L’exploitation de l’eau reste un sujet tabou au Québec. C’est pourquoi Les Affaires, en collaboration avec divers partenaires, présente le Forum québécois sur l’eau les 25 et 26 octobre prochains à Montréal.
Au menu, un débat sur la gestion de l’eau et son exploitation durable. En préambule, nous vous proposons une série d’articles pour résumer les enjeux.
Alors que le gouvernement et les écologistes excluent l’exportation d’eau, des ingénieurs et l’Institut économique de Montréal proposent d’en vendre en vrac.
Les Affaires - Doit-on exporter notre eau vers les régions du monde qui en ont besoin ?
Pierre Gingras, ingénieur à la retraite. Il a conçu pour l'Institut économique de Montréal un projet de diversion de trois rivières de la baie James vers les Grands Lacs. - Tous les êtres vivant en dehors de la mer dépendent de l'eau douce libre, qui représente moins de 1 % de l'eau de notre planète. Il est inacceptable de rejeter l'eau douce à la mer. C'est un devoir humanitaire de fournir cette eau à ceux qui en ont besoin. Malheureusement, les plus nécessiteux ne sont pas ceux qui sont géographiquement et économiquement les plus faciles à servir. Remplir un pétrolier pour le trajet de retour de 250 000 tonnes d'eau ne représenterait pas plus de 1 % de l'eau qui coule de la rivière aux Outardes pendant cinq à sept heures. Ne dites pas que ça aurait un impact sur l'environnement !
L.A. - Peut-on envisager de transférer de l'eau entre bassins versants canadiens ?
P.G. - Il existe une centaine de projets du genre dans le monde, dont une dizaine au Québec. La géographie et les mesures à prendre pour effectuer le transfert dans le respect de l'environnement sont décisifs, au cas par cas.
L.A. - Comment protéger les écosystèmes des bassins versants en cas de prélèvement ?
P.G. - Chaque cas doit être étudié pour définir les prélèvements acceptables pour l'environnement.
L.A. - Quelles lois les gouvernements devraient-il adopter concernant les exportations d'eau en vrac ?
P.G. - Que vaudra une loi du Québec en 2060 si les apports d'eau ont diminué de 30 % à cause des changements climatiques ? Si elles manquent d'eau, Chicago ou Toronto s'organiseront pour en avoir plus. Elles n'accepteront pas de sécher, peu importe nos lois. Le problème est de nature technique. L'approche légale serait une perte de temps.
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