Avec leur abondance de lacs, de rivières et de montagnes, les Laurentides arrivent au troisième rang des régions préférées pour l'organisation d'événements d'affaires au Québec, derrière Montréal et Québec, selon un sondage mené à l'automne 2013 par Clientis auprès de 1 940 planificateurs et organisateurs d'événements.
«Cela fait des Laurentides la région de villégiature numéro un au Québec», signale Béatrice Javaudin, présidente de Clientis. La firme de consultants en développement des affaires s'intéresse de près au marché des réunions et congrès. Ce territoire, explique-t-elle, en plus de se trouver à proximité du Grand Montréal, présente l'avantage d'offrir une diversité de produits hôteliers et une panoplie d'activités propres à répondre aux besoins d'un grand nombre d'organisateurs d'événements.
Une arme à double tranchant, selon la direction de Tourisme Laurentides, qui croit aussi que l'image festive dégagée par la villégiature pourrait nuire à la mise en marché de ses produits réunion-congrès. En effet, la région a perdu récemment des acteurs majeurs dans ce secteur. Des institutions comme La Sapinière, à Val-David, L'Eau à la bouche, à Sainte-Adèle, et l'hôtel du lac Carling, près de Lachute, ont fermé leurs portes après des années d'exploitation.
Certes, ces endroits avaient besoin d'être modernisés. Mais Tourisme Laurentides y voit une alerte qui l'a incitée à rectifier le tir. «Depuis trois ans, nous privilégions une stratégie de "combinaison parfaite" avec nos partenaires plutôt que d'utiliser le mot "villégiature"», dit Hélène Prud'homme, coordonnatrice du tourisme d'affaires pour Tourisme Laurentides.
Invitations ciblées
Tout en mettant en avant ses produits hôteliers, la région vante ses nombreuses activités liées aux attraits naturels, notamment le domaine du vignoble Rivière du Chêne et le parc du Bois de Belle-Rivière, deux sites qui disposent d'installations pour recevoir des groupes le jour.
«Tous ces acteurs sont d'ailleurs invités à faire partie de notre Club affaires Laurentides, qui vise à augmenter et à assurer la visibilité de la région auprès de la clientèle d'affaires», souligne Hélène Prud'homme.
En échange d'une cotisation, qui varie de quelques centaines de dollars à 3 000 $ selon les services offerts, les membres de ce club peuvent participent à diverses activités promotionnelles. Ils peuvent aussi bénéficier d'un service d'aide pour organiser une tournée de familiarisation de leurs installations.
L'Estérel, qui a investi 200 millions de dollars au cours des deux dernières années pour métamorphoser son produit, envoie des dizaines d'invitations par année à des planificateurs pour des week-ends et des brunchs du dimanche en famille. «Plus de la moitié de ces invités, préalablement ciblés, vont sélectionner notre établissement à la suite de leur visite pour y organiser leur événement», signale Line Latour, directrice des ventes.
Depuis sa réouverture il y a trois ans, l'hôtel réalise plus de 65 % de ses revenus grâce au tourisme d'affaires. L'établissement, qui propose 200 suites au design urbain, un spa, un golf et un accès privilégié au lac, a rapidement séduit les organisateurs d'événements d'affaires : planifications stratégiques, congrès, sessions de formation. De plus en plus, les lancements de produits y ont la cote. Elle en accueille au moins une quinzaine par année, précise Line Latour.
Tremblant, un pôle incontournable
Tremblant et ses quelque 2 000 unités locatives constituent l'autre pôle majeur des Laurentides pour le tourisme d'affaires.
Ce village de montagne créé de toutes pièces par Intrawest continue d'avoir la cote auprès des planificateurs d'assemblées annuelles, de réunions de vente, de galas de reconnaissance, de sessions de formation, sans oublier les congrès. Il faut dire que l'endroit dispose de deux centres de congrès totalisant plus de 10 000 pi2. L'hôtel Fairmont, qui compte plus de 22 000 pi2, offre même une salle de banquet pouvant accueillir jusqu'à 900 convives.
Ces infrastructures contribuent au positionnement du tourisme d'affaires qui compte pour près de 30 % des revenus de la destination.
«Le secteur souhaite néanmoins d'augmenter cette part de marché d'ici trois ans. Mais il serait trop hasardeux d'avancer un chiffre pour le moment», indique Annik LaRoche Bradford, chef marketing à l'Association de villégiature Tremblant (AVT).
Un important travail d'équipe s'articule en ce moment au pied de la montagne et dans ses environs. Finies les innombrables associations de restaurateurs, d'hôteliers et de partenaires travaillant chacune dans leur coin... Tout passe désormais par l'AVT.
Une déléguée commerciale vient d'ailleurs d'être embauchée par l'organisme afin de mieux conseiller la clientèle d'affaires sur l'ensemble de l'offre de la destination.
L'Association espère également développer davantage le marché torontois, qui représente déjà le tiers de sa clientèle d'affaires. De nouvelles liaisons devraient justement être annoncées entre l'Aéroport international de Mont-Tremblant et Toronto.
«Ce lien aérien, déjà existant, constitue un facteur qui motive plusieurs entreprises de Montréal ayant des bureaux à Toronto à favoriser la destination de Tremblant pour rassembler leurs employés dans un cadre de villégiature», note Annik LaRoche Bradford. Elle ajoute que d'autres liens aériens avec d'autres villes d'affaires figurent aussi dans les plans de la région, sans toutefois vouloir les nommer.
Accessible et spacieux
Pour plusieurs organisateurs d'événements, le charme des Laurentides réside dans l'accessibilité, la proximité de Montréal et l'espace de réunion qu'offre ce territoire. Des critères auquel répond le Manoir Saint-Sauveur depuis 25 ans. «Beaucoup d'associations professionnelles reviennent régulièrement chez nous parce que nous disposons de deux salles de bal, dont une se prête très bien aux expositions», rapporte Lyne Poulin, vice-présidente des ventes.
En tout, l'hôtel de 250 chambres propose 23 000 pi2 d'espaces de réunion et de congrès répartis dans 23 salles. Ce qui en fait le plus grand centre de congrès des Laurentides.
Rénové au coût de 8 M$ au cours de la dernière année, le Manoir Saint-Sauveur s'est assuré de rester l'un des hôtels favoris des organisateurs d'événements de toute taille. Depuis son ouverture, le tourisme d'affaires représente 50 % des revenus de l'établissement.
Enfin, avis aux détracteurs soutenant que les réunions coûtent plus cher en villégiature qu'en ville, Lyne Poulin les invite à comparer et à tester son produit. Une importante société du milieu financier, qui a réservé l'automne dernier la totalité des 250 chambres du Manoir pendant deux jours, sera de retour en 2014.
«Ce client, explique Lyne Poulin, devait tenir son événement en ville cette année. L'organisateur a constaté que nos prix étaient beaucoup plus abordables qu'au centre-ville.»
Compte tenu des facilités de stationnement et de l'accès Internet gratuit dans les chambres, les entreprises peuvent aisément économiser jusqu'à 20 %. De quoi y réfléchir à deux fois !