Du travail dès la fin des études, de meilleurs salaires, jusqu'à six mois de vacances par année et une grande aventure humaine. C'est ce que les employeurs du Nord québécois offrent pour attirer les jeunes travailleurs.
Après son baccalauréat en sciences infirmières à l'Université Laval, Dominique Vigneau ne travaillait qu'à temps partiel, sur appel, aux Îles-de-la-Madeleine, dont elle est originaire. Puis, en 2012, elle a entendu parler d'un contrat de trois semaines au dispensaire de Kawawachikamach, la communauté naskapie voisine de Schefferville. Deux jours plus tard, elle s'envolait vers la grande aventure nordique. Et après quelques semaines de travail, elle a accepté un emploi permanent.
Il faut dire que le contrat est alléchant : 20 semaines de congé annuellement, un salaire 50 % supérieur à la moyenne et le logement payé par l'employeur. De plus, l'employeur supporte les frais de déplacement pour retourner dans le «Sud», quatre fois par année pour elle et son conjoint. Toutes les huit semaines de travail, elle profite donc de cinq semaines de congé pour visiter la planète. «On n'a jamais le temps de se tanner qu'on repart en vacances», lance celle qui a voyagé au Mexique, en Italie, en Allemagne, à Hawaï, en Indonésie, au Népal et en Équateur au cours des trois dernières années !
Cela, sans compter que le travail dans le Nord est plus stimulant pour les infirmières.
«On est la première ligne. On fait l'évaluation des patients et on communique ensuite avec le médecin, qui prend des décisions à distance», explique la jeune professionnelle de 26 ans, qui assure le suivi des femmes enceintes, les suivis pédiatriques et qui s'occupe des évacuations médicales.
Emplois diversifiés
Des emplois très diversifiés s'offrent aux travailleurs qui veulent vivre une aventure enrichissante dans un environnement nordique, dit Isabelle Proulx, directrice des ressources humaines pour l'Administration régionale Kativik (ARK), le gouvernement régional qui chapeaute les 14 villages nordiques du Nunavik.
«Même si nous embauchons 60 % de notre main-d'oeuvre localement, nous recherchons plusieurs professionnels spécialisés comme des avocats, des ingénieurs, mais aussi des électriciens et des plombiers», note Mme Proulx, qui supervise l'embauche des 400 employés de l'ARK.
Air Inuit fait partie des entreprises qui recrutent pour le Nord. Les conditions de travail sont exceptionnelles, selon Alexandre Courchesne, qui a réussi à se dénicher un poste de copilote il y a deux ans. «C'est une des seules compagnies d'aviation où l'on peut travailler à partir de Montréal ou de Québec», dit-il. Une situation presque impensable pour un premier emploi. Et pas question de travailler sur appel dans les premières années. Les pilotes commencent plutôt en pilotant les King Air ou les Twin Otter, principalement à partir de Kuujjuaq, avec un horaire de 15 jours dans le Nord suivis de 13 jours de congé.
Débutant avec un salaire avoisinant les 30 000 $ annuellement, cet emploi lui permet de cumuler les heures de vol pour devenir commandant, et ainsi gravir les échelons salariaux, jusqu'à plus de 100 000 $ sur le Boeing de l'entreprise.
Les professeurs sont eux aussi très recherchés. Chaque année, la Commission scolaire Kativik doit pourvoir près de 70 postes dans les écoles du Nord du Québec.
«On cherche des professeurs qui ont une formation en anglais ou en français langue seconde, mais aussi des professeurs qui ont de l'expérience à l'étranger ou qui ont des spécialités en sciences ou en mathématiques», précise Jade Duchesneau-Bernier, chargée de relations publiques.
L'enseignant Vincent Pilotto s'est installé à Ivujivik avec sa conjointe et leur bébé de quelques mois en 2013 : «On voulait partir à l'aventure, mais on n'en avait pas les moyens. On a décidé de faire un projet en commun dans le Nord». Pour le professeur en éducation physique fraîchement diplômé, c'était aussi le moyen de «travailler à temps plein au lieu de pourrir sur les listes de suppléance».
Les primes d'éloignement et de rétention peuvent dépasser 28 000 $ pour un enseignant avec une personne à charge, note Mme Duchesneau-Bernier, sans compter les frais de transport de marchandises et trois allers-retours annuellement.
Un territoire d'aventure et de rencontres
En plus des avantages professionnels, les travailleurs choisissent de travailler dans le Nord pour profiter d'un territoire immense, d'un environnement arctique unique, mais aussi pour tisser des liens avec les Inuits, les Cris ou les Naskapis. C'est un terrain de jeu idéal pour les amateurs de plein air, de chasse et de pêche.
Même s'il existe un choc culturel à l'arrivée, le choc sera encore plus grand au retour. «La vie est relaxe dans le Nord. On profite de la vie et on n'est pas toujours à la course», note Vincent Pilotto, qui pense rester encore une année dans le Nord. De son côté, Dominique Vigneau a peur de retourner à une vie routinière, avec un boulot qui offre peu de vacances et de liberté. «Je suis très fière d'avoir pris la chance de venir ici», conclut-elle.
Travailleurs recherchés
Voici les principaux emplois recherchés : professeur, personnel médical, policier, charpentier-me- nuisier, comptable, responsable des ressources humaines, spécialiste des TIC, électricien, agent de communications, ingénieur et plus encore.