Originaire du Maroc, Zacharia Ouardirhi est arrivé au Québec en 1991. Âgé de 18 ans, il venait étudier à l'École Polytechnique.
Son séjour, qui devait durer quelques années, s'est prolongé. Il a fait une maîtrise, puis un doctorat en génie électrique micro-ondes, s'est marié avec une Marocaine qu'il a rencontrée au Québec et est devenu père il y a 5 ans.
Le caractère multiculturel, la présence de nombreux centres de recherche et des professeurs ultra-compétents dans plusieurs domaines sont les atouts principaux du Québec pour attirer des étudiants étrangers.
" Le fait qu'on parle le français et l'anglais nous permet d'attirer des gens de plusieurs milieux ", dit Roger Côté, vice-recteur associé, effectifs étudiants et services aux étudiants, de l'Université Concordia.
" Même majorés pour les étudiants étrangers, les droits de scolarité québécois sont parmi les plus avantageux en Amérique du Nord ", rappelle Daniel Hébert, directeur du service des communications de l'UQAM.
À titre d'exemple, les droits de scolarité d'un étudiant étranger qui envisage de faire des études de 1er cycle au Québec varient de 12 400 à 15 000 $ par année par rapport aux États Unis, où les frais de scolarité peuvent représenter quelques dizaines de milliers de dollars par an.
La province courtise les étudiants qui proviennent de plus de 180 pays. La France, les États-Unis et la Chine fournissent la moitié des effectifs internationaux des universités du Québec.
Anthony Lecossois est l'un des 7 000 étudiants français qui ont choisi le Québec. " J'avais envie de sortir de l'Europe et je voulais perfectionner mon anglais. Je connaissais la réputation de McGill et j'avais entendu parler de l'accord entre les gouvernements québécois et français qui permet aux Français de payer les mêmes droits de scolarité que les Québécois ", dit le jeune homme de 22 ans, qui étudie la gestion à la Faculté de gestion Desautels.
Ce que les uns appellent la fuite des cerveaux est une richesse extraordinaire pour le Québec. Lorsqu'ils décident de rester après leurs études, soit pour travailler dans une entreprise soit pour ouvrir un commerce, les étudiants étrangers constituent un atout majeur pour l'économie de la province. Toutefois, même s'ils choisissent de retourner dans leur pays d'origine, l'éventualité qu'ils gardent contact avec les entreprises d'ici pour conclure des affaires les rend tout aussi précieux.
À elles seules, les dépenses de subsistance des étudiants étrangers ont été estimées à environ 575,6 millions de dollars, en 2006, par le Département des études économiques de Desjardins. " L'impact de ces dépenses est une valeur ajoutée de 325,7 millions de dollars. Elles ont aussi contribué à créer environ 4 884 emplois au Québec en 2006 ", résume Yves St-Maurice, directeur et économiste en chef adjoint, études économiques, finances, trésorerie et direction financière du Mouvement Desjardins.
Le défi de les faire rester
L'emploi est le premier défi auquel sont confronté les étudiants étrangers dans la société québécoise. " On a beau les former adéquatement dans les universités, il y a un moment où le relais doit être pris par les entreprises et la société.
Si n'on arrive pas, au Québec, à les intégrer assez rapidement sur le marché du travail, ils partiront ailleurs ", explique Nicole Lacasse, vice-rectrice adjointe aux études et aux activités internationales à l'Université Laval.
Selon un rapport de la Conférence régionale des élus (CRÉ) de Montréal, 20 % des étudiants internationaux effectuant des études de 1er cycle universitaire s'établissent dans la métropole de manière permanente. Ce taux grimpe à 30 % chez les étudiants de 2e et 3e cycles.
Toutefois, l'intégration n'est pas facile, avoue M. Ouardirhi, âgé maintenant de 37 ans, en se souvenant que 90 % de ses collègues de promotion sont retournés dans leur pays. " Je ne peux pas dire que c'est la faute du système, c'est plutôt un manque de la part des étudiants. On parle toujours de s'intégrer au Québec. Moi, j'ai choisi de ne pas m'intégrer au Québec, mais aux Québécois, de vivre, de travailler, de rire avec ces gens. "
Même si la société québécoise est beaucoup moins hiérarchisée, elle est aussi exigeante et l'accès au marché du travail n'est pas évident pour les étudiants étrangers.
C'est pour célébrer des gens tels qu'Anthony Lecossois ou Zacharia Ouardirhi et les inciter à faire carrière au Québec que le milieu universitaire, la communauté des affaires et de la Ville de Montréal viennent d'organiser la première édition du Rendez-vous du savoir à Montréal, où près de 2 000 étudiants internationaux ont participé à une grande fête d'accueil.