Reconstruire le pont Champlain, en gardant une partie de la structure, permettrait de sauver des millions, deux années de construction tout en évitant les bouchons. Transports Canada n’est pas de cet avis.
René Therrien, l’homme derrière cette idée, est un ingénieur à la retraite, qui a dix ponts majeurs à son actif, en plus d’avoir déjà été administrateur de la Société des ponts Jacques Cartier et Champlain.
La base de sa proposition tient au fait qu’on reconstruirait le pont Champlain dans son axe actuel et non pas à côté et en PPP, comme le veut le gouvernement fédéral qui compte détruire le pont.
Le gouvernement justifie notamment la destruction du pont Champlain par ses trop grandes faiblesses. «La perte de capacité localisée aux poutres extérieures n’affecte pas la sécurité de l’ouvrage», répond M. Therrien. «Elles doivent être remplacées, mais cela ne justifie pas la démolition complète du pont», clame t-il.
Dans la première étape de la proposition de l’ingénieur de 81 ans, on élargirait le pont actuel en ajoutant, de chaque côté, trois voies plus un accotement. Une fois cette phase terminée, le trafic routier serait dévié sur ces nouvelles voies et l’on pourrait alors s’attaquer à détruire et reconstruire le tablier central du pont actuel. «On garderait la structure métallique qui, selon le rapport DELCAN, est encore bonne pour 50 ans», précise M. Therrien.
Cet axe central reconfiguré accueillerait un système de train léger sur rail, ainsi que deux voies de service qui pourraient éventuellement servir à décongestionner le pont. M. Therrien garde l’idée du péage qui permettrait de régler la facture estimée à 1,1G$.
Parce qu’il juge que son option serait plus rapide et moins couteuse, il a entamé une tournée de représentation pilotée par Conseil régional de l’environnement de Montréal. Le Syndicat canadien de la fonction publique, traditionnellement opposé au PPP, lui donne son appui, de même que la député du Bloc, Maria Mourani.
Transports Canada a fait étudier la proposition de l’ingénieur par la firme Arup. La proposition de M. Therrien aussi «noble» soit-elle, contient des «lacunes majeures» conclut le rapport. On reproche en gros au concept de M. Therrien d’être «complexe», «risqué», de créer des entraves pendant les travaux tout en ne permettant pas d’offrir une option de transport sur rail dans les délais.
«Une nouvelle structure, neuve à 100% est la meilleure solution pour répondre aux besoins des utilisateurs et des résidents de la grande région de Montréal», conclut donc Transports Canada.