elle semble devoir se faire de façon plus traditionnelle.
Étendre le travail partagé
Coordonnateur du Comité chômage de Montréal, et résolument de gauche, M. Céré souhaite aussi stimuler la création d'emplois en mettant en place des politiques de conciliation travail-famille par la réduction du temps de travail.
«Si trois employés ayant des rôles similaires veulent diminuer de 25 % leur charge de travail pour être davantage avec leur famille, on pourrait créer un poste de remplacement et permettre le retour au travail d'une personne en chômage de longue durée», illustre-t-il.
Évidemment, poursuit Pierre Céré, cela occasionnerait sans doute plus de paperasse pour les entreprises et demanderait de la formation, mais les employeurs pourraient être dédommagés par un crédit d'impôt.
La question référendaire
Sur la question référendaire, sa stratégie diffère de la plupart de celles avancées jusqu'à maintenant. Si le PQ devait remporter la prochaine élection, il considérerait que la population lui a donné le mandat d'engager des discussions sur la souveraineté pendant un an. Par la suite, une entente négociée serait soumise par référendum à la population. Si le fédéral refuse de négocier, il tiendrait, après un an, un référendum sur la souveraineté du Québec.
M. Céré dit ne pas trop s'inquiéter de la capacité financière de la province à maintenir ses programmes sociaux dans leur état actuel. «Nous sommes dans une zone de l'Amérique où les choses se font tranquillement. Je n'appréhende pas de grandes turbulences.»
À lire aussi:
Martine Ouellet plaide en faveur d'un développement économique «intelligent»
Pierre Karl Péladeau propose une révolution du capitalisme nord-américain
Bernard Drainville rêve de faire du Québec une économie verte