Produits du terroir, huiles d'olive raffinées, pains de grains entiers, viandes de gibier, chocolat noir à 72 % de cacao, sushis : les goûts alimentaires d'un grand nombre de Québécois changent et cela se reflète dans leur panier d'épicerie.
Les exigences des consommateurs, notamment pour des aliments d'artisans régionaux, meilleurs pour la santé, nutritifs ou provenant d'autres pays amènent les entreprises à renouveler leur offre.
" L'éventail des produits alimentaires s'est nettement élargi ", note Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement Desjardins et auteure d'une étude sur la transformation alimentaire au Québec.
Ainsi, les carnivores ne se contentent plus seulement de manger du boeuf ou du porc. L'agneau, de même que les viandes de gibier comme le cerf et le wapiti, sont désormais au menu, tant à la maison qu'au restaurant. Ils achètent davantage de riz de spécialité (arborio), de nouveaux grains (quinoa, bulgur) et sont plus friands de nouvelles épices et condiments (harissa, sambal oelek, piment d'Espelette ou chipotle).
Les produits " sans "
La tendance est aussi aux produits naturels et aux aliments " sans " ou " réduit en ", visant surtout le sucre, le gras, le sel ou les agents de conservation. Ainsi, 74 % des Québécois affirment faire de meilleurs choix santé maintenant qu'il y a trois ans, selon un sondage Angus Reid réalisé en ligne le mois dernier. Dans l'ensemble du pays, les gens disent consommer plus d'aliments frais (42 %) et avoir réduit leur consommation de sodium (38 %) et de gras (36 %).
" Il y a une plus grande préoccupation des consommateurs de manger santé et de connaître l'origine des produits ", constate Sylvie Cloutier, pdg du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC).
Dans la même veine, la demande pour les produits biologiques est aussi en hausse, qui trouvent ainsi une place accrue dans les grandes chaînes d'alimentation. " Les préférences des consommateurs pour des produits bios ont modifié la gamme des produits offerts par les transformateurs ", souligne Mme Noreau.
Le souci de l'environnement se traduit aussi par l'emballage. " Il y a une plus grande demande pour des produits recyclables ou biodégradables ", précise Brigitte Jalbert, vice-présidente de Carrousel. La PME de Boucherville, spécialisée dans la distribution et la fabrication de produits d'emballage alimentaires et industriels, a conçu des sacs à pain composés de papier recyclé et d'une fenêtre en amidon de maïs biodégradable, utilisés notamment par les boulangeries Première Moisson, Au Pain Doré et Maison Cousin.
Les mets sans allergène sont aussi d'actualité. On voit sur le marché un nombre croissant d'aliments, de mets préparés ou de chocolats, souvent exempts d'arachides, de gluten ou de lactose.
Une entrepreneure de l'Estrie, Élisabeth Dupont, a d'ailleurs fondé en 2005 la Maison Cannelle qui se spécialise dans la préparation de produits et de plats cuisinés sans gluten. Une occasion d'affaires d'autant plus propice que la plupart des produits sans gluten vendus au Québec sont importés de l'ouest du pays ou des États-Unis.
Le phénomène des produits fonctionnels et nutraceutiques prend aussi de l'ampleur. Celui qui n'a pas encore entendu parler d'aliments enrichis d'oméga-3 ou de probiotiques ces dernières années habite assurément sur une autre planète !
Le mode de vie a aussi modifié le choix des consommateurs. Au cours des dernières années, " le nombre de repas prêts-à-manger et prêts-à-cuire ont pris une part croissante dans les emplettes des acheteurs, mais également sur la superficie qu'ils occupent dans les épiceries ", dit Joëlle Noreau, en précisant que cette tendance se poursuivra.
75 % Pourcentage des Québécois qui estiment important de connaître la provenance des aliments qu'ils consomment, selon un sondage Ipsos-Reid.