Primeur. Les restrictions budgétaires au fédéral ont retardé l’arrivée des travailleurs agricoles étrangers cet été, compliquant la vie des cultivateurs. La Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre agricole étrangère (FERME) veut sensibiliser Ottawa à cette problématique afin d’éviter que les récoltes de 2013 ne soient en péril, a appris LesAffaires.com.
Dans les dernières années, le traitement d’une demande de permis de travail pouvait prendre 8 semaines, raconte René Mantha, directeur général de la FERME. Désormais, il faut prévoir 16 semaines. « On a perdu en flexibilité, déplore-t-il. Le gouvernement fédéral a réduit ses effectifs. Il y a moins de gens qui travaillent sur les dossiers d’immigration. En plus, il demande plus de papiers et plus de vérifications.»
Les cultivateurs aimeraient cependant avoir plus de flexibilité pour composer avec les aléas de mère Nature. « C’est très difficile à gérer, admet André Plante, directeur général de l'Association des jardiniers maraîchers du Québec (AJMQ). On doit estimer le moment où débuteront les récoltes. Les producteurs ne peuvent pas faire venir les travailleurs trop tôt, car ils ne peuvent pas les payer sans qu’il n’y ait de travail à accomplir. »
Avant les restrictions, les producteurs pouvaient devancer ou retarder l’arrivée des travailleurs, se souvient René Mantha. « Auparavant, l’employeur pouvait nous demander d’avoir les travailleurs le 15 juin. Mais, les travailleurs pouvaient arriver le 5 juin ou le 25 juin, selon les facteurs climatiques. Là, je dois vous dire qu’ils sont arrivés vers le 15 ou 20 juin cet été, même si la saison a commencé plus tôt.»
« Je ne peux pas blâmer les fonctionnaires, ajoute M. Mantha. Ils sont moins nombreux et les demandes augmentent. On leur demande plus de vérifications, plus de ci et plus de ça. En fin de compte, ça créer des délais. »
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Pour la FERME, le recrutement de travailleurs étrangers a été particulièrement difficile au Guatemala, pays avec lequel le Canada n’a pas d’entente commerciale comme avec le Mexique. Les Guatémaltèques représentent 50% des 7 500 étrangers qui travailleront dans les champs cette année.
Le travail des cultivateurs s’en trouve compliqué en début de saison. Le printemps chaud a devancé l’arrivée des fraises. Les populaires fruits étaient prêts deux semaines plus tôt que prévu, raconte André Plante.
Heureusement, le pire a été évité cette année, rassure M. Plante. « Je n’ai pas eu vent de cas catastrophique. On a évité les pertes matérielles. »
Interpeller Ottawa
M. Mantha veut interpeller Ottawa pour éviter que des pertes surviennent l’année suivante, mais il laisse entendre que le gouvernement ne lui prête pas une oreille attentive. Le programme est géré conjointement par le ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences (RHDCC) et le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration (CIC).
M. Mantha a tenté de joindre la ministre des Ressources humaines, Diane Finley. «On nous a dit que son agenda était très chargé, affirme-t-il. Nous avons l’intention de revenir à la charge avec l’aide du Conseil du patronat du Québec d’ici la fin de l’été.
Du côté du cabinet de la ministre, on ne se souvient pas de l’appel de M. Mantha. Le personnel tente de trouver des notes liées à la communication avant de commenter, répond Amélie Villeneuve, porte-parole du RHDCC.
Mme Villeneuve devait nous transmettre la réponse des deux ministères impliqués dans le dossier. Du côté du RHDCC, on indique que les demandes d’ouverture de dossier au Québec sont traitées rapidement dans un délai de 48 heures à 5 jours. Pour le CIC, qui est responsable de délivrer les permis de travail des étrangers, Mme Villeneuve n’a pas été en mesure de nous transmettre une réponse au moment de mettre sous presse.