Pour se hisser au sein du cercle des régions vedettes qui attirent la clientèle d'affaires et les grands événements associatifs, les trois principales adresses de villégiature de la MRC de Maskinongé, en Mauricie, ont décidé de s'asseoir à une même table.
«Rarement ces hôteliers, habitués de faire cavalier seul, ont accepté de partager leurs bilans, leurs chiffres ainsi que leurs trucs et conseils pour accentuer le développement du tourisme d'affaires dans la région», souligne Pascale Plante, directrice de la promotion touristique de la MRC de Maskinongé.
Un des premiers pas de cette initiative d'équipe qui réunit l'Auberge Le Baluchon, à Saint-Paulin, l'Hôtel Sacacomie et l'Auberge Lac-à-l'Eau-Claire de Saint-Alexis-des-Monts : l'adhésion de la MRC de Maskinongé au sein de l'Association des bureaux de congrès du Québec (ABCQ) en 2013. La région est ainsi devenue la 30e destination à rejoindre les rangs de ce regroupement qui dispose de listes, de relations et de programmations de quelque centaine de planificateurs d'événements d'affaires au Québec. La région est la première destination de congrès en milieu strictement de villégiature. Aucun établissement de cette région ne se trouve en milieu urbain.
Lors de leur première présence à la bourse de l'ABCQ en juin dernier (rendez-vous où les planificateurs rencontrent les 30 destinations membres de l'organisation), les trois principaux établissements hôteliers de la MRC de Maskinongé ont constaté leur manque de visibilité en tourisme d'affaires. Plus de 40 % des participants - presque un planificateur sur deux - n'avait jamais mis les pieds dans la région. «Et plusieurs d'entre eux ne connaissaient aucun de nos établissements», rapporte Pascale Plante, directrice du bureau touristique du CLD de Maskinongé.
Élargir son réseau
Pourtant, depuis déjà 1990, l'Auberge Le Baluchon, à Saint-Paulin, située à moins de 90 minutes de Montréal (120 minutes de Québec) accueille régulièrement des activités de formation et des voyages de motivation. Grâce à sa salle de banquet pour 160 convives, l'auberge reçoit également une bonne douzaine d'événements rassemblant plus d'une centaine de participants par année. Notamment des institutions financières venant planifier leur budget annuel et des organismes, tel Québec en Forme, offrant de la formation. Au total, le tourisme d'affaires représente 35 % des revenus de cette propriété qui s'étend sur plus de 26 kilomètres carrés.
Mais cela ne suffit pas aux yeux de la direction. «En raison de notre localisation centrale, on est convaincu que la clientèle d'affaires pourrait générer 500 nuitées de plus par année», soutient Patricia Brouard, directrice des ventes et du marketing à L'Auberge Le Baluchon. Un objectif qu'elle estime à portée de main avec la venue de la région au sein de l'ABCQ.
Ce réseau, indique Mme Brouard, donne accès à des clients avec lesquels l'auberge n'avait jamais communiqué. «Nous avons également accès aux calendriers des récentes activités des organisations. Autrement dit, cela nous donne un bon indice sur celles dont la rotation de destinations implique une visite en Mauricie pour les années à venir», explique Patricia Brouard.
Ironie, ce coin de pays de la Mauricie aux vastes espaces naturels fait surtout parler de lui en France, en Belgique, au Brésil... mais pas au Québec. Prenons l'exemple de l'Hôtel Sacacomie, à Saint-Alexis-des-Monts. Un visiteur sur deux qui séjourne dans cet établissement vient d'un autre pays.
«Le tourisme d'affaires en provenance du Québec représente à peine 25 % de nos revenus. On dispose pourtant de toutes les installations nécessaires pour que cette clientèle atteigne aisément 35 %, voire 40 % de notre chiffre d'affaires», fait savoir Praskovia Kourbatoff, gérante des ventes à l'Hôtel Sacacomie. L'établissement en bois rond de 109 chambres, qui surplombe le lac Sacacomie, comprend, en effet, une salle de banquet pouvant réunir jusqu'à 350 personnes. Pourtant, l'endroit accueille rarement autant de monde à la fois. «Notre capacité d'hébergement ne nous permet pas de cibler des événements de 300 personnes et plus», reconnaît Pascale Plante.
Stratégies d'équipe
La solution : s'allier à un autre établissement pour augmenter la capacité. Malgré les 25 kilomètres de distance qui les séparent, l'Hôtel Sacacomie et l'Auberge Lac-à-l'Eau-Claire ont déjà collaboré à quelques reprises pour accueillir des congrès d'au moins 300 personnes, notamment un congrès annuel d'une association provinciale du secteur de la construction en 2011. Un service de navette servait à transporter les participants entre les deux établissements.
«Notre nouveau partenariat avec l'ABCQ devrait sans doute générer d'autres belles collaborations avec l'Hôtel Sacacomie», estime Marie-Ève Pronovost, directrice des ventes à l'Auberge Lac-à-l'Eau-Claire. Bien qu'elles soient encore timides, les discussions sont ouvertes pour élaborer justement d'éventuelles stratégies d'équipe permettant d'attirer davantage ce type d'événement.
En attendant la venue de congrès de 300 personnes et plus dans la région, l'établissement, qui compte 157 chambres réparties en auberge, pavillons, condos et chalets, entend, lui aussi, augmenter ses parts de marché en tourisme d'affaires.
La clientèle mord à l'hameçon
Pour séduire cette clientèle qui bénéficie d'un vaste choix de destinations dans la province, la direction de l'Auberge Lac-à-l'Eau-Claire investit chaque année plus de 300 000 $ dans ses infrastructures. D'ici la fin du printemps 2014, un investissement majeur de 1,5 million de dollars est prévu pour ajouter un ascenseur au bâtiment principal, rafraîchir les 23 chambres de l'immeuble et installer des téléviseurs à écran plat. Des balcons seront également annexés à une douzaine de chambres qui font face au lac.
«Cette clientèle représente 25 % de nos revenus. On espère que notre présence à l'ABCQ fera grimper cette clientèle d'au moins 5 % d'ici 2015», précise Marie-Ève Pronovost. Un de ses atouts : l'auberge est l'un des rares établissements de la province disposant d'une infrastructure pour accueillir des congrès à proposer une activité de pêche organisée pour ses convives. «Depuis trois ans, une dizaine d'entreprises, à la recherche d'une activité originale, ont troqué bâtons et voiturette de golf pour la canne à pêche et le bateau à moteur», souligne Mme Pronovost. L'activité comprend l'embarcation pour trois personnes, le moteur avec essence, un équipement de pêche par embarcation, les permis et le lunch sur la plage.
Des tours cellulaires pour rester branché
D'autres acteurs de la région pourraient se joindre au nouveau partenariat congrès de la MRC Maskinongé. La station touristique Floribell, à Saint-Élie-de-Caxton (patrie de Fred Pellerin), dispose de salles pouvant recevoir jusqu'à 130 personnes. La Pourvoirie du Lac Blanc, la seule pourvoirie membre du réseau Hôtellerie Champêtre, qui compte 13 chambres en auberge et 12 chalets de 4 chambres, peut recevoir, pour sa part, les petits groupes d'au plus 40 personnes. Pour le moment, dit Pascale Plante, ces endroits attendent de voir les premières retombées du partenariat avant de s'engager.
Enfin, autre facteur important pour attirer davantage la clientèle d'affaires, la MRC de Maskinongé bénéficie depuis deux ans de nouvelles tours cellulaires qui permettent aux abonnés de Bell et de Telus de demeurer branchés. «Grâce à notre tour installée sur le site en 2012, les réservations de notre clientèle d'affaires ont augmenté d'au moins 10 %», fait savoir Patricia Brouard, porte-parole de l'Auberge Le Baluchon. Et pour les abonnés Rogers ? Le signal est faible, voire carrément inexistant.