L'ancien maire de Laval, Gilles Vaillancourt, et deux de ses anciens bras droits à l'hôtel de ville doivent être accusés de gangstérisme au palais de justice de Laval, jeudi après-midi.
Une des deux accusations contre M. Vaillancourt est passible d'une peine de prison à vie.
L'acte d'accusation précise que M. Vaillancourt, l'ancien directeur général Claude Asselin et l'ancien directeur des services d'ingénierie, Claude Deguise, auraient commis des actes criminels entre 2002 et 2010 au profit, sous la direction ou encore en association avec une organisation criminelle.
À l'Unité permanente anticorruption (UPAC), le commissaire Robert Lafrenière a précisé que le système mis en place permettait de déposer des accusations de gangstérisme en vertu de l'article 467.12 du Code criminel, soit de commettre une infraction au profit d'une organisation criminelle et de charger une personne de le faire.
Gilles Vaillancourt est aussi accusé en vertu de l'article 467.13 qui cible une personne faisant partie d'une organisation criminelle sciemment chargée, directement ou indirectement, de commettre une infraction au Code criminel. Ce chef d'accusation est le plus lourd à avoir été déposé dans cette opération de l'UPAC.
L'Unité permanente anticorruption a frappé tôt jeudi matin, visant 37 personnes, parmi lesquelles figurent aussi l'homme d'affaires Antonio Accurso et l'ingénieur de la firme Dessau Rosaire Sauriol.
Le commissaire à la lutte contre la corruption, M. Lafrenière, a précisé que cette opération avait pour objectif de mettre un terme à un système de corruption et de collusion dans l'octroi de contrats publics à Laval. Trois groupes distincts _ des entrepreneurs et ingénieurs, des facilitateurs (avocats, notaires et un commerçant) et le triumvirat lavallois _ ont été ciblés.
Le maire Vaillancourt a démissionné de son poste en novembre 2012 sous des allégations de malversations, après 23 ans. Claude Asselin a pris sa retraite en 2006 après 17 ans comme directeur général de Laval. Après son départ, il est devenu vice-président de la firme Dessau.
Claude Deguise a quitté en 2008 après 11 ans comme directeur général du service de l'ingénierie de Laval. Une indemnisation de départ de 180 000 $ lui avait été versée.
Cette vaste opération du service des enquêtes de l'UPAC a permis de déposer une liasse d'accusations dont celles de fraude, fraude envers le gouvernement, complot, abus de confiance, corruption dans les affaires municipales, recyclage des produits de la criminalité et gangstérisme.
Les autres personnes faisant face à des accusations sont: Robert Talbot, Pierre L. Lambert, Jean Bertrand, Jean Gauthier, Guy Vaillancourt, Serge Duplessis, Laval Gagnon, Yanick Bouchard, François Perreault, Alain Filiatreault, Jocelyn Dufresne, Valmont Nadon, Joseph Molluso, Ronnie Mergl, Anthony Mergl, Marc Lefrançois, Giuliano Giuliani, Patrick Lavallée, Louis Farley, Guy Jobin, Robert Cloutier, Mike Mergl, Guy Desjardins, Claude Desjardins, Lyan Lavallée, Mario Desrochers, Luc Lemay, Léonardo Moscato, Carl Ladouceur, Normand Bédard, Yves Théberge et Daniel Lavallée.
Après avoir été visé par des allégations devant la Commission Charbonneau et ciblé par l'UPAC, M. Vaillancourt a démissionné de son poste de maire de Laval le 9 novembre 2012. Né en janvier 1941, Gilles Vaillancourt, aujourd'hui âgé de 72 ans, a régné de manière incontestée sur la ville de Laval pendant 23 ans.
Au terme d'un vote secret, c'est Alexandre Duplessis qui a été choisi par les conseillers municipaux pour le remplacer, le 23 novembre 2012.
Deux hommes qui ont travaillé sous la gouverne de M. Vaillancourt, le directeur général de Laval Gaétan Turbide et son adjoint, Jean Roberge, ont été suspendus avec solde pour une durée indéterminée, le 3 mai dernier, par le nouveau maire.
Les deux hauts fonctionnaires l'avaient alors prévenu de leur prochaine comparution devant la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction. Considérant que leurs témoignages pourraient faire des vagues ou troubler la "sérénité" des activités du comité exécutif, le maire Duplessis avait jugé la suspension des deux fonctionnaires salutaire.