Détection d'agents bioaérosols, mires thermiques ultralégères, modulateur de phase de faisceaux laser... L'Institut national d'optique (INO) met au service des Forces armées canadiennes et de leurs fournisseurs un savoir-faire à la fine pointe de la technologie.
Depuis six ans, l'INO a un programme officiellement consacré au secteur défense et sécurité, mais son expertise dans le domaine remonte à beaucoup plus loin.
«Comme nous avions, depuis plusieurs années, des contrats dans ce domaine, il nous a semblé logique d'en faire un programme officiel, afin de rassembler nos activités dans un ensemble cohérent», explique Alain Bergeron, gestionnaire, Groupe Système Optronique..
L'INO collabore directement avec la Défense nationale, notamment Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC), de Valcartier, ou avec des fournisseurs privés des secteurs de la défense et de la sécurité. Elle peut aussi collaborer avec les armées et les fournisseurs de pays alliés.
Il s'agit toujours de mettre le savoir-faire de l'INO en optique et photonique au service des clients, comme l'organisation le fait déjà dans plusieurs autres secteurs, dont ceux de l'aéronautique, des communications et biomédical.
Des applications commerciales
Travailler avec le secteur de la défense est délicat, admet Jean-François Cormier, gestionnaire, Groupe Télédétection.
«Ce sont des clients très exigeants, et leurs demandes posent des défis importants sur le plan du design, note-t-il. Les produits doivent être robustes, légers et pouvoir être déployés dans des conditions difficiles, comme des températures extrêmes, tout en étant compatibles avec les autres systèmes dont disposent les Forces armées. Il faut donc faire preuve de réalisme, tout en innovant.»
L'INO compte plusieurs réalisations à son actif, dont certaines ont eu des applications commerciales surprenantes. C'est le cas d'un illuminateur laser, développé conjointement avec RDDC Valcartier, qui sert à observer une zone de manière furtive à l'aide d'un faisceau de lumière proche de l'infrarouge. La technologie permet de voir à travers la pluie ou la neige et d'intensifier l'image.
Commercialisé par l'entreprise québécoise Obzerv, ce dispositif sert notamment à la lutte contre le piratage et à la surveillance des frontières. La source laser à haute puissance à la base de cet appareil est désormais utilisée dans la fabrication d'épilateurs au laser, une retombée commerciale intéressante, bien qu'inattendue.
«Défense Canada nous demande toujours de préciser si la technologie qu'on développe pourra avoir des applications commerciales dans le civil, précise Alain Bergeron. Ils sont attentifs à cela.»
Une demande constante
Au fil des ans, d'autres réalisations se sont ajoutées au portfolio de l'INO, tel le SR-BioSpectra.
Ce détecteur à courte portée de bioaérosols dangereux a été mis au point dans le cadre de l'Initiative de recherche et de technologie chimique, biologique, radionucléaire et sur les explosifs de la Défense nationale. Doté d'une technologie de détection par fluorescence induite par laser, cet appareil peut être utilisé en cas de dispersion atmosphérique d'agents biologiques à l'intérieur (métro, université, etc.) ou à l'extérieur. Une base de données lui permet de classer les bioaérosols et de distinguer ceux qui sont naturels et inoffensifs de ceux qui posent un danger.
«Après l'attentat au World Trade Center en 2001, il y a eu une hausse de la demande de ce type d'application liée à la sécurité des personnes et du territoire», note M. Bergeron.
Les coupes dans les budgets de défense de plusieurs pays occidentaux ont peu touché l'INO. «Il faut dire que nous sommes vraiment en amont, précise Alain Bergeron. Nous développons de nouvelles technologies, et les budgets pour y arriver n'ont aucune commune mesure avec ceux destinés à l'achat de matériel, comme des avions.»