L’exploitation de l’eau reste un sujet tabou au Québec. C’est pourquoi Les Affaires, en collaboration avec divers partenaires, présente le Forum québécois sur l’eau les 25 et 26 octobre prochains à Montréal.
Au menu, un débat sur la gestion de l’eau et son exploitation durable. En préambule, nous vous proposons une série d’articles pour résumer les enjeux.
Alors que le gouvernement et les écologistes excluent l’exportation d’eau, des ingénieurs et l’Institut économique de Montréal proposent d’en vendre en vrac.
Les Affaires - Doit-on exporter notre eau vers les régions du monde qui en ont besoin ?
Louise Vandelac, professeure au Département de sociologie et à l'Institut des sciences de l'environnement, Université du Québec à Montréal - Cette question sous-entend de l'exporter vers des régions du monde où les gens ont les moyens d'importer de l'eau, donc des pays relativement riches. Dans le cas du Canada, on pense à des exportations vers les États-Unis. De notre côté, il faut bien savoir qu'il n'y a pas de surplus d'eau dans un écosystème. Quand on exporte de l'eau, il y a une série d'impacts en cascade qu'on n'arrive pas encore à mesurer.
L.A. - Peut-on envisager de transférer de l'eau entre bassins versants canadiens ?
L.V. - C'est très difficile de répondre à cette question sans parler de la taille des projets et de leur raison d'être. Nous avons intérêt à être prudent par rapport à un projet comme l'eau du Nord. [Le projet proposé par Pierre Gingras et l'Institut économique de Montréal prévoit le détournement d'une certaine quantité d'eau de plusieurs rivières de la baie James vers les Grands Lacs.] Quand on examine les risques qui y sont associés, cela ne paraît pas du tout gagnant.
L.A. - Comment protéger les écosystèmes des bassins versants en cas de prélèvement ?
L.V. - Il serait extrêmement imprudent d'ouvrir un tel commerce. Le Canada est dans une position fragile à cet égard en raison de l'Accord de libre-échange nord-américain. L'article 315, notamment, spécifie que nul pays ne peut restreindre l'exportation d'une ressource une fois le commerce établi.
L.A. - Quelles lois les gouvernements devraient-ils adopter concernant les exportations d'eau en vrac ?
L.V. - Il faudrait rouvrir l'ALENA pour en exclure complètement un éventuel commerce de l'eau.
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